Sondage : une Justice trop clémente avec les coupables ?

« On est coupable d’être victime. » C’était il y a un an. À l’époque, Véronique Monguillot, veuve de Philippe Monguillot - un chauffeur de bus tabassé à mort à Bayonne en juillet 2020 -, venait d’assister au douloureux procès des agresseurs de son époux et se confiait à BV. Alors que son mari avait été frappé à mort pour avoir voulu contrôler un ticket, ses assaillants n’ont été condamnés qu’à treize et quinze ans pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Un verdict jugé trop clément par Véronique Monguillot. « J’ai voulu faire confiance à la Justice. […] Maintenant, je suis dégoutée. La peine prononcée n’est pas à la hauteur de ce qu’ils ont fait », dénonçait la veuve de Philippe Monguillot, en septembre 2023. Un an plus tard, une majorité de Français semblent partager son opinion sur le laxisme de la Justice. D’après un sondage CSA pour CNews, Europe 1 et Le JDD, publié ce 3 octobre, ils sont en effet 63 % à considérer que la Justice protège mieux les coupables que les victimes.

Un laxisme dénoncé dans les rangs de LFI

Le débat sur l’efficacité de la Justice et sur sa capacité à protéger les victimes, souvent évoqué, drame après drame, a été relancé après l’atroce meurtre de Philippine. Le corps de la jeune femme de 19 ans a été découvert à moitié enseveli dans le bois de Boulogne. Son meurtrier présumé, déjà condamné par le passé pour un viol, est un ressortissant marocain visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Condamné à sept ans de prison par la cour d’assises des mineurs de Pontoise en 2022, il ne passe que cinq années derrière les barreaux. Quelques jours, seulement, après sa remise en liberté, Philippine est retrouvée morte. Un meurtre dramatique qui alimente la colère de nombreux Français vis-à-vis du système judiciaire.

Aujourd’hui, plus de six Français sur dix accusent donc la Justice de pencher davantage du côté des coupables. Ils sont même 78 % chez les sympathisants du Rassemblement national et 82 % du côté des Républicains à penser que la Justice ne protège plus les victimes. Même dans les rangs de La France insoumise, plus d’un sympathisant sur deux s’inquiète du laxisme judiciaire. Il n’y a que chez Europe Écologie Les Verts que les électeurs rejettent massivement cette affirmation. Et, par ailleurs, sans grande surprise, les femmes sont plus nombreuses (66 %) à dénoncer le laxisme de la Justice que les hommes (60 %).

Des victimes désabusées

Une frustration partagée par de nombreuses familles de victimes qui ont le sentiment que la Justice n’est pas de leur côté. Outre Véronique Monguillot, qui considère que la Justice « donne une chance [aux agresseurs récidivistes de son mari] alors que [s]on époux n’a plus aucune chance », le père d’une jeune fille violée par un récidiviste, contacté par BV, partage le même constat. « Je ne crois plus en la Justice. Je suis persuadé que le coupable se fera passer pour une victime le jour du procès », s’agace-t-il. Le violeur présumé de sa fille est connu par les services de police pour des faits de nature similaire, sans avoir jusque-là été inquiété. Il a, par ailleurs, été condamné plusieurs fois sans jamais être placé derrière les barreaux. De quoi désespérer le père de la victime, qui ne croit pas que la Justice punira assez sévèrement cet individu.

Ces drames répétés, la colère des victimes et l’opinion des Français pousseront-ils le nouveau gouvernement, et notamment le nouveau ministre de la Justice, à prendre des mesures pour que, désormais, les coupables soient punis avec sévérité, que les peines infligées soient exemplaires et que la récidive soit empêchée ? Bruno Retailleau demande, quant à lui, de « renverser la table en mémoire de Philippine ». Il est plus que temps…

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