Sophie Binet, ou Marie-Chantal au pays de la lutte des classes

Capture d'écran Mediapart
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Sophie Binet, nouvelle secrétaire générale de la CGT, est un brave petit soldat du progressisme bourgeois. La preuve par cet entretien accordé au site Mediapart, fondé par Edwy Plenel, éternel trotskiste jamais repenti et ancien ayatollah du Monde, à propos de cette réforme des retraites passée en force : « La CGT interpelle l’ensemble des parlementaires, à l’exception du Rassemblement national. » Elle y confirme ainsi la bonne entente entretenue avec des « députés de droite et des députés de gauche ». Quelle ouverture d’esprit ! Mais qui, justement, se ferme au principal groupe d’opposition au gouvernement, celui du Rassemblement national, pourtant opposé à cette réforme, tel que pertinemment dénoncé par le député lepéniste Grégoire de Fournas : « On va la rejeter comment, cette réforme, madame ? »

Soyons juste, Sophie Binet débute, dans le métier. La classe ouvrière ? C’est dans les livres qu’elle en a entendu parler. Étudiante en philosophie à Nantes après un passage par la Jeunesse ouvrière chrétienne, elle suit la voie royale : UNEF, boulots alimentaires à paravent humanitaire, fonction publique puis entrée au syndicat en question. Le monde du travail, elle en parle donc de loin. Ça se défend, une telle posture permettant de prendre du recul.

Bref, c’est Marie-Chantal au pays de la lutte des classes. Une vision pour le moins irénique qui transparaît lors de déclarations opportunément rappelées par Le Huffington Post, le 15 avril dernier : « Macron n’a pas été élu pour réformer les retraites, il a été élu pour faire barrage au Rassemblement national. Et il fait tout l’inverse : avec sa politique, il ouvre un boulevard au Rassemblement national. » Certes, mais qu’est-ce qui l’obligeait à appeler à voter pour ce jeune banquier ? Au soir du 21 avril 2002, Arlette Laguiller avait au moins fait preuve de plus de retenue, en appelant justement à ne voter pour aucun des deux candidats en lice : Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Pourtant, poursuit-elle, « s’il y avait, demain, un second tour Macron-Le Pen, avec une politique de cette violence, les organisations syndicales auraient beaucoup de mal à adopter les mêmes positions que dans le passé ». Sans blague ?

Eh bien, voilà, la sagesse peut advenir à tout âge. Quoique sa dernière sortie sur ces élus du peuple lepénistes, majoritaire dans la classe ouvrière, est-il besoin de le rappeler, montre que Sophie Binet a encore bien du chemin à faire pour se montrer à la hauteur de ses augustes devanciers, tel qu’en témoigne cette sortie incongrue : « La CGT porte dans son ADN la volonté d’unité syndicale, car des syndicats et des salariés unis sont plus forts. »

Cette demoiselle a donc encore beaucoup à apprendre sur le syndicat communiste qu’elle dirige aujourd’hui. Car, historiquement, la CGT était avant tout là pour défendre les prolétaires contre le grand patronat. D’où sa défense de l’ouvrier français face à ces travailleurs immigrés, « armée de réserve du capital », pour reprendre la phraséologie pour une fois bien inspirée de Karl Marx.

Dans les années 30 du siècle dernier, la CGT fut aussi aux avant-postes pour instaurer la « préférence nationale » à l’embauche, poussant Roger Salengro à entériner ce principe au Parlement, le 10 août 1932, dont l’unique but consistait à protéger la main-d’œuvre nationale. Une ligne populiste que Georges Marchais fit longtemps sienne avant que Jean-Marie Le Pen ne la reprenne au vol.

On attend encore que Sophie Binet, à défaut de se saisir de cette question, se rappelle enfin ce que fut le syndicat qu’elle préside désormais. On n’y croit guère, mais il n’est jamais interdit de rêver, quoique cette stagiaire, après avoir trahi la gauche, s’apprête à faire de même de la France.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

22 commentaires

  1. « En raison de la présence en France de près de quatre millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes.
    La cote d’alerte est atteinte. Il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine.
    Se trouvent entassés dans des ghettos, des travailleurs et des familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes.
    Cela rend difficile leurs relations avec les Français. »

    Georges MARCHAIS, ancien Secrétaire Général du Parti Communiste Français. Lettre au recteur de la mosquée de Paris, publiée le 6 Janvier 1981 dans l’Humanité

  2. Encore une bobo qui doit sa place d’être une femme comme il est de bon ton de nos jours et qui n’a pour ainsi dire jamais mis les pieds dans le monde du travail , c’est ce tableau qui va défendre … c’est un grand mot la classe ouvrière .

  3. C est toujours la même antienne , tous ces « jeunes » qui prennent les manettes des syndicats, mouvements politiques, et autres sont d’une inculture crasse et disent n’importe quoi à défaut de seriner les slogans éculés. Et pendant ce temps la, en sous main, les tête chenues sont aux commandes.

  4. C’est à dire que la casquette ornée d’une étoile rouge…c’était pour faire chic ! Notre Sophie (prénom qui dans la bouche de ma grand-mère n’équivalait pas à un compliment…) préférait et préfère les bureaux : en bon français, cela s’appelle un apparatchik ! (mille excuses pour le rimaillage…)

  5. La CGT est moins un syndicat qu’un organisme de rabattage politique au profit de l’extrême gauche.
    Hors, l’extrême gauche est en errance ideologique depuis longtemps maintenant.
    Elle ne fait que se chercher des créneaux libres pour exister (islamisme, luttes raciales, exigences d’extrêmes minorités, séparatisme…)
    Et cette fébrilité intellectuelle et morale est portée par la CGT.

  6. Physique BCBG… ça la fout mal pour une syndicaliste. C’est de la poudre aux yeux et les malheureux syndiqués CGT ont du mouron à se faire question défense des travailleurs !

  7. J’ai aimé, pas toujours pour leurs idées et leur idéologie, Henri Krasucki pour sa culture, Georges Marchais pour sa gouaille, Philippe Martinez pour son origine du monde ouvrier. Pour Sophie Binet, je suis plus dubitatif, pur produit d’un syndicalisme hors sol, agrémenté d’une idéologie confuse, je ne sais pas si la CGT la titularisera à l’issue de sa période d’essai.

  8. L’abaissement du niveau de la classe politique se constate aussi dans monde syndical et notamment à la CGT, quand on se souvient de ses anciens dirigeants tels que Georges Séguy et Henri Krasucki qui, même si on n’était pas d’accord avec eux, inspirait le respect.

  9. Marie Chantal…le titre d’une chanson qu’on chante à gorge déployée au Carnaval de Dunkerque , les paroles ressemblent exactement à cette «  damnée de la terre …entière « 

  10. Sophie Binet, ou la bonne élève de Sandrine Rousseau !
    À croire que Sandrine Rousseau a ouvert une école de formation à l’absurde, au grossier, et à la bêtise, et qu’elle fait des émules.
    C’est très bien ainsi, qu’elles continuent dans cette direction toutes ces viragos bobo-gaucho, car indirectement, inconsciemment même, elles ouvrent davantage encore le boulevard qui est devant le RN !
    Et comme elles sont aidées dans leur tâche par tous les collaborateurs à la LREM-Renaissance, à savoir les « LR sarkosistes à donf », et les « godillots PS », le RN est en droit de rêver et de travailler à la réussite.
    Ne boudons pas notre plaisir.

  11. Elle a une bonne tête de ministre macroniste. C’est la nouvelle génération. BCBG contestataire sur le papier et à la TSF. Un beau bureau, un bon salaire une bonne place en sorte.

  12. Marie-Chantal , j’avais oublié ce sobriquet qui, ma foi, lui va comme un gant en peau de chamois ! Oh pardon en tissu produit par de petits enfants au Bangladesh!

    • vous oubliez de préciser : »petits enfants exploités et non syndiqués « . Là bas, c’est interdit.

  13. C’est beau le syndicalisme subventionné par toutes les structures de l’état , surtout c’est confortable, on peut y faire de belles carrières. C’est vrai que le pognon n’arrive plus d’URSS via le PC ni du medef .

  14. CGT ou  » gauche du grand capital » . Carresse le chien du directeur et fume les Havanes du patron. On peut dire que la classe ouvrière est bien représentée.

  15. Les camarades cégétistes seraient bien inspirés de renvoyer leurs cartes ! Les « cadres de cette centrale » ne vivent pas dans le même monde que les travailleurs !

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