Sophie Marceau, bec et ongles contre la cage aux poules

Au début 2017, Emmanuel Macron battait la campagne et prenait des engagements concernant le « bien-être animal ». Ainsi, le 9 février, tweetait-il : "Je prends notamment l’engagement d’interdire d’ici 2022 de vendre des œufs de poules élevées en batterie." Dans la fiche synthèse « Environnement » d’En Marche!, on pouvait lire aussi cette proposition : "L’élevage en batterie des poules pondeuses, incompris par un nombre croissant de Français, devra progressivement disparaître au profit des élevages alternatifs."

Mais, trois semaines après, le 1er mars, le candidat Macron rencontrait le président du Comité national de promotion de l’œuf et faisait entendre un tout autre son de cloche, alors que Pâques était encore bien loin ! "Je ne la [l’interdiction de la vente de poules élevées en batterie d’ici 2022] réitérerai pas. C’est entre nous. Je pense que c’est l’objectif pour l’industrie. Je ne vais pas en faire un objectif de campagne ou de gouvernement parce que c’est vécu comme stigmatisant par ceux qui ont déjà investi. Donc on va la fermer là-dessus…" Le coq n’avait pas chanté trois fois qu’il se reniait déjà et marchait sur des œufs devant les représentants de la filière.

Mardi, l’Assemblée nationale commencera à examiner le projet de loi Agriculture et Alimentation pondu par le gouvernement. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, poussait hier son petit cocorico dans le Journal du dimanche : "Cette loi est une révolution." Pas vraiment pour les poules embastillées puisque le ministre, tout en soulignant l’"attente sociétale forte", précise dans cet entretien que "le gouvernement privilégie la responsabilité de la filière, qui s’est engagée à dépasser 50 % de la production d’œufs en élevage alternatif à la cage d’ici à 2022". En clair, cette interdiction ne sera pas inscrite dans la loi. L’appel à la responsabilité de la filière suffira-t-il à faire évoluer les pratiques ? C’est toute la question.

Et, à la veille de cet examen du projet de loi, Sophie Marceau fait son entrée dans la basse-cour, prenant la défense, bec et ongles, des poules élevées en cage et soutenant l'action d’une association pro-vegan, appelée L214. La vidéo tourne sur les réseaux sociaux et, il faut l’avouer, cela ne donne pas très envie de se faire une omelette à midi. Des gallinacés entassés dans des cages sur plusieurs étages, « vivant » à même le grillage. Des pauvres bêtes qui ne voient jamais la lumière du soleil, le moindre coin d’herbe ou de paille. L’actrice en appelle donc aux députés pour qu’ils se prononcent pour l’interdiction des poules en cage.

La FNSEA s’est immédiatement offusquée, montant sur ses ergots en déclarant que "c’est facile de se servir d’égéries pour faire passer un message" et affirmant que les élevages comme celui de la vidéo ne représentent que "0,5 % du secteur". On ne demande qu’à gober l'information.

Quelques chiffres, cependant, pour fixer les esprits.

La France reste, en Europe, le leader de ce secteur d’activité, avec plus de 14 milliards d’œufs pondus chaque année. Le cheptel des pondeuses avoisine les 50 millions de poules. À titre comparatif et anecdotique, avec mes deux poules élevées à l’air libre - je précise -, j’arrive péniblement à 600 œufs par an, soit 0,000 004 285 % de la production nationale. Mais je compte faire mieux l’an prochain ! Par ailleurs, la filière représente tout de même 15.000 emplois directs et indirects.

Sur ces 50 millions de poules, près de 70 % sont élevées en cage, 18 % à peine vivent en plein air, 7 % sont élevées en bio et 5 à 6 % le sont à terre. On voit donc que la filière a un sérieux effort à faire dans les prochaines années pour atteindre les objectifs évoqués par le ministre à l’horizon 2022.

Faut-il, pour autant, tuer la poule aux œufs d’or ? Sophie Marceau ne nous le dit pas.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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