[L’ÉTÉ BV] Soudais contre Dati : faut-il être mal fagoté pour faire peuple ?
Tout l'été, BV vous propose de relire certains articles de l'année écoulée. Ici, des nouvelles de notre civilisation.
Faut-il se fagoter comme l’as de pique pour faire partie du peuple ? C’est ce que semble penser Ersilia Soudais, si l’on en croit sa réponse à Rachida Dati.
Sur le réseau X, BFM TV rapporte un propos du nouveau ministre de la Culture : « Les commentaires sur ma nomination, je m’en fiche, même si j’y vois parfois aussi un mépris de classe. » Acerbe, la députée LFI Ersilia Soudais l'interpelle aussitôt : « Le mépris de classe, ça ne vous dérangeait pas, quand vous vous complaisiez à critiquer ma tenue vestimentaire sur le plateau de Quotidien. » La députée NUPES joint une vidéo dans laquelle, en effet, Rachida Dati commente le jean et le tee-shirt noir délavé portés par Ersilia Soudais lors d’une intervention à l’Assemblée. Rachida Dati est plutôt mesurée, on l'a connue plus vacharde : « Quand vous incarnez l’institution, vous représentez les Français, C’est respecter l’autre que d’être bien habillé. » Comment lui donner tort ?
Le mépris de classe, ça ne vous dérangeait pas, @datirachida, quand vous vous complaisiez à critiquer ma tenue vestimentaire sur le plateau de Quotidien. https://t.co/d7vKh5eSiL https://t.co/obM8V7Uglt
— Ersilia Soudais (@ErsiliaSoudais) January 14, 2024
Si l’on suit le raisonnement d’Ersilia Soudais, s'habiller comme un sac serait la marque des classes populaires. En s’accoutrant de vieilles nippes délavées et déplacées, la fille d'un rédacteur en chef en vue de Politis, sortie de classe préparatoire et devenue députée, s’imagine se transformer aussi sec, par un coup de baguette magique, telle une Cendrillon à l’envers, en ouvrière faisant les trois huit. Comme si les Français d’origine modeste ne savaient pas ce que le mot s’endimancher dans les grandes occasions veut dire.
Snobisme du bobo
Cultiver le style débraillé n’est pas la marque du prolo mais le snobisme du bobo. Le bobo se crée une esthétique vestimentaire dans une projection fantasmée et figée du prolo. Mais Ersilia Soudais ne fait que marcher dans les pas de son patron. Souvenez-vous, c’était en 2017. Pour leur premier jour à l’Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon et ses insoumis étaient arrivés sans cravate. « Il y avait des sans-culottes, il y aura maintenant des sans-cravates », avait-il clamé, bravache. « C’est le peuple qui rentre à l’Assemblée nationale. Du moins, c’est comme ça que nous l’entendons symboliquement », avait renchéri Alexis Corbière.
La bonne blague. Il faut être un étudiant antifa pour s'offrir le luxe de traîner, sans dommage, hirsute et dépenaillé sur le bitume parisien, en poursuivant mollement ses études, attendu qu'elles sont sponsorisées par deux grands mécènes : papa et maman. L’apprenti pâtissier en CAP ne peut prendre les mêmes libertés dans la boutique où il est employé. Et sa cravate Auchan coûte une misère, en tout cas infiniment moins cher que bien des colifichets d'antifa distendus et décousus.
L’entourloupe suprême est d’être « friqué » mais avec tous les attributs - dans l’imaginaire collectif - du fauché, pour rester « aimable ». C’est ainsi que des stars richissimes, mal rasées, traînant de vieilles savates, sont servies à table dans des restaurants étoilés par de jeune gens bien peignés, aux souliers cirés et à la chemise impeccable, tirant au début la chaise pour que madame s’installe et lui tenant son manteau à la fin pour qu’elle le renfile. Qui ne respecte pas qui ?
Ersilia Soudais s’imagine peut-être que le peuple rêve d’être représenté par les Tuche ? Parce qu’ils ont peu de moyens, ils n’auraient le droit, une fois de plus, comme pour leurs nouilles et leur yaourts, qu’à des élus low cost au packaging cheap ?
Mépris de classe
Rachida Dati, du reste, n’a peut-être pas complètement tort quand, se victimisant, elle accuse ses détracteurs de nourrir à son endroit « un mépris de classe ». Quoi que l’on puisse penser du nouveau ministre de la Culture, quelque part entre Bel Ami et Rastignac - et qui n'a pas laissé que des bons souvenirs au ministère de la Justice avec, notamment, la suppression massive de tribunaux d’instance -, il est un fait qu’elle a gravi les échelons sociaux en en adoptant à chaque fois les codes... jusqu'au bling bling, pour reprendre l’adjectif indissolublement lié à son Pygmalion Sarkozy.
C’est ainsi que la droite conçoit l’ascenseur social : le pauvre n’a pas vocation à le rester.
Pour la gauche, au contraire, le prolo ne reste sympathique qu’autant qu’il reste dans sa condition de marginal révolté : s’il essaie de « s’en sortir » en acquérant quelques valeurs étiquetées bourgeoises, il est aussitôt honni et moqué, au lieu d’être encouragé, dans sa maladroite tentative d’appropriation des codes. L’idée est donc bien de le maintenir dans sa condition.
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50 commentaires
Chassez le naturel il revient au galop. E.Soudais donne l’impression qu’elle se jette dans son pantalon dès qu’elle met un pied hors du lit. Je n’entrerai pas dans ces détails olfactifs et autres que vous pouvez imaginer, et ne ferai aucun commentaire sur l’entretien de sa couche. Ces bobos éprouvent souvent le besoin de se marginaliser en fonction de l’environnement fréquenté. Je tire cette déduction de l’observation de fils de bobos dans un internat où l’uniforme était de rigueur. Tous les tissus se valaient. Sauf chez ces fils. On percevait, même pour des néophytes, que le tissu de leur uniforme était d’une tout autre qualité. Par contre, en semaine, contrairement aux autres élèves qui se tenaient, eux, par discipline, ces fils étaient totalement débraillés … avec la bienveillance des membres de la Direction de l’établissement. Selon que vous serez fils de riche ou de pauvre….
Lorsque cette personne s’habille de cette façon, ce n’est pas pour représenter les classes populaires dont elle ne fait pas partie et dont elle n’est pas issue, mais pour pulvériser les codes de nos institutions. Les personnes issues ou faisant parties des classes populaires mettent un point d’honneur à s’habiller correctement, surtout dans les grands moments. En s’habillant de la sorte, elle insulte ces personnes en les stéréotypant. J’appelle cela de la discrimination et de la stigmatisation. On peut être des classes populaires et ne pas être des clodos.
Dans tout les domaines nous pouvons considérer le déclins de la France, pas un seul secteur y échappe. Sans aller se vêtir comme un prince le minimum de respect pour les gens qui vous considère c’est d’avoir une tenue qui est en adéquation avec la fonction ou la démarche entreprise. Si vous vous présenté devant un juge par exemple alors il serait indécent de vous présenter devant un magistrat en portant un pantalon jeans mal taillé et déchiré, il en vas pour un ministre qui représente la population Française, mais je pense qui serait difficile à expliquer cela à des gens venus de la gauche.
Je pense que » l’élégance Française » n’existe plus car quand on se promène , fini les femmes élégantes qui méritaient que l’on se retourne !! Merci le « leggins » et les silhouettes curieuses !!
son habillement fait honte aux français de pette classe qui eux auraient honte s’ils s’habillaient comme des chiffonniers quand ils sortent en ville ou s’ils faisaient partis de l’Assemblée Nationale ! en étant fagoté comme l’as de pique c’est se moquer d’eux !!
Cela relève de l’art de pratiquer le camouflage pour masquer une grande misère intellectuelle , l’invective est l’arme du faible en neurones utiles .
Je ne fais pas partie dune d’une famille aisée mais dans ma jeunesse quand on allait voir mes grands-parents on s’habillait proprement, quand ma mère allait au marché elle s’habillait correctement : c’est une question de respect. Le panneau « tenue correcte exigée » à l’entrée de certains établissements le rappelait.
Maus je vous parle d’un temps….
Pitié, évitez les anglicismes.
Madame Soudais devrait savoir que pour être respectée, il faut être respectable, le peuple ne s’habille pas en souillon.
Excellent article .
On peut être pauvre et afficher une certaine élégance .
Tous ces mal fagotés exprès sont odieux …
Je croyais que cette « soudais » était tombée dans le puits sans fond du mépris citoyen.
Décidément ce nouveau et partiel gouvernement a réveillé la nupes !
Ahh, ah ! La description me rappelle un certain Patrick Bruel, amuseur public de télé, acteur ou chanteur, je ne sais (sans intérêt), côtoyé lors d’un séjour hôtelier de montagne dans un 4/5 étoiles, arrivant à table avec sa smala en survêtement dépenaillé et baskets pas lacées, et hélant vulgairement et bruyamment à grands gestes les serveurs tirés à 4 épingles pour être servi en premier sans respecter l’ordre d’arrivée des convives ni les dignes dames âgées ayant fait des efforts- outre financiers -, elles, pour se tenir sous leur meilleur aspect..
Il n’y a pas que leur tenues qui choquent . Leur langage grossier et leur attitude , le mépris qu’ils affichent envers les autres est bien pire , une attitude de nouveaux riches qui ont fait fortune sur le dos des travailleurs qu’ils prétendent défendre .
Tous ces gens-là débraillés de la Nupes insultent la France ouvrière.
Ce n’est pas en ne se respectant pas soi-même, en s’abaissant vulgairement que l’on respecte le peuple.
Ersilia, en effet elle fait plus black block que députée … dans son langage de poissonnière aussi, on se croirait au tribunal révolutionnaire après la révolution française chère à son maître qui bave devant l’assassin Danton