Sous la pression, Darmanin annonce 3.000 nouvelles places de prison low cost

Chaque place y coûterait 200.000 euros, contre 400.000 pour une prison classique
@Matthew Ansley/unsplash
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Emmanuel Macron avait promis, en 2017, la création de 15.000 places de prison supplémentaires pour limiter la surpopulation carcérale. Cet objectif ne sera pas atteint. Mais la pression sécuritaire monte, les Français sont excédés. Il faut donner des signes à l'électorat. Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a ainsi présenté un plan visant à créer 3.000 places supplémentaires en détention via la construction de structures modulaires, relate Le Figaro. Ces établissements préfabriqués seront implantés sur des terrains pénitentiaires et livrés en un temps réduit par rapport aux chantiers classiques. Deux types de structures sont prévus : quinze sites pour la semi-liberté et dix autres destinés aux détenus condamnés à de courtes peines. Le calendrier prévoit une livraison des premiers bâtiments dès l'automne 2026, notamment à Troyes-Lavau, où une première unité de 50 places est programmée.

« Une très bonne surprise »

Nicolas Christy, secrétaire général du syndicat SPS-CEA, était présent lors de la visite du ministre aux prisons préfabriquées allemandes. « Nous avons eu une très bonne surprise en Allemagne, raconte-t-il à BV. C’est vraiment du dur et du robuste. Nous craignions que ce dispositif menace la sécurité, car trop fragile. Nous avons été rassurés de voir qu’il s’agissait, en fait, de blocs de béton, prémunis de tout ce qu’il faut (porte de prison, sanitaire, toilettes…), livrés sur place en un temps et un coût record ! » Pour remédier au problème de surpopulation, il faut soit créer des prisons, soit libérer les prisonniers, rappelle Nicolas Christy. Or, libérer les prisonniers, c'est augmenter encore l'insécurité à l'extérieur. « On ne peut donc que se féliciter de cette annonce de nouvelles cellules », conclut-il.

Au 1er mars, les prisons françaises comptaient plus de 82.000 détenus, pour 62.500 places, avec une densité de près de 160 % dans les maisons d'arrêt. Plus de 5.000 personnes dormaient au sol. Face à cette situation, le ministre de la Justice lance un plan de 3.000 places supplémentaires dans des prisons modulaires, destinées aux détenus peu dangereux : délits routiers, violences conjugales ou courtes peines.

Il manque 7.000 agents

Inspiré des modèles britannique et allemand, ce projet s’appuie sur des modules préfabriqués en usine, réduisant les délais et les coûts. Chaque place y coûterait quand même 200.000 euros... contre 400.000 pour une prison classique. En Allemagne, certains établissements ont été livrés en moins d’un an. Estimé à 600 millions d’euros, le projet implique le gel de certaines opérations immobilières plus lourdes. Au-delà de l’urgence, le ministre souhaite amorcer une réforme de la politique pénale, jugée trop complexe. Il s’inspire de l’Allemagne, où le nombre de régimes des peines est bien plus restreint, pour simplifier et rationaliser le système carcéral français.

Les structures seront construites sur des terrains pénitentiaires, mais à l’extérieur des enceintes actuelles, pour limiter les risques de sécurité. Ce choix fait consensus avec les syndicats, malgré des réserves liées au manque de personnel, car 7.000 agents manquent, aujourd’hui. Nicolas Christy abonde en ce sens. S’il est vrai que ce nouveau mode de construction de prison satisfait le personnel pénitencier, il émet une nuance. Il ne faudrait pas ouvrir de nouvelles places de prison sans combler le manque d’effectifs de personnel pénitencier : « La création de nouvelles places de prison avec un effectif de personnel insuffisant est le seul point noir. Aujourd’hui, il manque plusieurs milliers d'agents pour l’ensemble du territoire français. Les établissements sont à 88 % de leurs effectifs alors que toutes les prisons souffrent de surpopulation. » Pour lui, « ce serait une catastrophe que le personnel de ces nouvelles prisons soit pris sur les agents déjà en fonction. Pour nous, syndicats, ce projet nécessite la création d’une deuxième école de l’administration pénitentiaire afin de pouvoir répondre à ces recrutement massif. » Les nouvelles prisons ne règleront pas tout.

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Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

70 commentaires

  1. 200.000 € une place low-cost contre 400.000 € une place normale ! Une maison pour 4 personnes ne coute pas 800.000€, même en construction traditionnelle ! Qui va encore s’enrichir ? Et pourquoi ne pas faire construire ces modules par les détenus ? Encore un gros coup de com par darmanin !

    • C’est énorme, mais c’est la réalité ! Maintenant on ne nous dit pas tout et je peux vous dire qu’on est encore loin des réalités. Un établissement pénitentiaire coute, pour le contribuable, trois fois le prix annoncé ! N’oubliez pas les couts de formation professionnels des travailleurs « invités », plus les malfaçons, et le cout induit des ouvriers qualifiés mis au chomage par le recrutement de ces mêmes invités !

  2. Est-ce qu’il n’y a pas des anciennes casernes désaffectées que l’on pourrait réhabiliter pour des incarcérations des mineurs. Il faudra alors penser à augmenter les forces de l’ordre à proximité, des casernes du GIGN ou du GIPN avec des pelotons en alerte pour réagir rapidement en cas de problèmes. Cela rassurerai la population.

  3. Hum. Low-cost ? La France va être punie par l’UE. Hier déjà, un bandeau TV indiquait que la France avait été condamnée par une instance de l’UE ( je ne sais pourquoi ) ; mais Bruxelles veille ! Bref, tout cela n’est pas… enfin, pour un pays en voie de locostisation… hélas !

  4. Il leur en a fallu du temps pour comprendre ça, c’était une évidence mais on a l’impression qu’il n’y a jamais personne aux commandes ou alors tout ça est dilué ainsi que les responsabilités, n’importe quel chef d’entreprise y aurait pensé depuis longtemps, il y a les containers aussi par chers et faciles à mettre en œuvre.

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