Souveraineté : Arnaud Montebourg met le Conseil d’État face à ses responsabilités
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Chaque année, le Conseil d’État s’intéresse à une thématique d’actualité, qu’il approfondit par un cycle de conférences et l’audition de personnalités, notamment politiques. Cette année, le sujet retenu est celui de la souveraineté. Le Conseil convient ainsi du fait que « ce sujet a pris une acuité particulière dans le débat public depuis une trentaine d’années sous l’effet à la fois, de l’intégration européenne et de la libéralisation de l’économie, et des nouvelles attentes concernant les modalités d’exercice de l’expression du peuple souverain ». Ce n’est pas faux et c’est même le moins que l’on puisse dire. Décryptons ce morceau d’éloquence administrative : la souveraineté est grignotée par l’Europe et les gens commencent à comprendre qu’on ne leur demande pas leur avis.
Parmi les personnalités invitées à s’exprimer, il y avait donc Arnaud Montebourg, en novembre dernier. Éternel jeune homme de la politique, il a décidé, depuis 2022 et son retrait de la course à la présidentielle, de défendre, avec une pugnacité jamais démentie, la souveraineté française. Le sujet l’intéresse depuis longtemps, d’une manière qui semble tout à fait authentique. On se souvient, également, de son audition tonitruante en commission parlementaire, quand il avait révélé les dessous des négociations politico-économiques, notamment pour les rachats de grandes entreprises françaises.
Gouvernement des juges
Cette fois encore, Arnaud Montebourg n’a pas déçu. Il a dénoncé avec la dernière vigueur le traité de Lisbonne, qui a bafoué le refus populaire de la Constitution européenne, les « pertes de contrôle de nos fleurons industriels » (il a de nouveau cité Alstom, vendu par un certain Emmanuel Macron) ou encore notre soumission croissante aux États-Unis en matière de technologies numériques. Il est même allé plus loin en pointant une forme de gouvernement des juges (pour reprendre une expression célèbre) qui consiste à déposséder de leurs prérogatives les politiques élus par le peuple pour transférer le pouvoir normatif vers des juridictions non élues. Montebourg va même plus loin, puisqu’il cite ces cinq juridictions majeures que sont le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel, la Cour de cassation, la Cour européenne des droits de l’homme et la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Parmi elles, c’est au Conseil d’État qu’il choisit de s’en prendre – juridiction qui est précisément en train de l’auditionner !
Forcément, ça tourne mal. Malgré un formalisme empreint de la cordialité républicaine qui sied à ce genre d’exercice, Montebourg a pointé en particulier deux décisions du Conseil d’État qu’il considère comme des trahisons, étayant son propos d’un rapport de 17 pages rédigé en compagnie de juristes de haut vol. Les deux arrêts cités sont l'arrêt Nicolo de 1989 : « Une décision contestable selon la note, qui puise dans la jurisprudence des exemples démontrant qu’il serait au contraire possible de faire primer la souveraineté nationale et populaire, notamment lorsque les intérêts du pays sont en jeu », écrit Marianne ; et l'arrêt French Data Network de 2021, selon Montebourg : « S’il fallait résumer en termes crus et cruels la jurisprudence du Conseil d’État, elle s’arroge le droit de constituer la loi nationale lorsque celle-ci contredit le droit européen, et elle refuse de contrôler les excès de pouvoir des institutions européennes lorsque celles-ci contredisent le droit des traités européens. »
Insidieux grignotages
Évidemment, ce rapport n’a pas été retenu par le Conseil d’État, qui a refusé de le faire figurer en annexe du compte rendu des auditions. Amusé, Arnaud Montebourg l'a donc transmis à l’hebdomadaire Marianne ! En synthèse, l’ancien avocat assène des preuves accablantes sur la prise de pouvoir des magistrats : 60 % des lois votées seraient, selon lui, de simples transpositions de directives européennes. Les décisions du Conseil d’État, qui ne sont pas soumises au vote populaire, ont un impact direct sur la vie des Français et, à force de se focaliser sur les arrêts de la Cour de justice européenne (CJUE), on perd de vue l’insidieux grignotage auquel se livre cette ruche gauchisante.
Pour résoudre ce problème (on verra, dans les pages de Marianne, que ces deux arrêts sont loin d’être anodins), il faudrait que le Conseil d’État reprenne la main sur la souveraineté française, engageant ainsi un bras de fer avec les institutions européennes, tout en… contredisant ses propres décisions. Des magistrats accessibles à la remise en question ? Des juges patriotes ? On peut rêver… et rendre grâce à Arnaud Montebourg, décidément bien trop intelligent et libre pour être vraiment socialiste, de révéler ces scandales.
32 commentaires
Bravo Arnaud. Il faut continuer et aller plus loin
Montebourg est une énigme. Il n’a fait qu’un court passage dans les cercles de pouvoir, mais a laissé le souvenir d’un homme de gauche honnête, pragmatique et non sectaire. Bizarre, finalement, ca existe peut-être …
Montebourg bonifie avec le temps comme le bon vin de France.
Nous ne pouvons que l’encourager dans cette voie.
Encore un qui serait bien venu au RN mais il faudrait se débarrasser de ses vieux démons de gauche car le jour où il refusait de vendre les turbines Arabelle aux américains qui nous les ont revendu deux fois plus cher après avoir récoltés les brevets, un grand moment d’amitiés Franco Américain, ce qui lui a valu la démission de Bercy remplacé par Macron qui s’est lui empressé d’entériné la vente, merci Macron.
L’ancien ministre socialiste a aussi proposé de bloquer « tous les transferts » d’argent des immigrés, « 11 milliards qui passent par Western Union », pour faire pression sur les pays qui refusent de reprendre leurs ressortissantssous OQTF. Sauf qu’il a RETROPEDALE ….. Il faut bien hélas le rappeler.
S.V.P définition de responsabilité pour la conseil d’état. J’attends la réponse.
Pourquoi Montebourg n’a-t-il transmis son rapport qu’à l’hebdomadaire Marianne ?
Ce sont l’ensemble des médias qui auraient dû être destinataires.
Malheureusement, on connaît d’avance toute l’inutilité de l’exercice. Montebourg dit ce qu’il a à dire, il est poliment écouté et tout le monde sait que rien ne changera.
Dans « Conseil d’état », il y a « conseil ». Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Leur rôle est juste de donner des conseils et des préconisations. Je ne comprends pas pourquoi leur opinion fait forcément loi.
Supprimons ces juridictions équivoques et leurs arrêts ambigus, d’accord avec Montebourg dont la finesse de réaction me surprend agréablement !
Ont ne voit pas toujours dans sont ennemi l’homme au multiples qualités
Matthieu 10:36 Concept des Versets
« et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison »
Si A. Montebourg avait de la sincérité et de la cohérence dans son action politique, il rejoindrait un parti démocratique tel que Les Patriotes (il n’est de démocratie que dans la souveraineté du peuple, évidemment). Je sais que ce n’est pas facile d’abandonner ses intérêts personnels politiciens, mais ça aurait de la gueule, ça impressionnerait les français, et – qui sait – ça pourrait lui donner une aura de sincérité (j’ai failli écrire de pureté) qui manque cruellement aux élus actuels, aura qui pourrait le placer bien plus en avant qu’il ne l’est aujourd’hui.
Que de temps perdu à essayer de discuter avec une institution qui ne se remettra jamais en question. Le conseil d’état a prouvé tout le bien qu’il pensait de la démocratie et de l’intérêt du peuple Français, c’est à dire aucun.
Il dit juste mais ses choix politiques actuels contredisent sa démonstration.
Ces 5 juridictions traitresses citées seront à dissoudre dès que possible, que d’économies en perspective !!!!
Certes Montebourg est socialiste si on le croit, mais il a une grande qualité à mes yeux, il est foncièrement patriote et ça c’est une grnde qualité chez un politique, il a un côté grand Charles qui est plaisant, et en plus il est intelligent ce qui est peu le cas des gens qui nous gouvernent. Mais il est sans pouvoir étouffé par la doxa de la presse main stream, Dommage.
Tout à fait de votre avis, ce monsieur est trop Français pour certains !
Socialiste cela veut dire immigrationniste et ce n est pas compatible avec patriote. Mais bon il peut avoir changé d avis. Accueillons le avec plaisir