Sport et mélange des genres

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Il y a, dans le monde, une soixantaine de pays dont les lois prohibent et répriment l’homosexualité, et, pour une dizaine d’entre eux, c’est passible de la peine de mort. C’est une soixantaine de trop, une dizaine de trop. Incidemment, un des points communs à ces pays est qu’ils sont musulmans. Ne nous moquons pas trop fort d’eux, l’Occident a mis du temps pour s’abstenir de réprimer ou psychiatriser l’homosexualité. Si le dernier bûcher de sodomites, à Paris, remonte à 1750 et qu’il a choqué par la sévérité inhabituelle de la peine tombée alors en désuétude, l’homosexualité n’a été dépénalisée en France qu’en 1982.

Pour le multi-médaillé champion de plongeon britannique Tom Daley, homosexuel assumé, ce n’est pas acceptable. Il est à l’origine d’une initiative : évincer des Jeux olympiques ces pays où l’homosexualité est punie de mort. La demande a été formulée auprès du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, qui a botté en touche. Ce n’est pas à lui de dresser la liste des pays aptes à envoyer des athlètes, nonobstant la sympathie que leur inspire cette initiative. Dans le collimateur de Tom Daley, il y a aussi la Coupe du monde de football au Qatar.

Que le sport soit le théâtre de rivalités politiques n’est pas neuf. Les jeux funéraires de Patrocle relatés dans l’Iliade en sont, sans doute, le premier témoignage. Mais que le sport de haut niveau soit pris en otage de façon systématique est déplaisant. Les boycotts des Jeux de Moscou par 50 pays occidentaux puis de Los Angeles par le bloc de l’Est sont clairement un dévoiement de l’esprit des Jeux et de la trêve qu’ils imposent, en théorie.

En outre, cet ostracisme sportif s’est-il montré, par le passé, efficace ? L’exemple de l’Afrique du Sud, exclue pour cause de régime d’apartheid, permet d’en douter. L’hypocrisie aidant, les Springboks ont pu affronter des adversaires de haut niveau moyennant quelques accommodements et rester la grande équipe de rugby qu’ils sont depuis des lustres. Zola Budd s’est trouvé un passeport britannique « de complaisance » fort opportun pour tenter sa chance aux olympiades. Il y a fort à parier que les pays visés par Tom Daley ne modifieront pas une virgule de la charia.

Comme si la rivalité malsaine et politisée des nations ne suffisait pas à polluer les compétitions sportives, l’idéologie woke entre dans la danse. Suite au décret inclusif de Joe Biden, il y a la déferlante des transgenres bien décidés à tuer le sport féminin, comme Boulevard Voltaire s’en est fait l’écho pour le rugby ou le MMA. La peine de mort pour homosexualité, aussi détestable qu’elle soit, n’a rien à voir avec le sport. Et demain, quel prétexte sera brandi pour expulser qui ?

Il serait peut-être temps de se concentrer sur les fondamentaux. Cela passe par bannir la politique internationale et l’idéologie des enceintes sportives, faire le ménage parmi les sponsors pour éconduire ceux qui ne sont pas compatibles avec le louable mens sana in corpore sano et tenter de restaurer une équité vraie, par exemple en intensifiant la lutte contre le dopage. Ou admettre que le sport est devenu une simple industrie de production d’images qui ont une clientèle.

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