Un statut de première dame ? Pas si simple, M. Bilger…
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À première lecture, les arguments de M. Bilger peuvent paraître convaincants, mais il me semble que ce magistrat, d’ordinaire plus prudent, s’est laissé quelque peu emporter par son admiration pour Mme Macron et n’a pas vu toutes les difficultés que la création d’un tel statut peut comporter – ou plus exactement comportera, puisqu’il est évident que les parlementaires LREM ne s’opposeront pas, sur ce point sensible, à la volonté de leur patron.
Telle que M. Bilger la décrit, Mme Macron serait une « reine consort » fort convenable et la France aurait peut-être intérêt à ce que son roi jupitérien soit accompagné d’une reine.
Reste d’abord à savoir, d’une part, si sa description correspond à la réalité et, d’autre part, si, faite sur mesure pour l’image que M. Bilger se fait de Brigitte Macron, la fonction de « première dame » ne serait pas inadaptée pour tout autre couple présidentiel.
Éloges conformes à la réalité ?
M. Bilger ne tarit pas d’éloges sur Brigitte Macron : capable, avec son époux, de veiller à n’exercer sur celui-ci aucune influence politique, on peut compter sur "sa liberté et son intelligence" "pour savoir ce qu’elle aura à accomplir et à se permettre, en pleine conscience de ses droits et de ses devoirs » et se montrer « une part douce, honorable et gracieuse de la France".
Mais ces éloges sont-ils totalement mérités ? N’a-t-on pas eu l’impression, voire la certitude, que Brigitte Macron a exercé sur la formation de son époux et sur sa campagne présidentielle une influence qui est largement sortie du cadre que M. Bilger considère comme devant être le domaine de la première dame ? Saurait-elle, aujourd’hui, abandonner son rôle de mentor pour se consacrer aux activités que la tradition a toujours reconnues aux épouses de nos Présidents ?
Et est-elle tellement apte à représenter une part "honorable et gracieuse" de la France ? Non pas à cause de son âge : si leurs amours étaient nées dans des circonstances normales, il n’y aurait rien à redire au fait qu’elle a un quart de siècle de plus que son Président d’époux.
Mais quand on sait qu’elle a eu avec le jeune Emmanuel Macron, alors adolescent, des relations que nos mœurs réprouvaient ? Car elle a beau jeu de prétendre qu’elle a été l’objet plus ou moins consentant des assauts du jeune garçon et qu’en fait, dans cette activité considérée comme criminelle, c’était lui l’agresseur et elle la victime. C’est bien difficile à croire et les femmes mûres et séduisantes qui se voient l’objet des attentions, non souhaitées même si elles ne déplaisent pas, d’un adolescent placé sous leur autorité et qui, en pleine poussée hormonale normale à cet âge, manifeste clairement son désir, savent en général remettre le jeune homme à sa place, qui n’est pas celle d’un amant. Celles qui n’y parviennent pas sont, en général, considérées comme des prédatrices et non des victimes. Et la femme de 40 ans qui a pris sous sa coupe et dans son lit un adolescent, victime, lui, et de ses propres hormones et de l’admiration qu’il éprouve pour son professeur, et de l’autorité qu’elle exerce sur lui, ne peut pas être considérée comme un parangon d’honorabilité.
La fonction de première dame peut-elle être définie pour une autre personne que Brigitte Macron ?
M. Hollande avait mis dans l’embarras les services du protocole de nombreux États en arrivant pour une visite officielle à l’étranger accompagné de sa maîtresse du moment en comptant qu’elle serait traitée comme une épouse légitime, ce qui a été souvent le cas (d’autres pays, qui n’avaient pas été mis devant le fait accompli, ayant fait comprendre que la présence de Mme Trierweiler n’était pas souhaitée). Cet embarras s’est doublé d’inquiétude quand la brutalité du renvoi de cette première dame a fait craindre le renouvellement de cette difficulté au profit de la nouvelle petite amie du Président (ce qu’il a heureusement eu la prudence d’éviter). On comprend que ce précédent fasse souhaiter que la fonction soit officiellement définie.
Le remède ne serait-il pas, cependant, pire que le mal ? Comment définir les conditions que doit remplir la première dame ? Être l’épouse légitime du Président semble évident, et pourtant lourd de difficultés. En effet, il est probable qu’un jour ou l’autre, nous aurons une femme pour présider la République française. Le statut de première dame devrait alors être adaptable pour un « Président consort », un « premier monsieur ».
D’autre part, depuis la loi de Mme Taubira sur le mariage pour tous, le conjoint légitime du Président ou de la Présidente peut fort bien être du même sexe que celui-ci. On juge de l’embarras qui pourrait être celui des gouvernements des pays qui n’autorisent pas ce type de mariage – et qui sont largement majoritaires dans le monde, même s’ils deviennent minoritaires en Occident – obligés soit de recevoir le ou la partenaire du chef de l’État comme s’il s’agissait d’une épouse légitime, alors que leur législation ne le reconnaît pas, avec une possibilité de troubles intérieurs, soit de faire à la France l’affront de refuser de recevoir le consort du chef de l’État.
On voit que les foucades du Président Hollande et sa volonté de céder au lobby ultra-minoritaire LGBT en faisant adopter la loi Taubira ont créé, à la présidence même, une situation difficile à gérer qui fait de l’adoption d’un statut de première dame à la fois une nécessité (ou du moins une action souhaitable) et une impossibilité.
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