Stop au « prof-bashing » !
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Le 19 octobre, une journaliste du Figaro, dans l'émission « L'Heure des pros », déclarait que « les syndicats enseignants ont une responsabilité » dans la situation actuelle, car ils sont « gauchistes » et « dans le pas-de-vague ».
À la suite de cette émission, j'ai reçu un courrier d'une de mes anciennes élèves, devenue professeur (la pauvre !). Elle a « toujours voté FN, puis RN », elle a « choisi ce métier par conviction » et « elle aime ses élèves qui [le lui] rendent bien ». Elle aussi a eu droit à des réflexions comme « toujours en vacances ! » ou « si la jeunesse va mal, c'est à cause des enseignants fainéants et gauchistes », de la part de personnes généralement aisées, qui « n’encouragent pas leurs enfants à devenir professeur pour éduquer la jeunesse et trouvent normal de leur payer une école de commerce à 15.000 € l’année ».
« En rentrant dans ce métier », ajoute-t-elle, « j’ai pu croiser des enseignants qui votent à droite – eh oui, ça existe –, à gauche aussi, peut-être un peu plus qu’ailleurs, et je me suis toujours demandé pourquoi le gauchiste se sent investi d’une mission, pendant que le gars de droite préfère son portefeuille et choisit une autre profession. Et puis, si on a pu croiser un prof d’histoire louant Staline ou une prof d’espagnol nous proposant des films à chaque cours, on a aussi eu un professeur de mathématiques rigoureux, un professeur de français amoureux de Pascal, et bien d’autres plus ou moins bons, plus ou moins passionnants, mais investis et soucieux, pour la plupart, de bien faire leur travail, quelles que soient leurs opinions politiques. »
« Ce lundi matin, je suis donc allée au lycée comme tous les autres professeurs… Petit café, quelques sourires, un mot touchant du proviseur, et puis nous nous sommes mis à parler. J’ai pris en pleine figure la détresse de mes collègues, pour la plupart inquiets : un professeur d’histoire qui ne dort plus les week-ends car il retrouve chaque lundi un élève qui lui demande, avec un grand sourire, quand sera le cours sur Samuel Paty (cet élève est tchétchène). Une autre désemparée, car nous n’avons aucune alarme intrusion et des trous dans la clôture ; elle m’a avoué s’être acheté une bombe lacrymogène. »
Cette intervention de la journaliste, généralement mieux inspirée, a exaspéré mon ancienne élève : « J’espérais que la haine du prof se taise un peu plus que deux ou trois jours, mais aujourd’hui, j’ai envie de défendre mes collègues gauchistes. L’an dernier, ce sont les parents de "Louis", très bon élève, qui ont porté plainte contre un collègue pour une mauvaise note. Il y a deux ans, c’est une autre collègue qui a été agressée dans la rue par les parents de "Kevin". Oui le monde va mal, oui la jeunesse va mal, oui les islamistes sont à nos portes, prêts à porter le coup fatal, mais, comme chacun sait, on s’attaque souvent à celui qui est déjà à terre, c’est connu. »
Puis elle conclut : « En ces jours de deuil, j’aimerais que les parents qui demandent aux instituteurs d’apprendre à leurs rejetons à faire leurs lacets et aux professeurs d’apprendre à leurs ados à dire bonjour et merci, mais aussi que tous les parents d’enfants bien élevés, qui travaillent plutôt bien mais remettent souvent en question le professeur quand la note n’est pas à la hauteur ou ricanent gentiment, j’aimerais que ces parents remettent en question ce regard méprisant qu’ils portent sur le corps enseignant et qu'eux aussi se sentent un peu responsables. »
Je dois avouer que ce témoignage m'a touché. Gardons-nous des clichés et des idées toutes faites, qui ne rendent service à personne et dégoûtent du métier tous les professeurs, qu'ils soient de droite ou de gauche !
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28 commentaires
Que diriez-vous à la place de pratiquer un sport quelconque de s’inscrire à un cours de self-défense au minimum et le mieux de rejoindre un club des arts martiaux, le choix est vaste, hommes et femmes pour tous les âges, votre niveau montera avec la pratique. Je suis retraité, ceinture noire et plus dans trois disciplines des arts martiaux. Si une nécessité vient vous perturber, on ne sait jamais et ça pourrait servir. Je ne m’en suis servi que trois fois dans la rue.
Les films montrent toujours les profs qui rendent les copies en assaisonnant les rédacteurs à toutes les sauces, ce qui ne correspond pas du tout aux remises de devoir effectives. Les profs n’ont pas une seule classe, mais plusieurs. Dans les films, ils ont une seule classe. Autant de clichés qui donnent l’idée d’une profession figée de vieux maniaques.