Stop au « prof-bashing » !

Samuel Paty Conflans prof 2020-10-20 à 12.38.36

Le 19 octobre, une journaliste du Figaro, dans l'émission « L'Heure des pros », déclarait que « les syndicats enseignants ont une responsabilité » dans la situation actuelle, car ils sont « gauchistes » et « dans le pas-de-vague ».

À la suite de cette émission, j'ai reçu un courrier d'une de mes anciennes élèves, devenue professeur (la pauvre !). Elle a « toujours voté FN, puis RN », elle a « choisi ce métier par conviction » et « elle aime ses élèves qui [le lui] rendent bien ». Elle aussi a eu droit à des réflexions comme « toujours en vacances ! » ou « si la jeunesse va mal, c'est à cause des enseignants fainéants et gauchistes », de la part de personnes généralement aisées, qui « n’encouragent pas leurs enfants à devenir professeur pour éduquer la jeunesse et trouvent normal de leur payer une école de commerce à 15.000 € l’année ».

« En rentrant dans ce métier », ajoute-t-elle, « j’ai pu croiser des enseignants qui votent à droite – eh oui, ça existe –, à gauche aussi, peut-être un peu plus qu’ailleurs, et je me suis toujours demandé pourquoi le gauchiste se sent investi d’une mission, pendant que le gars de droite préfère son portefeuille et choisit une autre profession. Et puis, si on a pu croiser un prof d’histoire louant Staline ou une prof d’espagnol nous proposant des films à chaque cours, on a aussi eu un professeur de mathématiques rigoureux, un professeur de français amoureux de Pascal, et bien d’autres plus ou moins bons, plus ou moins passionnants, mais investis et soucieux, pour la plupart, de bien faire leur travail, quelles que soient leurs opinions politiques. »

« Ce lundi matin, je suis donc allée au lycée comme tous les autres professeurs… Petit café, quelques sourires, un mot touchant du proviseur, et puis nous nous sommes mis à parler. J’ai pris en pleine figure la détresse de mes collègues, pour la plupart inquiets : un professeur d’histoire qui ne dort plus les week-ends car il retrouve chaque lundi un élève qui lui demande, avec un grand sourire, quand sera le cours sur Samuel Paty (cet élève est tchétchène). Une autre désemparée, car nous n’avons aucune alarme intrusion et des trous dans la clôture ; elle m’a avoué s’être acheté une bombe lacrymogène. »

Cette intervention de la journaliste, généralement mieux inspirée, a exaspéré mon ancienne élève : « J’espérais que la haine du prof se taise un peu plus que deux ou trois jours, mais aujourd’hui, j’ai envie de défendre mes collègues gauchistes. L’an dernier, ce sont les parents de "Louis", très bon élève, qui ont porté plainte contre un collègue pour une mauvaise note. Il y a deux ans, c’est une autre collègue qui a été agressée dans la rue par les parents de "Kevin". Oui le monde va mal, oui la jeunesse va mal, oui les islamistes sont à nos portes, prêts à porter le coup fatal, mais, comme chacun sait, on s’attaque souvent à celui qui est déjà à terre, c’est connu. »

Puis elle conclut : « En ces jours de deuil, j’aimerais que les parents qui demandent aux instituteurs d’apprendre à leurs rejetons à faire leurs lacets et aux professeurs d’apprendre à leurs ados à dire bonjour et merci, mais aussi que tous les parents d’enfants bien élevés, qui travaillent plutôt bien mais remettent souvent en question le professeur quand la note n’est pas à la hauteur ou ricanent gentiment, j’aimerais que ces parents remettent en question ce regard méprisant qu’ils portent sur le corps enseignant et qu'eux aussi se sentent un peu responsables. »

Je dois avouer que ce témoignage m'a touché. Gardons-nous des clichés et des idées toutes faites, qui ne rendent service à personne et dégoûtent du métier tous les professeurs, qu'ils soient de droite ou de gauche !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

28 commentaires

  1. A moins de considérer ce métier qui est un des plus beau du monde, comme un « sacerdoce », c’est aussi un de ceux que je ne ferais pas, comme être policier, dans la situation actuelle. Hélas.

  2. Avant de parler de « Profs », parlons de français. On se fout que vous soyez prof ou balayeur. C’est la France qui est visée.

  3. Les profs patissent de 40 années de bisounoursisme dans leur métier. Rappelez-vous de ces profs en 81 intégrant l’Assemblée Nationale (à l’époque, c’était eux qui avaient la barbe, pas les islamistes). Ils prêchaient pour que les élèves les tutoient, pour plus d’empathie, pour la suppression des punitions………. Il ne faut pas s’étonner qu’ils ne soient plus respectés maintenant. Revenons au piquet, au coup de règle sur les doigts et à la fessée et beaucoup de choses seront réglées.

  4. Avec la politique de ce gouvernement absolument génial, nous n’allons plus avoir ni médecins, ni infirmiers, ni professeurs.

  5. L’état lamentable de déliquescence dans lequel l’éducation nationale se retrouve aujourd’hui, n’est autre que le résultat de la mainmise de la gauche sur celui-ci depuis des décennies.

    • Arrêtez avec la main mise de la gauche ou d’autres groupuscules. C’est de la faute des français qui ne savent plus ce qu’ils sont.

  6. Très bon et juste témoignage qui rejoint celui de ma petite fille enseignante…que les parents cessent de donner des ordres aux enseignants et même de leur pourrir la vie ..c’est déjà assez difficile pour eux comme cela.

  7. J’ ai été professeur toute la moitié du siècle dernier et j’ en garde un excellent souvenir!
    A l’ époque ,les élèves n’ étaient pas scotchés sur leur Iphone ,ils lisaient les oeuvres de nos grands écrivains et savaient écrire un texte!
    Il n’ était pas question de politique à l’ école qui était le lieu où les professeurs instruisaient et étaient soutenus par leur hiérarchie et les parents d’ élèves!
    Quelle époque heureuse!

  8. J’étais prof de langues; un grand nombre de mes collègues surtout les profs de français qui se prenaient pour des philosophes moralistes, plutôt ignorant de l’histoire de la géographie et de géopolitique traitaient ceux de droite et anti immigration de fasciste. Aujourd’hui ils seplaignet mais ont récolté ce qu’ils ont semé les bienfaits de la civilisation multiculturelle. Et surtout pas de discipline dite militariste. Tan pis pour eux, je ne les plains pas.

    • C’ est bien facile de dénigrer ses collègues ,j’ étais professeur de français et j’ avais de très bons rapports avec toutes mes collègues!
      Il ne faut jamais généraliser!

  9. Il aura fallu que ce soit dans un journal « très » à droite que je lise enfin une belle et simple analyse sur la noblesse et les difficultés d’être enseignant, en France et à notre époque, chose que de mémoire je n’ai lu nulle part dans un média de droite « classique ».
    Merci

  10. Avec quelques exceptions, la majorité du corps enseignant français est très à gauche, et on entend souvent la boutade qui dit que les derniers communistes ne sont plus dans les usines, mais dans l’Education Nationale. Pas forcément dans les salles de classe, mais également dans les couloirs du ministère où l’idéologie soixante-huitarde règne sans partage depuis un demi-siècle. Bref, ils récoltent ce qu’ils ont semé, et mème avant que le grand remplacement ne devienne évident, le bateau prenait déja l’eau faute de discipline dans les établissements. L’islam n’a fait qu’accélérer un processus déja bien engagé … Je me rappelle, je crois que c’était sous Sarkozy, que le corps enseignant avait refusé la présence de policiers dans les écoles … Grossière erreur … Les enseignants sont passés du statut d’influenceurs lettrés à celui de dompteurs sans fouets ni tabourets.

    • Cela doit dépendre des communes!
      Il reste encore des endroits privilégiés où les bonnes manières sont de cours ,où les parents sont civilisés et où les enseignants sont heureux ,mais de ceux là ,on n’ en parle pas beaucoup!

  11. La profession est malmené par nos élus qui ne font rien pour obliger certains gamins a être respectueux , qui donnent raison aux parents . Les enseignants ne sont plus soutenus par leur hiérarchie par peur , lâcheté , par refus d’affronter certaines populations au nom du  » pas de vagues  » . Certains cours d’histoire sont bannis ou déformés pour ne pas froisser ces populations . Pour excercer ce métier aujourd’hui il faut être courageux , la faute à qui , à nos élus depuis plus de 40 ans , qui par lâcheté se couchent devant certaines populations . Et il est vrai également que trop de parents se déchargent sur l’école et oublient qu’ils ont aussi des devoirs envers leus enfants .

  12. Enseignant retraité, je me reconnais tout à fait dans cette chronique. Le clivage entre professeurs m’apparaît plus générationnel que politique : être de droite ne m’a jamais empêché d’avoir de bons rapports avec les collègues de ma génération, majoritairement de gauche, partageant généralement une conception commune de l’enseignement et de l’éducation. Nous partagions la même exaspération
    devant de plus en plus de parents (principalement ceux issus des classes privilégiées) intrusifs, prétendant nous apprendre notre métier, exigeant de bonnes notes pour leur chérubin même si celui-ci ne montrait ni aptitudes ni ardeur au travail, devant ce discours de consommateurs d’un service dû par des prestataires, travaillant 18 heures par semaine, toujours en vacances, … Il faudrait encore ajouter l’absence de soutien la plupart du temps de l’administration, le fameux « pas de vagues », les principaux ou proviseurs devant dorénavant être des managers chargés de gérer au mieux et au moindre coût des enseignants et des « flux d’élèves ». Le clivage m’apparaît plus maintenant entre des enseignants, peut-être plus nombreux à droite, en tout cas soucieux d’exigence et de transmission des savoirs et de nouvelles générations formatées par les IUFM ou ESPE à l’idéologie gauchiste, plus intéressées à produire les futurs citoyens voulus par l’idéologie progressiste mondialisée.

    • J’ étais professeur de français dans un collège et personne ne parlait ni de politique ni de religion.
      Dans mon établissement nous n’ avions qu’ un seul but:enseigner!

  13. Avant de vouloir éduquer les enfants, ce sont les parents qu’ils faut éduquer…Et c’est à leur ministère de protéger les enseignants d’abord et à la justice de sanctionner ensuite toute menace, toute agression, avec une sévérité exemplaire…Pour l’instant, nos juges gaucho, ne sont d’une sévérité exemplaire que pour nos policiers…Gageons que si au lieu d’enseignants, les terroristes égorgeaient nos courageux juges, ça changerait…

  14. Mon grand père que je n’ai pas connu de mon vivant était prof de français et radical socialiste aux dires de, feu, ma mère . Mais il était complètement investi de sa mission d’enseigner le français , et les langues qui en dérivait . Le latin et le grec .
    De tout temps il était normal de trouver une majorité de gens de gauche parmi le corps enseignant puisque sa mission première était de sortir les moins privilégiés de la condition sociale qui leur était destinée . Tout cela par le mérite de l’élève et l’investissement du professeur qui se consacrait à ce qui s’apparentait à un véritable sacerdoce . Celui qui enseigne mérite le respect et respecte l’élève par le savoir qu’il transmet à l’élève ! Le problème ne vient pas necessairement des enseignants mais de tout ce qui environne la rééducation qui est de moins en mois nationale.. Les pédagogues , la hiérarchie , les syndicats FSU et autres qui empêchent l’expression libre mais qui facilitent l’introduction de la lubie woke ? C’est partout pareil , que ce soit pour la santé , la police et même l’armée . Il y a des serviteurs concernés et dévoués à ces nobles causes et à l’autre bout de la chaine ceux qui servent un projet d’ultra libéralisme qui n’est pas très compatible avec ces métiers qui demandent une bonne dose de vocation !

    • « puisque sa mission première était de sortir les moins privilégiés de la condition sociale qui leur était destinée ». Erreur. La mission de l’enseignant est… d’enseigner, de transmettre un minimum de connaissances à un jeune être pour lui apprendre un minimum de civilité. Si en même temps ça élève sa condition sociale, c’est tout bénef, mais ce n’est pas son rôle principal. Ne placez pas la charrue avant les bœufs, comme beaucoup de marxistes, hélas.

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