[STRICTEMENT PERSONNEL] Le mot juste

Dominique Jamet

Nous vous l'avions annoncée, la voici : "Strictement Personnel", la nouvelle chronique hebdomadaire de Dominique Jamet. Une parole libre. Boulevard Voltaire s'est engagé à n'y apporter aucune modification.

« Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde »« Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit ». Si connues et même si galvaudées que soient ces deux citations, respectivement d’Albert Camus et de Charles Péguy, pourquoi placer sous leur invocation cette première chronique ? C’est qu’elles ont la force tranquille de l’évidence, la lumière éclatante de la vérité. C’est qu’elles sont une lueur et un guide dans notre nuit.

Parlons vrai. Nous avons sacrifié notre autonomie, notre indépendance, notre souveraineté nationale, politique, économique sur les autels de l’atlantisme, du mondialisme, du fédéralisme, du libéralisme. Des décennies de mauvais gouvernement ont achevé la besogne.

Quand, pour la cinquantième fois consécutive depuis 1974, notre gouvernement présente un budget en déficit, que notre passif s’élève à 116 % de notre produit intérieur brut annuel, que le service de la dette est en passe de devenir notre premier poste de dépense, que notre pays, il y a cinquante ans quatrième puissance mondiale, a rétrogradé au septième rang et que la glissade se poursuit, -

Quand nous avons délocalisé, bradé, liquidé notre industrie, que nous importons plus que nous n’exportons, que nous achetons plus que nous ne vendons, que nous sommes tombés dans la dépendance de l’extérieur, -

Quand nous avons laissé péricliter, dépérir, s’abîmer notre agriculture, naguère notre fierté et notre richesse – pauvres mamelles de la France, aujourd’hui desséchées et que la rébellion de nos derniers paysans ne les garantit pas d’une extinction prochaine, -

Quand notre système scolaire et universitaire, longtemps admiré, envié et imité dans le monde entier ne cesse de rétrograder dans les classements internationaux, -

Quand notre système hospitalier, récemment encore cité en exemple, fait eau de toutes parts, que les lits sont fermés, les médecins débordés, les infirmiers et les soignants épuisés, que les services d’urgence, submergés, deviennent des parkings de brancards, -

Quand notre armée, exsangue, doit quitter piteusement, la queue entre les jambes, les États mêmes qui l’avaient appelée au secours, quand elle ne peut aider l’Ukraine qu’en lui livrant des matériels de longue date bons pour la réforme ou des canons modernes qu’en vidant ses arsenaux, -

Quand la voix de la France, au mieux, n’est plus entendue dans le monde et que son discours, incohérent, au pire, en est la risée, -

Quand les chiffres officiels estiment à quatre millions le nombre des mal logés, à près de quatre cent mille celui des sans-logis, et que celui des constructions nouvelles ne cesse de baisser, -

Quand l’État, impuissant, est aussi incapable de contrôler nos frontières, d’empêcher les entrées illégales sur notre sol, que d’expulser les indésirables de notre territoire, -

Quand le même État, officiellement mobilisé et pratiquement démissionnaire, a délégué à la pègre, avec la complicité passive de millions de consommateurs et la participation active de centaines de milliers de salariés qui constituent une véritable armée, réelle, du crime et, virtuelle, de la subversion, la production et la commercialisation des divers types de drogues, -

Quand les apôtres de la décroissance et les fanatiques de l’écologie punitive, dans une incroyable offense au sens des mots et au bon sens, osent qualifier de « déclinistes » ceux qui décèlent, décrivent, déplorent et dénoncent la déchéance et les multiples démissions de la France et de ses dirigeants, donc le déclin, -

Quelle expression serait la plus appropriée pour dire la réalité et définir l’état présent de notre cher et vieux pays ? Le « Grand Remplacement » ? Il n’en est que l’un des aspects, certes parmi les plus graves. Le « Grand Déclassement » ? La formule n’a rien d’exagéré. Mais Michel Onfray, cette semaine, parlait d’effondrement de la France et l’appellation me paraît finalement la plus adaptée aux temps lamentables que nous traversons. Donc le mot juste.

Il faudrait – il faudra ? - beaucoup de courage, beaucoup d’efforts et beaucoup de persévérance aux Français et aux gouvernants qu’ils finiront bien par se donner un jour pour procéder au redressement nécessaire et repartir à la recherche du rang perdu.

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Dominique Jamet
Journaliste et écrivain Président de l'UNC (Union nationale Citoyenne)

Vos commentaires

141 commentaires

  1. Tout ceci n’est qu’une introduction au problème. La vraie question est POURQUOI cet effondrement ? Pourquoi tout ceci qui paraît absurde et qui, évidemment, relève d’une logique, d’une volonté. – – – – – – A qui profite le mondialisme ? A qui profite le crime ? Il faudrait être aveugle, volontairement aveugle (déni) pour le pas le voir. A l’élite mondialiste, richissime et surpuissante, qui exploite et domine les peuples. Bref, à une extrême droite redoutable.

  2. Et avec un président , exerçant son deuxième mandat suite à une élection et une réélection qu’il faut ranger avec les curiosités démocratiques.
    Je viens de nulle part en politique , je suis élu très jeune à mon premier mandat électif , le plus prestigieux de mon pays , je ne représente en fait que moins de 20% des électeurs , je suis élu au deuxième tour avec les voix des électeurs castors apeurés par le diable de l’extrême droite auquel il est impératif de faire barrage .
    Je déconstruis la France avec méthode et application , je nie son histoire , je l’humilie à l’étranger , je méprise au grés des petites phrases assassines les Français d’en bas .
    Je suis mondialiste , immigrationniste , protecteur de l’islam , comme me l’ordonne l’U.E. , ou je compte bien pantoufler au terme de mon dernier mandat , au plus haut niveau cela va sans dire .

  3. « Nous avons sacrifié notre autonomie, notre indépendance, notre souveraineté nationale… »
    Nous, c’est qui ce nous? Qui, de nous, a été consulté et a donné son accord pour en arriver là ? Si, aujourd’hui, l’Europe et les accords internationaux nous anéantissent tous les jours un peu plus, c’est uniquement parce que nos élites n’ont cessé de trahir les intérêts nationaux. Supportera-t-on encore longtemps que ces élites là, premières ennemies de la nation, continuent tranquillement de vendre et de détruire la France en toute impunité ?

  4. Et depuis 1974 …( 1/2 siècle c’est pas rien ! ) les Français auront tout essayé , absolument tout , de l’extrême gauche complice de Mitterand à cette droite molle , stupide , cupide , cette droite la plus bête du monde …tout essayé paraît-il. Peut-être pas

  5. Merci Mr Jamet vous avez très bien fait l’état des lieux de notre pays ! c’est catastrophique ce qui arrive à la France et au français en particulier !

  6. « Nous avons sacrifié notre autonomie, notre indépendance, notre souveraineté nationale, politique, économique sur les autels de l’atlantisme, du mondialisme, du fédéralisme, du libéralisme » : ce serait vrai s’il n’y avait pas ce « nous ». Nous les français, nous n’avons rien décidé du tout. Tout s’est fait à notre insu et à contre-courant de ce que nous voulions qu’il fût ! Avec l’aide organisée et planifiée de toutes les médias publics aux ordres et engraissés par l’Etat de Gauche et de certains médias privés, les politiques de droite, du centre et de gauche (l’UMPS, ses devanciers et ses successeurs), dans une cohabitation alternante insultante pour la pensée, ont tricoté un « état de droit » pour notre pays et monté de toutes pièces l’UE un « machin » tentaculaire et déconnecté de la volonté des nations et ds peuples. Tout cela dans le but unique de dépecer la France pour mieux la livrer pieds et poings liés à la finance, aux banques et à l’étranger. Les français ont été chloroformés par l’Etat et les médias et rendus veulent et mous par l’argent facile qui n’a cessé de ruisseler un peu vers le bas et beaucoup vers le haut. La magie du verbe et la puissance de l’argent ont convergé et se sont alliés pour tuer de pays, cette « douce France » qui a été la mienne. J’en ai mal au coeur. C’est à vomir.

  7. je ne suis pas une visionnaire mais de bon sens: il y a eu 1968 , il y a eu 1981 avec la lutte Giscard/Chirac qui ont préféré un Mitterrand et depuis tout ce que l’on sait…Mais il y a surtout la bêtise de plus de 50% du peuple français lequel perd tous les jours une partie de son sol. Et ce n’est pas gagné ….

  8. Eh bien cher Monsieur ,que j’écoutais déjà » dans le poste » dans nos jeunes années, après avoir relu quelques pages de l’ancien testament sur les misères du peuple élu , il me semble que l’expression la plus appropriée pourrait être  » la grande apostasie » . Bien heureusement la forme de votre chronique reprend la musique du poème de R Kipling et nous ouvre à l’espérance : quand nous aurons subi suffisamment le châtiment pour prendre conscience de nos fautes , alors nous nous relèverons et nous redeviendrons des hommes . If en anglais , tu seras un homme mon fils en français .

  9. Ce constat est terrible de vérité et de lucidité mais il lui manque un aspect qui est le pire de tous: la déchéance morale.
    Un pays qui érige en droit constitutionnel la possibilité de tuer chaque année 230 000 enfants à naître, qui cherche les meilleurs mensonges ,osant même parler de dignité, pour habiller l’élimination des personnes âgées ou fragilisées par la maladie avant d’effacer bientot celles qui coûteront trop cher, un pays qui se couche devant les élucubrations d’apprentis-sorciers qui pretendent qu’un homme peut devenir une femme ou l’inverse laissant ainsi croire qu’il est plus fort que les lois naturelles de la biologie un pays qui vit et respire dans et pour le mesonge est un pays sans colonne vertébrale sans courage et sans àme. C’est un pays en voie de dissolution.

  10. Et bien Monsieur Jamet, pour une rentrée (appréciée] en fanfare, c’est une entrée en fanfare !
    Quel panégyrique énergique, précis clair, et circonstancié.
    Ce tableau détaillé a au moins le mérite de jeter une lumière crue sur une forme de ténèbres qui recouvre celle qui fut encore il n’y a pas si longtemps la grande France.
    Je fais parti de cette caste honnie de plus de 70 ans, ceux que certains aiment insulter de « boomers », qui ont commencé à bosser plus de 8 heures par jour, au moins 5 jours par semaine, sans extensibles congés payés, à l’époque où leur France était grande et respectée dans le monde.
    Époque où nous travaillions avec plaisir, voire bonheur, sans ordinateurs portables, sans fax, sans même un portable greffé à la main, rien de ça n’existerait…
    Nous connaissions tous nos numéros de téléphone par cœur !
    Même étudiants la calculette était interdite en cours, évidemment lors des examens et concours…
    Alors oui, après cette lecture qu’est la vôtre, j’éprouve beaucoup de peine.
    Certains me diront, « vous êtes responsables de tous nos maux. », je leur réponds « maux pour mots » que nous avons eu tort de leur créer la facilité.
    Et maintenant, que faire de ce pays au bord de l’explosion, du gouffre ?
    « Help » pour la France !

    • C’ était l’ époque où ,institutrice en CP ,j’ avais le plaisir de voir que mes petits élèves savaient lire ,écrire correctement à la fin de l’ année et surtout réfléchir car ils n’ étaient pas ,alors ,esclaves des écrans!

  11. Comment peut-on diriger un beau et grand pays comme la France et ne pas vouloir voir ce « Grand Déclassement » et surtout ne rien faire pour y remédier ?

  12. Avec mon modeste groupe régional de presse, j’ai, voilà plus de 20 ans, commencé à dénoncer, ce que déclare ouvertement, aujourd’hui, Dominique Jamet. Je n’ai reçu en réponse que des critiques et des coups, notamment de la part de nos administrations. J’étais soi-disant de droite, et eux s’honoraient de toutes les vertus de gauche.
    Oui, pas le moindre soutien, même pas de la part des « gens » dits de droite. Car on le sait, ces derniers, pour avoir la paix, sont prêts à pactiser avec le diable.

    • Mr RIOUFOL le faisait aussi dés 1985. Il parait évident que des intérêts autres que la culture Française, sont aux manettes ! C’est 1 millefeuille de volonté anti-France et donc culture dite à la Française ! La France est 1 GIRATOIRE géo économique et sociétal ! De l’Europe, mais géographiquement, donc commercialement, pour la Planète aussi ! C’est 1 de ses talons d’Achille à défendre BEC et Ongles ! Pour le comprendre, analyser la réglementation commerciale du Transport International Routier (TIR) SCIEMMENT, mis en place par TOUS donc les décideurs Zeuropéens dés 1980 …

    • Il ne faut jamais compter sur le soutien des gens médiocres qui voient le monde à l’ aune de leur médiocrité!

  13. C’est un pavé,
    C’est une enclume,

    « Il faut toujours dire ce que l’on voit«  et bien le
    dire est tout un art.
    Je me réjouis de votre nouvelle chronique en terre de résistance qu’est B.Voltaire.

  14. C’est beau et tellement vrai, mais c’est si triste qu’il y a de quoi pleurer les larmes de la terre…

  15. Excellent résumé , et oui il  » faut » et pas il faudra ou faudrait , et vite , il y a urgence un nouveau gouvernement capable de redresser ce pays , de lui redonner sa gloire d’antan . Mais avons nous encore des hommes et des femmes qui souhaitent ce grand changement , qui sont dignes des voix du peuple , qui ne pensent pas qu’à leur confort et à faire fortune au détriment du peuple . Depuis plus de 40 ans nous avons accordé notre confiance à des menteurs , des tricheurs et des voleurs , des opportunistes , des arrivistes , avides de gain et de pouvoir .

    • Je pense que nous en avons et c’est bien pourquoi les nantis leur tirent dessus à boulets rouges : si les électeurs lucides ne se bougent pas, la France ne se relèvera pas car le point de non-retour est proche

    • La plupart des Français depuis 1981 ont été leurrés par les socialistes mais aussi par la droite UMP-LR
      Cette fois-ci , profitons des élections européennes pour « virer » ces gauchistes de l’UE

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