[STRICTEMENT PERSONNEL] L’homme qui faisait comme si…
Il n’y a pas de crise de régime, il y a seulement une crise politique provoquée par un apprenti-sorcier.
Un Président qui préside, un gouvernement qui gouverne, un Parlement qui contrôle. Au premier l’impulsion, les grandes orientations, la représentation de la France dans le monde ; au second la conduite quotidienne des affaires ; au troisième le vote du budget, des lois et le contrôle du second, avec la possibilité de le censurer, tempéré par le droit de dissolution conféré au premier. Tels sont les principes et les grands équilibres sur lesquels repose la Constitution votée en 1958 par 80 % des Français et substantiellement modifiée depuis 1965 par l’élection du chef de l’État au suffrage universel.
Bien que sottement amendée sous Jacques Chirac, avec la fin de la dissociation entre le temps présidentiel et le temps législatif, cette Constitution avait fait ses preuves, à la différence de celles qui l’avaient précédée, et n’était pas loin de fêter gaillardement ses soixante-dix ans, battant ainsi le record de la IIIe République et pulvérisant, bien entendu, le score de la IVe. Mais les institutions ne valent que ce qu’en font les hommes mêmes sur lesquels elles reposent, et l’étrange péripétie que nous traversons en est l’éclatante démonstration.
La prééminence du pouvoir exécutif
La Constitution de 1958 postulait dès sa conception la prééminence de fait du pouvoir exécutif. Ainsi l’avaient voulu, sous l’égide du général de Gaulle et dans l’esprit de son discours de Bayeux, ses pères fondateurs. L’amendement essentiel de 1965, soumis au référendum, assurait et légitimait cette primauté en créant un lien particulier entre le président de la Ve et le peuple tout entier, convoqué le même jour dans le cadre d’une circonscription unique identifiée à la France, la contrepartie de ce sacre démocratique et républicain étant qu’il supposait l’existence, la manifestation et la pérennité d’un accord entre la majorité des Français et l’homme qu’ils avaient librement et consciemment élu.
Telle était, du moins, la conception de sa légitimité que se faisait le général de Gaulle, la règle qu’il s’était fixée, qu’il avait explicitement formulée, qui justifiait à ses propres yeux son élévation et son maintien à la tête du pays pendant les onze années de son règne… et qu’il s’appliqua, en toute rigueur, le jour où il estima que le peuple lui avait signifié sa désapprobation.
Il ne s’en fallait pourtant que de deux points pour que le « oui » l’emportât à l’issue du référendum, somme toute d’importance secondaire, portant sur la régionalisation et la réforme du Sénat, que le Général avait organisé pour prendre une fois encore le pouls de son cher et vieux pays. Vingt-quatre heures après avoir été mis en échec, le 28 avril 1969, de Gaulle annonçait sa démission et prenait congé de la politique pour entrer, cette fois sans retour, dans l’Histoire.
K.O. à quatre reprises
Ce n’est pas une fois mais bel et bien à quatre reprises, et ce n’est pas à deux points près mais par K.O. que l’actuel successeur en titre de l’homme du 18 juin a été mis en minorité par les Français, et ce n’est pas vingt-quatre heures après une défaite honorable qu’il en a de lui-même tiré la conclusion, mais en dépit d’une série ininterrompue de camouflets et de paires de claques de plus en plus retentissantes qu’Emmanuel Macron persiste à nier le rejet que lui ont signifié les électeurs et s’accroche lamentablement au siège dont il a été, de fait, éjecté.
Réélu en 2022 par une majorité de rencontre qui n’était cimentée que par la peur ou la détestation de sa concurrente, Emmanuel Macron, dans la foulée, ne recueillait aux législatives qui suivirent qu’une majorité relative - soit, en bon français, une minorité effective - et ses Premiers ministres successifs étaient réduits à utiliser à répétition le fameux 49.3 pour imposer de justesse des projets et des réformes soit impopulaires soit vidés de leur contenu par le Conseil constitutionnel. Le 9 juin dernier, quand le Rassemblement national dépassait les 30 %, l’équipe qui portait les couleurs présidentielles arrivait en troisième position, avec 14 % des suffrages exprimés. Le 30 juin et le 7 juillet, le coup de génie de la dissolution, coup de poker tournant au coup de Trafalgar, se serait soldé par un désastre si une alliance de circonstance, reniée par ses différents partenaires aussitôt que conclue, n’avait in extremis permis à la Macronie de limiter les dégâts.
Parce que ces élections improvisées, après une campagne hagarde et des rapprochements contre-nature, ont débouché sur l’Assemblée ingouvernable que l’on sait, des commentateurs hâtifs ont parlé de crise de régime ; d’autres, qui n’y voient pas plus loin que le bout de leur nez ou de leurs intérêts, ont préconisé le retour à la proportionnelle dont la brève histoire de la IVe, aujourd’hui bien lointaine, avait pourtant permis de constater les méfaits – coalitions partisanes et combinaisons immorales, instabilité et impuissance des gouvernements, triomphe et dégoût du régime d’Assemblée… Il n’y a pas de crise de régime, il y a seulement, et c’est déjà bien assez, une crise politique provoquée par un apprenti sorcier qui a lui-même ourdi le piège où il s’est emmêlé, creusé le trou où il est tombé, et sorti à mauvais escient, comme s’il s’agissait d’une arme automatique, le beau joujou, le fusil à un coup de la dissolution.
L'ombre du Président Lebrun
Un autre que lui aurait assumé et tiré les conséquences de l’ultime erreur qu’il avait commise. Un autre que lui, autrement qualifié, autrement chevronné, avait donné, par deux fois, immédiatement, l’exemple de l’honneur et de la dignité, dans la défaite, en 1940, devant l’échec, en 1969. Emmanuel Macron a fait un autre choix.
Il y a maintenant trois mois que le président de la République refuse de reconnaître qu’il a perdu et la face et la partie, trois mois qu’il tente de gagner du temps et en fait perdre à la France, trois mois qu’il s’accroche désespérément aux rideaux et aux apparences du pouvoir.
Le mandat qu’a reçu en 2022, pour la deuxième fois, M. Macron est juridiquement incontestable jusqu’à son terme légal, soit encore trois ans. Mais quelle légitimité, quel niveau de légitimité, quelle part de légitimité conserve-t-il ? Entre Brégançon, Le Touquet et l’Élysée, entre Jeux olympiques et Jeux paralympiques, entre Belgrade et Bruxelles, entre fausses consultations et vraies ingérences, le chef de l’État, chef de plus en plus nominal, État de plus en plus contesté (et, ici, comment ne pas se souvenir du général de Gaulle, jugeant le Président Lebrun ?), continue, sous le feu des projecteurs, de jouer le one-man-show dont il est depuis sept ans l’auteur, l’interprète, le personnage unique et la seule vedette, et feint de ne pas entendre les huées des spectateurs. Que lui importe ! Dès lors et aussi longtemps qu’il occupe le devant de la scène, le Président s’amuse. Il est bien le seul.
Dominique Jamet
Journaliste et écrivain
Président de l'UNC (Union nationale Citoyenne)
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24 commentaires
« …..le Président s’amuse. Il est bien le seul. » . Ce que ne veulent pas reconnaître les médias et dénoncer : Macron se satisfait des échecs de la France, de son affaissement généralisé. Son seul objectif, laminer la France afin de mieux l’asservir auprès de Bruxelles. Dès juillet 2017, il mettra tout en œuvre pour prendre le pouvoir sur Bruxelles, les nations à sa botte. Un esprit dictatorial n’agit pas autrement.
Malheureusement très très exact…
Entièrement d’accord avec P.Perceveaux.
Le problème :la Constitution avait été taillée pour le Général, et le costume est devenu trop grand au fur et à mesure que les présidents se sont succédés.
Tant et si bien que nous nous trouvons dans une situation absurde. La France est ingouvernable. La proportionnelle n’est en effet pas adaptée à des élections législatives par circonscriptions.
Pourquoi pas le scrutin majoritaire, mais à un seul tour….Les alliances se font avant ;ainsi l’électeur s’exprime en toute connaissance de cause.
Si la formation gagnante n’a pas la majorité absolue, elle bénéficierait d’une prime lui permettant d’obtenir
50 % des sièges à l’AN plus 1.
Comment se fait-il que les Mélancon et cie, ceux qui demandent la destitution de Macron, ne tentent pas de le faire par le biais d’un examen médical, d’une expertise psychiatrique ? Est-ce impossible dans une démocratie ou craignent-ils simplement d’y être soumis eux-aussi ?
Les électeurs ont eu peur de la soi-disante « extrême-droite » en 2017 / 2022 et aussi en 2024, ils ne sont pas contents des résultats de leurs élus ? Mais il y a eu en quelques années trois occasions d’en changer,que diable ne l’ont t’ils pas fait ? La responsabilité en incombe donc à ces électeurs « castors » spécialistes de la construction de « barrages ».Dans la vie,on récolte ce que l’on sème, alors qu’ils cessent donc de pleurnicher maintenant.
On peut penser et dire, et à raison, tout le mal possible de Macron. Il n’en reste pas moins que si cet individu continue à pouvoir nuire à la France, c’est bien parce qu’une majorité de Français « barragistes » le permet. Alors que l’intelligence artificielle est de plus en plus présente dans nos vies, il semblerait que la connerie naturelle ait encore de beaux jours devant elle.
Mais posez vous aussi la question ! QUI donc a poussé ces français « barragistes » vers ces barrages « républicains » impensables, contre-nature et lisiblement mortifères pour nos institutions démocratiques ? QUI a ainsi donné du ressort à cette coalition hétéroclite de gauche pro-islamiste et anti-France ?
Quand on donne des allumettes à un apprenti-sorcier, il finit par savoir s’en servir… et sans besoin d’intelligence artificielle… Et voilà…
L’un, le Général De Gaulle, aura perdu dans l’honneur, l’autre, celui qui détruit le pays en ce moment, s’il démissionne ce qui m’étonnerait tant il est imbu de sa petite personne, aura perdu dans le déshonneur. C’est cela que l’Histoire retiendra.
Grâce aux français
Le Président , le Premier ministre , le Parlement , à ce trio mis en scène par la Constitution de 1958 , pour gouverner notre pays , il faut ajouter les Juges européens et Français , et l’UE.
La première élection du divin jeune homme politique est due à un coup d’Etat judiciaire , la justice n’a jamais fonctionné aussi vite , et au diable de l’extrême droite sorti de sa boite au deuxième tour .
Ensuite l’Amateur suprême s’est entouré d’un majorité d’amateurs députés .
Sa deuxième élection , sans campagne électorale , est aussi due au diable de l’extreme droite sortie de sa boite au deuxième tour , mais cette fois point de majorité de députés apprentis .
Une succession de votes contre un adversaire diabolisé , c’est aussi une nouveauté non prévue par la Constitution .
La finance mondiale dirige tout et place ses pantins comme elle l’entend. Le jeu des partis au moment des élections est une tromperie inégalée pour les citoyens électeurs. On entend la plupart des votants dire qu’ils n’ont pas voté Macron, dire qu’ils ne sont pas pour le RN ou encore dire qu’ils s’abstiennent. Ce jeu dure depuis 40ans et permet de mettre à la tête de l’état des charlatans professionnels qui n’ont que le patriotisme de leur portefeuille. La Veme république agonise et va être incinéré. Ensuite les contribuables payeront royalement la retraite d’un Macron qui aura tout fait pour leur nuire.
Ce n’est pas le système qui est malade : nous en avons connu plusieurs et tous finissent ainsi ; c’est la France assez métissée pour voter contre les Patriotes . Personne n’a forcé les électeurs à voter par deux fois pour ce freluquet européiste destructeur de frontières . Les Français sont veules pour la plupart, anesthésiée pour l’autre comme le prouve leur désaffection pour les urnes . Le pays est en soins palliatifs.
A ceci près,Monsieur JAMET, que le Président ne s’amuse pas, il est missionné par les véritables dirigeants du monde, les Financiers. Et ceux-ci veulent la disparition de la « démocratie », leur épine dans le pied ! D’ou l’Europe de Von Der Leyen.
Bravo!
Bien vu ! l’UE est une machine infernale à détruire les nations et les peuples historiques , d’ou le grand remplacement à marche forcée avec l’immigration sans entrave .
M. Macron a réussi le tour de force de se faire détester, personnellement, à la fois par les français que par les européens de l’UE. Le problème est qu’avec lui et par lui la détestation généralisée se manifeste aussi à l’égard de la France. Les Lumières du siècle du même nom se sont éteints à jamais pour ce pays et son peuple. On commencera bientôt à ne parler de la France et des français qu’au passé.
Si il y avait vraiment des politiciens sincères, aucuns d’entre eux n’auraient du accepter de faire partie de ce gouvernement, et laisser ce pitoyable président seul et finir par présenter sa démission, hélas les appartements de la noblesse et le personnel qui va avec les attirent comme des aimants, et le petit plus la voiture à cocarde avec une escorte de motards, leur donne l’impression qu’ils sont importants
Pitoyables hommes politiques , le pire les moutons sauveur de la république continuent a les remettent en place ,pauvre France !!
Notre pays est en cours de deconstruction acceleree et ce n’est pas le « nouveau gouvernement » clone parfait du précédent qui va changer les choses..d’ailleurs Mme Thevenot s’est dite aujourd’hui rassurée sur les intentions du » nouveau gouvernement » (a la main de Macron)..c’est catastrophique..
Destitution puis censure si la première solution n’est pas adoptée car l’impasse est insurmontable .