[STRICTEMENT PERSONNEL] Quand l’Allemagne coupe l’herbe sous le pied des marchands de chanvre
L’alcool tue. On le sait, de reste. Le tabac tue. On a fini par le comprendre. Les victimes, a priori consentantes, de ces deux ennemis qui sont censés nous faire du bien encombrent, aujourd’hui comme hier, les hôpitaux et s’entassent dans les cimetières, plus vite et plus tôt qu’elles le devraient. A-t-on jamais, pour autant, sérieusement envisagé de les interdire ? Ces deux poisons perfides sont intimement associés à notre Histoire, à notre culture, à notre civilisation même ; le premier depuis… toujours, le second depuis quelques siècles. On notera, cependant, qu’on ne boit plus comme au temps de L’Assommoir et que les monstres sacrés du cinéma ne fument plus cigarette sur cigarette, à la Humphrey Bogart, ni à l’écran ni dans la vie. La raison, l’information, l’obsession de la diététique, accessoirement la hausse constante du prix du tabac, ont débouché sur un modus vivendi acceptable. Alcoolisme et tabagisme, qui posent assurément un problème de santé publique, ne sont plus les fléaux sociaux et nationaux qu’ils purent être il n’y a pas si longtemps.
Il n’en est pas de même d’autres formes de toxicomanie. Lorsqu’au tournant des années soixante et soixante-dix, commença de déferler sur nous la vague de la « drogue », pour employer le terme générique qui confond dans le même mot et le même flou des produits très différents les uns des autres, la première réponse des démocraties occidentales, et trop souvent leur seule réaction, fut, comme dans les années 1930 aux États-Unis sous régime sec, la condamnation, la répression, la prohibition.
L'échec de toute prohibition
Même erreur, conséquences analogues. Lorsque se manifeste puis se développe – ce qui était et demeure plus que jamais le cas – une demande forte à laquelle ne répond aucune offre légale, autorisée ou tolérée, c’est tout naturellement le crime organisé qui prend en main une clientèle objectivement, parfois même consciemment complice d’une transgression qui ne peut trouver satisfaction que dans sa participation à un délit. La prohibition générale de la drogue a fait de la planète un gigantesque Chicago sur lequel règnent des clones d’Al Capone à qui leurs gigantesques revenus - ce pactole souterrain qui échappe largement aux évaluations, à l’imposition, à la confiscation - confèrent une influence, un pouvoir, des moyens de corruption, de chantage dont n’avaient jamais disposé les minables Scarface en chapeau mou, gagne-petit de fusillades artisanales magnifiées par les premiers films parlants en noir et blanc.
Des pays entiers, et pas seulement les confettis de l’Amérique centrale mais de grandes puissances, sont devenus des narco-États. Ainsi du Panama, de l’Équateur, ainsi du Mexique où les mafias de la drogue - infiltrées dans la police, la justice, l’administration, les élections locales, les coulisses du pouvoir - terrorisent les médias, les populations, les gouvernements, corrompent, assassinent et massacrent en toute impunité. Sauf à espérer un sursaut quasi miraculeux comme celui qui a vu la population du Salvador soutenir le président courageux qui a osé déclarer, puis faire, la guerre au crime triomphant sans se laisser intimider par les critiques que lui adressent les défenseurs des droits de l’homme et de l’assassin.
Nous n’en sommes pas là en France, dira-t-on. Et de citer en exemple les opérations de police annoncées en fanfare et menées à grand bruit dans les cités gangrenées par le trafic et les trafiquants de substances interdites et néanmoins disponibles à tous les coins de rue. Voire… Le bilan des prises effectuées et des suites données aux quelques interpellations réalisées est dérisoire, au point que l’on est amené à s’interroger sur l’étanchéité des bureaux où se décident les raids et, donc, sur les éventuelles infiltrations du dispositif répressif par ceux qu’il est censé surprendre et confondre. Les représailles qui ne se sont pas fait attendre – l’incendie de plusieurs voitures de police – ont tout d’une piqûre de rappel sur le mode : nous ne vous garantissons une relative paix sociale que si vous ne nous gênez pas dans notre commerce. N’oubliez pas que nous sommes les premiers employeurs des quartiers populaires et qu’une interruption durable de nos activités mettrait au chômage les dizaines de milliers de salariés qui, dans les milliers de points de deal recensés, assurent la survie des cités… Faut-il vous rappeler les émeutes de juillet dernier ?
Perseverare diabolicum
Voyons les choses en face et disons ce que nous voyons. Il y a une cinquantaine d’années, l’Occident a engagé une guerre sans merci contre la production, la commercialisation et la consommation d’un certain nombre de substances ou de produits stupéfiants, euphorisants, hallucinogènes, toxiques ou létaux. Au fil des années, le nombre des adeptes ou des addicts de ces produits n’a cessé de croître. Aux États-Unis, en pointe dans la lutte contre la consommation de drogue, le nombre des morts par overdose a dépassé les 100.000, l’an dernier, et constitue la première cause de décès pour les classes d’âge comprises entre vingt et trente ans. Nous avons perdu la guerre contre la drogue. Faut-il poursuivre une politique qui a échoué ou se demander si tout n’est pas à revoir dans ce domaine particulier ou plus généralement ? Lorsqu’on aboutit à un résultat inverse à ce qui était cherché, qu’est-ce qui est le plus absurde ? De s’obstiner ou de réfléchir vraiment ?
Une lueur de bon sens dans l’obscurité ? Dans le cadre d’un processus législatif qui a été étonnamment peu commenté, l’Allemagne vient de dépénaliser, donc d’autoriser, sous conditions la vente, l’achat, la production et la consommation de haschich « récréatif ». C’est reconnaître et réglementer dans un sens libéral un marché de quatre millions d’usagers réguliers, soit un million de moins qu’en France. C’est aussi couper l’herbe sous le pied des margoulins vendeurs de chanvre, de rêve et de fumée. On ne les plaindra pas.
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59 commentaires
« Faut-il poursuivre une politique qui a échoué ? Lorsqu’on aboutit à un résultat inverse à ce qui était cherché , qu’est-ce qui est le plus absurde ? De s’obstiner ou de réfléchir vraiment ? » Je souhaiterais juste que cet article de Dominique Jamet soit lu par le Docteur Contestin , bien connu « ICI » ! Quoique depuis le temps , je me suis fait à l’idée qu’il était aussi « borné » que peut l’être un État dirigé par l’inconséquence de ses Dirigeants « Politicards » , non pas motivés par l’avenir du Pays , mais par le seul souci de leur « Confort » personnel , en quelque sorte , la rançon de la Démocratie où la « corruption est institutionnalisée » ! Je regrette que ce soit l’Allemagne qui nous montre le chemin , quoique de nombreux autres Pays l’aient fait avant , sans JAMAIS revenir en arrière !
Dominique Jamet serait plus convaincant s’il accompagnait sa défense du haschich « récréatif » par un souhait de voir promue, en même temps, une vraie politique d’alertes aux méfaits de cette drogue. Quant à l’Allemagne fait elle cette campagne d’alertes ? D’autre part, il faut bien admettre que la liberté de consommation des alcools et autres tabacs est un modèle de raisonnement totalement contestable: il n’y a pas de trafic maffieux pour ces « drogues » licites, certes, mais leurs impacts néfastes pour la santé sont réels, et leur production est bien au mains de gens qui ont des moyens de pressions sur les Etats dignes du temps d’Al Capone….Si le Hashish devient un produit banalisé comme le vin et la cigarette, nos sociétés auront gagné quoi, au change (trafiquants et fusillades remplacés par des malades et des zombies, dans les écoles et dans les rues) ? Ce sera mieux ?
« Faut-il poursuivre une politique qui a échoué ? Lorsqu’on aboutit à un résultat inverse à ce qui était cherché , qu’est-ce qui est le plus absurde ? De s’obstiner ou de réfléchir vraiment ? » Je souhaiterais juste que cet article de Dominique Jamet soit lu par le Docteur Contestin , bien connu « ICI » ! Quoique depuis le temps , je me suis fait à l’idée qu’il était aussi « borné » que peut l’être un État dirigé par l’inconséquence de ses Dirigeants « Politicards » , non pas motivés par l’avenir du Pays , mais par le seul souci de leur « Confort » personnel , en quelque sorte , la rançon de la Démocratie où la « corruption est institutionnalisée » ! Je regrette que ce soit l’Allemagne qui nous montre le chemin , quoique de nombreux autres Pays l’aient fait avant , sans JAMAIS revenir en arrière ! Vous posez la question : « Nos sociétés auront gagné quoi au change » La réponse est pourtant simple : Actuellement la « Société » perd sur TOUS les aspects du problèmes , TOUS , pendant que les « Profits » vont TOUS aux trafiquants , c’est un fait .
Le trafic continuera. D’autres drogues plus dangereuses existent sur le marché. Crack et tant d’autres, qui détruisent les êtres humains.
La plupart des pays qui ont légalisé sont vite revenu à la répression, car le milieu proposera de la coke et des produits de synthèse encore plus dangereux, d’ailleurs, c’est déjà le cas en France
Après le chanvre récréatif, il faudra parler de la cocaïne récréative et ainsi de suite. Tous les pays qui libéralisent la drogue voient la consommation des stupéfiants augmenter. Est-ce que l’Europe veut ressembler à la Chine de l’époque de l’opium roi ? . Avons nous seulement tenté de mener une véritable guerre aux narco-trafiquants ?
Le seul moment de lucidité que vous ayez eu en écrivant cet article est de nous avoir parler du Salvador et de sa réussite dans sa véritable guerre contre les réseaux de la drogue.
Pourquoi les gouvernements ne mène pas une guerre réelle cntre les narco ? Cherchez la réponse !
Quitte à être » fâchés » avec le Maroc,et au lieu de jeter un » pognon de dingue « dans un conflit qui ne nous regarde pas..Brûlons les champs de canabis ou ils sont,retablissons de vraies frontières nationales et prison à vie pour les trafiquants( sans tv,téléphone,drogue,ou promenades piscine)
Ce serait ça la véritable fermeté.
La dépénalisation de la drogue entraine une augmentation de sa consommation et avec elle tous les maux y attenant. C’est documenté dans tous les pays qui ont franchis le pas. Mais ça rapporte des taxes. Le fric avant tout, la santé après.
Le canabis c’est du poison.
Si la beu n’est plus rentable les dealers se tournerons vers d’autres marchandise et à moins de dépénaliser toutes les drogues, y compris les pires poisons, le trafic existera toujours.
Partout ou la drogue a été légalisée sa consommation a augmenté , et l’Etat a pu faire des recettes fiscales .
Une fois de plus , comme avec les migrants , l’Allemagne décide toute seule , et le reste de l’UE subit les conséquences de sa décision.
J’ai lu votre remarque après avoir rédigé la mienne: une parfaite communauté de vue.
C’est simple : quand l’état vendra pour 10€ le THC à 10%, les trafiquants vendront le 20% pour 5€. Que préfèrera le consommateur ?
Les produits seront taxés (l’etat voudra sa part de gateau )donc non competitif .idem le tabac français face au tabac espagnol et çà continuera à fabriquer des fous
C’est sans doute un des outils envisagé pour lutter contre le déficit budgétaire abyssal de notre pays.
Pourquoi pas ? Etant opposé à toute forme d’interdiction, je ne suis pas contre cette légalisation. C’est à chacun de surveiller la santé de son propre corps. Par contre, il faut que les soins consécutifs à la surconsommation de ces produits ne soient plus remboursés.
Les frais de santé engendrés par la consommation d’alcool et de tabac sont totalement pris en charge, y compris les frais liés au sevrage de ces addictions, pourquoi en serait-il autrement pour le reste ? En France on subventionne tout, y compris le droit à la paresse. L’autre question qui se pose est de savoir si cela mettra fin à la criminalité ? Qu’en est-il dans les pays qui ont assoupli la législation, comme les Pays Bas ? Ce n’est pas très convaincant, les Pays Bas sont devenus la plaque tournante du trafic de drogue en Europe et on n’hésite plus à parler de narco-état, les personnalités politiques y sont mêmes menacées. La légalisation ne rendra pas honnêtes les trafiquants, pas plus que la fin de la prohibition n’a fait disparaitre la criminalité aux USA. Le crime mutera, s’adaptera, mais ne disparaitra pas. Il faut, pour la drogue, mener des campagnes de prévention auprès des jeunes, comme on l’a fait pour l’alcool, le tabac, la prévention routière. Il faut éduquer, s’il n’y a pas de consommateurs, il n’y aura pas de trafic (idéalement, bien sûr), et ça vaut pour tout le reste. Aujourd’hui c’est le contraire, on présente la drogue comme un loisir ludique et récréatif. C’est purement scandaleux. Il faut ensuite un volet pénal vraiment répressif. Gonfler les muscles et envoyer les CRS deux jours dans une cité après une fusillade pour saisir 1 kg de shit et verbaliser trois voitures en stationnement gênant, ce n’est pas de la répression, c’est de la publicité mensongère de l’équipe macronienne. La volonté n’y est pas, j’ignore pourquoi, mais c’est comme ça.
La différence entre alcool/tabac et cannabis est que d’une part,ils existent depuis des siècles (voire millénaires) alors que la drogue ne fait un tabac (sic) que depuis 50ans, d’autre part ils sont (ou ont été) de production française et non importés de l’autre coté de la planète. Quant à la publicité mensongère macronienne (pléonasme !), je suis entièrement d’accord.
De plus, ils sont tous les 2 lourdement taxés, alimentant de ce fait la Sécu. Ce qui n’est pas le cas du cannabis qui ne rapporte rien à l’état.
Bla bla bla….
C’est du pipeau…
C’est du …pipeau !
Cette condition devrait déjà exister. La communauté n’est elle pas amenée à participer aux soins de ceux qui se sont empoisonnés volontairement ; n’est ce pas déjà le cas de l’ alcook et du tabac ?
Le rêve des dirigeants: quand ils sont dans les vapes ils ne pensent pas à leurs retraites.
Ont ils vraiment lutter comme il fallait pour mettre fin à ces trafics , permettez moi d’en douter car comme pour le reste il y a toujours cette phrase qui domine » le pas de vague » . Alors s’il faut effectivement vendre de la drogue dans les bureaux de tabac ou les pharmacies pour se débarrasser des dealers et trafiquants eh bien qu’on le fasse .
Et les dealers et les trafiquants iront bosser sur le chantier pour 1000 €/mois ? Je n’y crois pas un instant. On va déplacer la criminalité vers d’autres activités peut-être encore plus violentes. Le volet pénal est indispensable, pas suffisant, mais nécessaire, or ce n’est pas le cas aujourd’hui, la question n’est même pas abordée.
Eh ben voyons…
Evidemment, dans nos sociétés incapables de force et d’autorité, il est bien plus simple d’autoriser et de démissionner. Le cannabis est un poison violent qui attaque les cellules cérébrales et transforment ses adeptes en légumes quand il n’est pas un agent déclencheur de la Schizophrénie… C’est un problème de santé publique infiniment plus grave que l’arnaque Covid. C’est aussi et souvent le premier pas dans l’enfer de la drogue avant de basculer vers les drogues dures.
Il faut mener contre le cannabis les mêmes campagnes que contre l’alcool et le tabac. Il faut sanctionner durement les consommateurs. Il faut ruiner les trafiquants en saisissant partout leur biens. Il faut une justice spéciale comme pour le terrorisme. Enfin, une fois arrêtés, il faut isoler et interdire tout moyen de communication à ces criminels pour stopper leurs trafics. Enfin, le cannabis ne tombe pas de la lune. Il est cultivé. Il faut sanctionner durement les pays de production.
Vous mettez le doigt là où ça fait mal. Beaucoup de pistes et de réflexions intéressantes dans votre intervention, mais bien sûr on regarde de l’autre côté.
Les pays et surtout les ressortissants de ces pays, véritables relais chez nous de leurs productions
Les poncifs habituels de la bien pensance de gauche. Ce que personne ne veut dire c’est que on n’a en fait jamais vraiment commencé la guerre contre la drogue. Seuls les Phimippines et le Salvador l’on vraiment faite. Il faut requalifier le narcotrafic en crime contre l’humanité car il entraîne la folie et la mort. Il n’y a qu’a voir l’augmentation des schizophrénies et des troubles bipolaires chez les consoimmateurs de cannabis et la perte d’inhibitions chez les cocaînomanes mais comme l’exemple vient d’en haut effectivement la bataille est perdue avant d’avoir été livrée.
D’accord sur le fait qu’il faille faire qqchose mais pensez vous que tous ces trafiquants vont abandonner cette manne financière et qu’ils ne vont pas trouver autre chose pour maintenir leur « pouvoir d’achat »… drogues plus dures…
Les racailles, n’ayant pas à payer la tva vendront leur m… 20% moins cher que chez les distributeurs « officiels » qui eux devront payer la tva…