[STRICTEMENT PERSONNEL] Quand les petits pois sont rouges
La tête sous l’eau… Combien, dans la situation de Nicolas Sarkozy, baisseraient les bras, courberaient le dos et abandonneraient la partie ? Submergé par une averse, que dis-je, une avalanche de mises en examen, de procédures, de poursuites et, désormais, de condamnations, quoi que l’on pense de l’ancien président de la République, il faut reconnaître qu’il n’a rien perdu de sa pugnacité et qu’il refuse de plier sous l’adversité.
Trois ans d’inéligibilité, trois ans de prison dont un ferme, cette peine étant aménagée avec port d’un bracelet électronique et déplacements sous surveillance interdits sans autorisation d’un juge ad hoc, comme un violeur, un truand, un voyou… Les hauts magistrats de la Cour de cassation n’y sont pas allés de main morte, qui ont confirmé, définitivement, la condamnation prononcée en première instance, avec exécution provisoire, en dépit de l’appel interjeté par le nommé Sarkozy Nicolas, devant la Cour européenne des droits de l’homme, appel qui n’empêchera pas l’exécution provisoire de la sentence.
Des écoutes illicites
Qu’était-il reproché, sur ce dossier, à l’ex-chef de l’État ? D’avoir envisagé, de concert avec son avocat, Me Thierry Herzog, de récupérer ses agendas personnels qui lui avaient été confisqués, comme à un enfant, dans le cadre de l’affaire Bettencourt, et, pour cela, d’avoir imaginé de demander son aide à un membre de la Cour de cassation, le juge Azibert, que l’on recommanderait en remerciement pour un poste, du genre sinécure, en principauté de Monaco. Comment l’avait-on su ? En mettant le dénommé Sarkozy (Nicolas) et le dénommé Herzog (Thierry) sous écoutes, procédure depuis lors condamnée (elle aussi) par la CEDH parce qu’elle constituait une atteinte à la vie privée, une intrusion dans le dialogue entre un particulier et son conseil et la négation du secret professionnel qui fait du cabinet d’un avocat une sorte de confessionnal laïque…
Petit détail, au passage. Le délit qui a valu condamnation à l’ancien premier magistrat de France et à un pénaliste à l’apogée de sa carrière n’a pas connu, lui, d’exécution ni provisoire, ni autre, ni même de début d’exécution. Ni M. Azibert ni le prince Albert n’ont été sollicités, ni les carnets confisqués rendus, ni aucune preuve d’aucune entente entre les trois protagonistes de cette affaire du siècle n’a été mise en évidence. Mais la Cour de cassation, dans sa grande sagesse, a retenu le délit d’intentionnalité (sic) et statué en conséquence.
Les petits pois se révoltent sur l'étagère
Est-il arrivé à Nicolas Sarkozy de se repentir d’avoir qualifié, il y a dix-neuf ans, les éminents magistrats de la plus haute juridiction française, de « petits pois sur une étagère », inodores et sans saveur ? Pas que l’on sache. En revanche, il a eu tout lieu de le regretter, et ce n’est sans doute pas fini. Les petits pois en robe rouge ont la mémoire longue et la rancune tenace. Tout indique qu’ils ont voulu faire payer à celui que la loi mettait enfin à leur merci son insolence passée. Au-delà de ce contentieux et de cette vengeance d’ordre personnel, on ne peut écarter l’hypothèse de l’adhésion des juges suprêmes de notre pays à la culture, ou si l’on préfère à l’idéologie SM, qui a diffusé et domine aujourd’hui dans une grande partie de la hiérarchie judiciaire. SM, en l’espèce, ne signifie pas « sadomasochiste » - on pourrait s’y tromper – mais seulement et précisément « Syndicat de la magistrature ». Les adeptes de cette organisation font profession de préférer le délinquant au policier, l’immigrant au mâle blanc et le faible au puissant. Ils prouvent, quand ils en ont l’occasion, que ce n’est pas seulement leur robe qui est rouge, et ils le prouvent en s’en prenant aux puissants, mais de préférence quand ceux-ci sont à terre, puissants de la veille plutôt que puissants du jour, qui ne perdent rien pour attendre.
Nicolas Sarkozy, pour l’appeler par son nom, ne perd rien pour attendre. Il est aujourd’hui un homme seul et le traitement qui vient de lui être infligé augure mal du sort qui lui sera réservé dans une affaire d’une autre dimension et d’une autre signification que le minable dossier qui vient de lui valoir une condamnation dont le libellé et les suites ont été manifestement conçus et concoctés plus encore (il y aura « aménagements ») pour l’humilier que pour le punir.
Quid du bénéfice du doute ?
C’est à partir du 6 janvier prochain, et pendant une durée de deux mois, que le dossier du financement, par la Libye du despote Kadhafi, de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007 sera examiné et tranché après une instruction de dix ans par un tribunal correctionnel. La peine encourue par le principal accusé peut aller jusqu’à dix ans de prison…
Disons-le très simplement. Le caractère aventureux de celui qui fut alors élu président de la République, les égards extraordinaires auxquels eut droit le despote libyen quand celui-ci, accompagné de son harem et entouré de ses gardes du corps, déshonora de sa présence notre pays, et, à l’inverse, l’incompréhensible intervention militaire qui lui ferma définitivement la bouche donnent une certaine vraisemblance à l’accusation. De plus, les tentatives voyantes et maladroites pour amener l’honnête M. Takieddine, un homme dont la parole est d’argent et dont le silence vaut de l’or, à revoir et à démentir ses précédents témoignages, tentatives qui font l’objet d’une autre instruction, ne plaident pas en faveur du principal accusé…
Il n’en serait pas moins scandaleux et même parfaitement intolérable que ce procès, si longtemps attendu et si longtemps différé, n’obéisse pas à un principe fondamental de notre droit, et que les magistrats qui auront la charge d’en juger ne respectent pas ce principe, comme il arrive lorsque, sortant du droit commun, la justice s’aventure sur le terrain piégé de la politique. Ce n’est pas à l’accusé qu’il revient de prouver son innocence. C’est à l’accusation qu’il incombe de démontrer sa culpabilité et, sauf coup de théâtre majeur, elle n’y est pas parvenue en l’occurrence. Au bénéfice du doute, Nicolas Sarkozy est donc, comme n’importe quel prévenu, et jusqu’à preuve du contraire, présumé innocent, n’en déplaise à certains qui ont la mémoire longue et la rancune tenace. Petits pois, attention danger !
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Un commentaire
M. Sarkozy aurait dû se méfier, quand les petits pois sont rouges ils font rarement chou blanc et c’est tout bonnement la fin des haricots pour les imprudents hauts comme trois pommes (talonnettes comprises), qui osent ramener leur fraise. Difficile d’avoir la pêche et encore moins la banane quand on se prend le chou en espérant de couper la poire en deux. Mais avec ces grosses légumes du SM les carottes sont cuites à l’avance. Des nèfles ! C’est tout ce que vous obtiendrez en faisant le poireau devant leur pré carré. M. Sarkozy, en voyant ces magistrats en rang d’oignons, eût mieux fait d’appuyer sur le champignon, plutôt que de s’adresser à ses avocats. En attendant, il pourra toujours savourer quelques oranges en prison, faute de pouvoir mettre du beurre dans ses épinards.