[STRICTEMENT PERSONNEL] Sauter dans le vide… avec Macron?

Arme absolue entre les mains et à la disposition exclusive du chef de l’Etat, ou simple pétoire à un seul coup, et qui a le défaut, parfois, de se retourner contre le tireur et de lui exploser à la figure ? La dissolution n’est pas la solution-miracle à tous les problèmes et l’histoire de la Ve République, qui porte pourtant encore assez gaillardement son âge, nous enseigne que l’exécutif ne devrait utiliser ce recours suprême qu’avec discernement.
Ce fut le cas en 1968 lorsque De Gaulle, dénonçant « la chienlit », clôtura officiellement ce fameux mois de mai où chacun, se conformant à un vieil adage, avait fait tout ce qui lui plaisait. Début juin, un vote quasi-plébiscitaire confirma, avec l’adhésion d’une majorité renforcée à son nom, à son parti et à sa politique, le rejet d’un désordre fécond mais économiquement et socialement devenu insupportable. Ce qui n’empêcha pas, moins d’un an plus tard, le même peuple, ingrat et réaliste, de saisir à la première occasion la perche que lui tendait le grand homme devenu vieux et de le pousser sans trop d’égards vers une sortie et une retraite cette fois définitive.
Le 21 avril 1997, Jacques Chirac, locataire de l’Elysée depuis deux ans, se laissa persuader, notamment par Dominique de Villepin, en l’occurrence bien mal inspiré, de recourir à la dissolution tant pour rasseoir sa légitimité que pour venir en aide à Alain Juppé, son Premier ministre, embourbé dans un projet de réforme des retraites contesté par la rue et dans l’opinion. On connaît la suite, qui s’appela Jospin et couvrit cinq des sept années du règne chiraquien. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ?
Un triple échec présidentiel
9 juin 2024, 20 heures. Les résultats qui tombent traduisent un désaveu massif d’Emmanuel Macron au profit, en premier lieu, du Rassemblement national qui recueille, succès historique, plus de 30% des suffrages exprimés, auxquels s’ajoutent les 5% de Reconquête ! et, qui sait, les 7% de François-Xavier Bellamy. La gauche, quant à elle, ferait à peu près jeu égal avec le seul RN si elle était unie…mais elle ne l’est pas et ne saurait trouver de consolation que dans le score honorable de Raphaël Glucksmann qui tranche avec le score humiliant de Benoît Hamon en 2017 et venge le résultat catastrophique d’Anne Hidalgo en 2022.
Mais où en est le parti du président, ce grand groupe central qui devait dépasser et écarter du pouvoir les deux blocs hostiles de la droite et de la gauche ? Le corps électoral a sanctionné sans pitié le triple échec du président actuellement en fonction. Il a fait payer au supposé Mozart de la finance la gestion hasardeuse qui a fait progresser la France sur le chemin du déficit jusqu’à la conduire au bord du dépôt de bilan. Il a fait payer à celui qui était censé parler haut et fort au nom de la France l’affaiblissement de notre voix dans le concert international, notre honteuse éviction de l’Afrique francophone, l’impuissance et l’effacement de notre diplomatie au Proche-Orient, mais surtout notre engagement coûteux, inconsidéré et de plus en plus dangereux, sous l’égide de l’OTAN, c’est-à-dire des Etats-Unis, dans un conflit, entre la Russie et l’Ukraine, où l’intérêt national n’est nullement en cause mais où nous allons, d’assistance humanitaire et technique en fourniture d’armes, puis en formation des combattants, puis en présence, sur le sol ukrainien, d’instructeurs, de conseillers, voire d’unités constituées, vers une guerre dont nous n’avons pas les moyens, et qui n’est pas la nôtre. Le chef de l’Etat a payé enfin l’insuffisance ou l’absence de réponses adaptées aux trois inquiétudes des Français touchant leur pouvoir d’achat, donc leur vie quotidienne, le débordement du flux migratoire, et l’explosion de l’insécurité sous toutes ses formes. Au moment où débute la soirée électorale, Emmanuel Macron n’est plus, tel le malheureux Louis XVI alias « Monsieur Veto », que « Monsieur 15% », un chef d’Etat impopulaire, discrédité, rejeté, minoritaire dans le pays comme au Parlement.
9 juin 2024, 21 heures. A la stupéfaction générale le président fait connaître sa décision. Après avoir dit et répété que l’élection européenne n’avait pas d’implications et n’aurait donc pas de suites nationales, il dissout l’Assemblée et fixe au 30 juin et au 7 juillet, des élections législatives.
Des manifestations d'extrême gauche bien utiles
Quoi ? Ce président infatué de lui-même, si arrogant, si éloigné de ses concitoyens, j’allais dire de ses sujets, donnerait la parole au peuple, quitte à en subir les conséquences ? Zeus redescendrait sur terre ? Quelques jours ont suffi à dissiper cette illusion. Si le président Macron s’est résigné à consulter son bon peuple, c’est en se flattant que celui-ci reviendrait sur le verdict qu’il a rendu le 9 juin. Pure illusion ? En mettant en garde les électeurs contre le retour de la « bête immonde », en ressuscitant les fantômes d’un passé avec lequel le RN actuel n’a ni affinités ni compromissions, le président alimente la peur. Il contribue, contrairement à son rôle institutionnel de garant de la paix civile et de la concorde citoyenne, à faire monter la tension. Multipliant les appels du pied en direction de tous ceux qui y répondraient favorablement, il tente de séduire son opposition de gauche. S’il est contraint par les urnes de confier les clés de Matignon au RN, il compte bien qu’un parti qui avait intégré dans son agenda sa victoire en 2027 ne sera pas à la hauteur dès 2024.
Les manifestations d’ores et déjà organisées par les partis, les syndicats et les organisations « antifascistes », avant même qu’ait commencé la brève campagne électorale, celles qui auront lieu avant et éventuellement après le scrutin attestent d’une volonté d’alimenter les passions, d’allumer puis d’attiser le feu et de faire prévaloir sur le résultat des urnes la violence de la rue. Il est aisé de créer et de nourrir un climat propice à la violence, en escomptant que les incidents soient assez spectaculaires et peut-être sanglants, voire meurtriers pour alimenter la peur. Les innombrables chantiers qui jalonnent les rues et les places de Paris sont là bien à propos pour fournir les matériaux nécessaire à l’expression de la colère des quartiers « populaires », comme en juillet dernier. Le calendrier retenu par le président pour la dissolution et les élections qui en découlent, coincées entre la surprise du 9 juin et l’ouverture des JO, l’état matériel et psychologique où les travaux nécessaires ont mis la capitale sont générateurs de nervosité, d’inquiétude, d’incidents. Le président Macron nous convie à un saut dans l’inconnu. Sans parachute. Mais peut-être s’agit-il là d’une nouvelle discipline olympique.
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29 commentaires
Quels sont les ordres donnés par Darmanin aux services d’ordre quant aux manifestations de gauche de ce samedi 15 Juin?…
McKinsey lui a proposé dix solutions il a compris dissolution ….
Si Macron et sa clique subissent aux législatives la même humiliation qu’au dernier scrutin, le président n’aura d’autres alternative à mon avis que la démission.
S’il avait fait ça par incompétence, ce serait pardonnable, mais il n’en est rien, c’est calculé pour créer le chaos, le carnet de route que ses sponsors US lui ont donné ne peut réussir qu’en passant par le chaos. C’est un traitre à la nation.
Bonne analyse.
Le deuxième semestre 2024 nous fera aller de surprise en surprise… (?)
A travailler comme un fou, le « burn-out » le guettait, on y est. Et François Hollande ne pouvait bien évidemment pas s’empêcher de s’en féliciter. un bien brave homme que cet ex, plein d’une gourmande sollicitude pour son pays.
Un peuple qui élit des imposteurs, des voleurs et des traitres n’est pas victime, il est complice !
Vous avez malheureusement raison M. Le Pog et c’est triste et inquiétant pour le pays
Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres, n’est pas victime : il est complice… Georges Orwell.
Macron savait, avec cette dissolution, qu’aucun parti ne s’en sortirait indemne, à droite comme à gauche. Il savait aussi que ce chaos pouvait lui être profitable, et il se présente déjà en sauveur de ce chaos qu’il a lui-même initié. Macron veut régner et il n’aime rien tant que le faire dans les enfers qu’il crée. Car, avant lui, nul autre Président n’aura été aussi loin dans la destruction méthodique de notre pays et notre identité.
« Diviser pour mieux régner »
Mais pourquoi diviser, au risque que cela se retourne possiblement contre soi ? La réponse serait peut-être qu’en sa qualité de créature psychotique, chosifiant les êtres et s’adorant lui-même, Macron se prend pour un démiurge qui, à partir du chaos, ordonnera un nouveau monde à sa seule image, une Europe uniquement macronienne, jupitérienne, par exemple, idéale, un monde merveilleux, son rêve, sa gloire. Monde duquel il expulserait bien les Gaulois réfractaires pour les remplacer par un autre peuple : les Africains.
Telles sont les bouffées délirantes de celui qui dirige la France. En d’autres temps, Macron aurait été Caligula, lequel rêvait que ses sujets n’aient qu’une seule tête pour tout trancher en une seule fois.
Et bien moi Monsieur Dominique JAMET, j’ai une simple question à vous poser ! …
Au premier tour, pour quelle liste allez-vous voter ? … Et si par hasard, vous osez répondre alors la deuxième est : entre une liste RN/LR et « Front national » pour qui voterez vous si dans la circonscription où vous habitez se retrouve dans cette configuration ? … Ce sera sûrement « un choix restant » dans beaucoup de lieux en France et dans tous les territoires de FRANCE ! …
RN/LR et Front National. Ça bafouille .,,
Je crois qu’il y a une erreur : « entre une liste RN/LR et Front Populaire « serait correct !
Vous avez sans doute voulu dire: RN/LR ou nouveau rassemblement populaire ?
Ne savez-vous pas que le vote est secret?
Laissons Macron et ses amis sauter dans le vide pendant que nous sauterons de joie .
Les Français sautent dans le vide si le front populaire est au pouvoir mais Macron comme toujours ne saute pas que dans le vide .
Qu’il « saute » tout simplement et que le diable l’emporte.
Macron c’est le Titanic. Il git par 4.000 mètres de fond. « Cellezéceux » qui ont envie de le rejoindre ont intérêt à être des champions de l’apnée !
Le peuple ne se fera plus manipuler, le règne de la peur est terminé, nous allons sauver notre belle France en votant le Rassemblement National, le seul parti pour le bien des français ! et on va gagner !
Même si le RN+LR a la majorité absolue à l’issue de ces élections il ne pourra pas gouverner face à l’opposition déchaînée de la gauche. Quand on voit les compromissions des leaders de la gauche ( PS, PC, les Verts, le Syndicat de la Magistrature, les antifas etc. )
Faut espérer que les Forces de l’ordre feront respecter la décision du Peuple.
Il est inadmissible que des politiques qui se disent républicains contestent ainsi le choix du Peuple et s’assoient ainsi sur la Démocratie.
D’accord avec vous. Mais on a déjà vu un président, s’assoir avec la complicité des députés et sénateurs en 2007, sur les résultats du référendum de 2005, c’est une forfaiture, sarkozy devrait être en prison, qui plus est il a dit: macron est en train de réussir, ce que je n’ai pas pu faire…….
je ne vote pas RN parce que je suis Reconquête , je vote pour l’union nationale d’où qu’elle vienne . J’estime que Philippot et Asselineau ne devrait pas s’abstenir même si le RN n’est pas leur favori. Il faut surtout faire union et barrage aux gauchistes anti France !
Vous n’avez pas le droit de dire cela ! Le RN n’est pas le seul parti patriote pour le bien des français , il se trouve que les candidats RN ont bénéficié du vote utile et ce sont des gens qui ont des sensibilités différents qui ont donné leur vote alors un peu de respect et d’humilité ne ferait pas de mal si on veut faire l’union nationale .
Sauter dans le vide sans parachute, ça s’appelle un vol plané !
Nous ne connaîtrons jamais la démocratie tant que nous aurons à la tête de l’Occident une élite qui se croit plus intelligente que les peuples. Ce qui est vrai dans les domaines techniques et scientifiques est absolument faux dans le domaine politique. Une démocratie crédible passe par la généralisation du référendum et l’interdiction faite aux dirigeants de décider des guerres sans consulter l’opinion publique. C’est ce qu’a fait la Suisse en facilitant le referendum et en se déclarant neutre. Mais si la proclamation de neutralité n’est pas nécessaire, le référendum l’est absolument.