[STRICTEMENT PERSONNEL] Sommes-nous à la hauteur ?
En 2017, les Français ont porté Emmanuel Macron à la présidence de la République. C’était une erreur. Leur excuse est qu’ils ne le connaissaient pas. En 2022, ils l’ont réélu, par défaut. Ils le connaissaient pourtant. Depuis qu’ils ont commis cette faute, ils ont désavoué trois fois dans les urnes le chef de l’État et son parti. Tous les sondages effectués ces dernières années ont établi que M. Macron bénéficie de la confiance d’environ 20 % des électeurs et qu’environ 70 % souhaitent son départ. Lui, cependant, s’incruste, imperturbable, et affirme en toute occasion qu’il ira jusqu’au bout du mandat que le peuple français lui a virtuellement retiré. Il s’est trouvé une majorité dans l’Assemblée nationale ingouvernable élue en juillet 2024, majorité de rencontre faite de deux blocs inconciliables, pour renverser le Premier ministre honorable et maladroit qu’il avait désigné et faire ainsi payer à un bouc émissaire qui n’y était pour rien le bilan de celui qui l’avait nommé.
De la IIIe à la Ve République
Existe-t-il dans notre Histoire une situation semblable ? Oui, celle du premier président de la IIIe République dont le nom, étrangement, résonne avec celui de son lointain successeur, le maréchal de Mac…Mahon. Celui qui était « resté », impavide sous le feu russe, sur sa position, minée, la tour de Malakoff, lors du siège de Sébastopol, finit par lever le camp après qu’une nouvelle majorité, républicaine, eut tout simplement refusé d’entrer en relation avec les présidents du Conseil qu’il avait cru pouvoir nommer sans tenir compte du vote populaire. Ce précédent indique, me semble-t-il, la marche à suivre, qui contraindrait l’actuel « chef de l’État », aussi parfaitement légal qu’il est devenu totalement illégitime, de baisser le rideau et de mettre ainsi un terme à la mauvaise comédie, avilissante pour les citoyens spectateurs comme pour son metteur en scène et pour ses acteurs, qui se donne au palais de l’Élysée depuis bientôt sept mois. Il serait aussitôt mis fin au blocage des institutions dont M. Macron, censé être le garant, est l’unique responsable.
Le fondateur de la Ve République, dont il connaît certainement le nom et dont nul sauf lui n’a oublié l’exemple, a indiqué la marche à suivre. Si celui qui se présenta, il y a huit ans déjà, comme le premier des « marcheurs » s’obstine à occuper le trône sans pouvoir exercer les fonctions qui y sont attachées, il est certain qu’une grève générale, non violente et nationale, qui n’aurait aucun caractère social, aucun aspect politicien, mais qui serait animée et justifiée par l’unique souci du salut public, viendrait à bout de la résistance puérile d’un vieil enfant gâté, narcissique, voire à la fois autiste et pervers, tant le rapport à la réalité du pays qu’il est supposé diriger et du monde qui nous entoure, cumulant aveuglement et surdité, semble chaque jour davantage relever d’une pathologie sévère, incompatible avec les fonctions qui sont censées être les siennes, et tant l’espace de pouvoir où il continue de jouer son rôle se rétrécit chaque jour comme dans Le roi se meurt, le chef-d'œuvre de Ionesco. D’ores et déjà, et même dans l’hypothèse, optimiste, où le Président désormais majoritairement tenu pour le pire que nous ayons subi depuis 1958, revenait du pays des songes et des mensonges où il s’attarde, il découvrirait, comme dans le fameux conte d’Andersen où le roi est nu, l’état dans lequel il a mis et laissera une France fragmentée, divisée, pessimiste, diminuée, affaiblie, reléguée sur tous les plans : économique, financier, diplomatique, industriel, agricole, moral et civique. C’est un grand crime, au regard de l’Histoire, d’annoncer qu’on conduira le peuple qui vous a élu sur le plateau d’Austerlitz et de le mener en effet, mais jusque sur les rives de la Bérézina.
De Gaulle, puisqu’il paraît nécessaire de le rappeler à son malheureux épigone, avatar moderne de ce pauvre Icare qui se brûla les ailes pour s’être trop approché du soleil, de Gaulle avait quelques défauts – qui n’en a pas ? – et, parmi ces défauts, on pourrait lui reprocher ce manque d’humanité qui laissa plusieurs taches sur son uniforme et qui est souvent le propre des grands hommes, et singulièrement des grands hommes d’État, mais le seul souci qu’il eut et qu’il manifesta avec succès tant qu’il fut aux affaires était celui de la France, de sa prospérité, de son unité, de sa grandeur. Plus les années passent, plus on doit constater, au rebours de toutes les lois de la perspective, que la stature du général grandit avec l’éloignement.
À la recherche du rang perdu
Mais nous, nous les Français, serons-nous vraiment, bientôt sans doute, quand le nom de Macron ne sera plus qu’un mauvais souvenir, à la hauteur de la France et à la hauteur des défis d’un monde qui change, d’un monde qui bouge, d’un monde dangereux où il va nous falloir repartir à la recherche du rang perdu ?
Rien ne l’indique, hélas, au moment où ces lignes sont écrites, et il faut avoir la foi chevillée au corps, comme Clemenceau, comme de Gaulle, dans la destinée manifeste qui ferait de la France la princesse lointaine des contes, des grands désastres et des résurrections miraculeuses, pour y croire encore à l’heure où nous n’existons plus sur la scène internationale, où des militaires putschistes, des démagogues ignares, opportunistes ou corrompus nous chassent à grands coups de pied au cul de ce qui était, il y a peu, la Françafrique, où le régime algérien, nous narguant impunément, refuse aussi bien de reprendre les délinquants que nous voudrions lui restituer que de nous rendre un citoyen français à qui son courage a valu d’être kidnappé sur sa terre natale sans être défendu efficacement par son pays d’adoption - le nôtre -, où l’irruption sur le grand théâtre du monde d’un Superman au teint orange qui nous renvoie à nos faiblesses affecte de nous considérer moins comme des alliés à ménager que comme des vassaux insignifiants, nous renvoie à notre néant ? Telle la sœur Anne du conte de Perrault, nous aimerions bien sûr voir surgir à l’horizon la nouvelle Jeanne d’Arc ou le chevalier au panache blanc en qui s’incarnerait la France, sauvée du péril comme Notre-Dame de l’incendie. Pour l’instant, à vrai dire, nous ne voyons que la route qui poudroie et le pouvoir qui merdoie.
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45 commentaires
Quel plaisir de ligne ces lignes qui malheureusement ne nous annoncent aucun espoir tant la France est dans le néant.
Vous vous êtes surpassé M. Jamet. Votre dernière phrase m’a fait renversé mon café mais je ne vous en tiendrai pas rigueur !
Il est foutu ,il a perdu ,et devient une marionnette aux yeux du monde ,mais reste dangereux et peut encore pondre des idées et des ordres mortifères pour la France en bien mauvais état .tout cela par un orgueil démesuré.qu’il’parte au bout de la terre
Voilà, pour une fois qui n’est pas coutume, un édito qui fait plaisir à lire ….. Et là encore, comme avec le discours de Mileï à Davos, l’usurpateur de l’Élysée ferait bien d’en prendre connaissance et d’en tirer les conséquences qu’attend l’immense majorité des Français.
Depuis l’article de samedi dernier je ne veux plus lire ce que ce monsieur nous pond chaque semaine
Bonjour ANNE … AVIS partagé ! …
Dommage = c’est un excellent article (enfin à mon sens)
Nous sommes mités jusqu’à la moelle et ceci à cause d’un peuple devenu pleutre et qui a le culot de nous faire la morale et de surcroît de nous traiter de fachos.
Vous avez pourtant plus de points communs avec celui que vous vilipendez (qui aime bien châtie bien !) qu’avec l’esprit de reconquête cher à Éric Zemmour.
Bien content de ne jamais avoir voté pour ce clown macron.
Il nous faudrait un Napoleon ou un Louis XIV
Nous sommes au moins deux!!.. mais bientôt vous en verrez beaucoup qui l’ont fait et le nieront comme pour Mitterrand…
Les Français aimeraient un centriste à poigne, un homme de gauche lucide prenant des décisions cohérentes, de bon sens. Voire un Général qui chercherait des accommodements raisonnables avec tous les Partis, sauf « l’extrême droite ». Qu’il soit habillé en rouge, portant une longue barbe blanche et ne passant pas que le 25 décembre.
Je crains, cette fois-çi, que la France ne pourra plus être sauvée. O rage, O désespoir !
Oui. Bien. Parfait. Le plaisir de vous lire quand vous vous ne défendez pas l’abbé Pierre en piétinant ses victimes ni la Palestine assassine quand elle ne veut pas vivre au côté d’Israël mais l’éradiquer.
Les gens de théâtre savent trop bien que les planches sont le miroir du monde. Cette réplique du « Roi se meurt », qui me fit tant rire : « Les carottes sont cuites ». L’Elysée dont le prince (infâme) est un enfant mesure-t-il à quel point il est honni des Français ? Et « merdre de merdre », Mme Ubu vient nous servir au dessert : « Vous ne le méritez pas. »
Ah que voilà une conclusion claire et nette !
Faire déguerpir M. Macron et toute sa clique, nous sommes nombreux à le souhaiter mais la relève est-elle prête ?
bien sur qu’il doit partir mais la fonction est prestigieuse pour macron il profite du système et il méprise les 11 millions de Français en s’incrustant dans une fonction qu’il est incapable de gérer, qui l’a payé pour détruire notre France ?
Le 25 janvier 2025 4 h 30
Magnifique Dominique Jamet, quel style ! quelle hauteur de vue ! quelle conscience du désastre que vit la France depuis 2022 et, surtout, 2024 !!! C’est tous les jours que Dominique Jamet devrait écrire !
Peut-on imaginer en l’état actuel des choses que pour faire partir un Président de la République, on pourrait avoir « une grève générale, non violente et nationale…mais qui serait animée par l’unique souci du salut public.. » Vous rêvez Monsieur Jamet, cela ne se peut pas. Macron est un arapède qui s’accroche au rocher nommé l’Élysée. Il ira, quoiqu’il advienne, jusqu’au bout. La réside notre grand malheur.