[STRICTEMENT PERSONNEL] Vous avez dit « extrême » ?

Intervenant à la mi-mandat du Président en exercice, offrant donc aux citoyens, chose rare, l’occasion de s’exprimer et constituant de ce seul fait une épreuve de vérité pour le chef de l’État, les élections européennes restaient-elles bien fixées comme prévu depuis cinq ans à la date du 9 juin 2024 ? On pouvait en douter, tant Emmanuel Macron a tenu à afficher au-delà de toute vraisemblance décontraction, désinvolture et désintérêt à l’égard de la consultation à venir. Volant de rencontres internationales en escales dans des bistrots improbables au cœur de coins perdus, alternant oraisons funèbres dans la cour des Invalides et cérémonies commémoratives sur le seuil du Panthéon, accaparé par la mise au point d’un texte urgentissime sur l’aide à mourir, le patron de la majorité relative tardait à donner à ses fidèles le signal de l’entrée en campagne, tout comme il avait tardé, deux mois plus tôt, à compléter le gouvernement de son jeune poulain et la stalle de Renaissance restait vide à l’écurie alors que toutes les têtes de liste concurrentes étaient déjà désignées et piaffaient d’impatience dans leur box.
Ce n’était reculer que pour mieux sauter et le monde étonné découvrait enfin la semaine dernière, simultanément, le nom, le visage, le choix de l’inconnue qui portera la casaque présidentielle dans la compétition et l’enjeu capital de la consultation du 9 juin. Rien de moins que la défense de la République contre l’éternel ennemi, ressurgi des années les plus sombres et du ventre de la bête immonde, toujours fécond, lui, en dépit de la crise démographique. En clair, contre les deux listes, l’une d’extrême droite, l’autre d’extrême gauche, qui menaçaient de subvertir l’élection et, pour commencer, d’infliger à Renaissance, donc à la démocratie, une raclée sans précédent depuis les années noires. Il n’en fallait pas moins pour que le Président, à peine il avait descendu à ski les pistes de la Mongie, remontât à Roncevaux pour y emboucher l’olifant et appeler au rassemblement de tous les preux et de tous les pairs (et mères). La patrie était en danger. Au péril de l’extrême. Diable !
Si le Président lui-même le dit… La surprise passée, la moindre prudence, la moindre sagesse nous imposent de chercher à savoir sur quelle réalité et sur quelle analyse le chef de l’État, gardien de la Constitution et garant attitré de nos libertés, se fonde pour sonner le tocsin. Où sont, que sont, que font, que trament les extrémistes qui se préparent dans l’ombre à assassiner la République ?
Dans un pays convenablement gouverné...
L’extrémisme, les extrémistes, l’Histoire depuis le plus lointain passé jusqu’à l’époque contemporaine nous en offre à foison les exemples et les exploits. L’extrémiste, c’est le partisan d’une doctrine qui pousse jusqu’à la limite, voire au-delà de toute limite intellectuellement raisonnable et humainement admissible, les suites et les conséquences de son adhésion. Ce peut être le chrétien qui passe de l’Évangile à l’Inquisition et de la foi au fanatisme. Cela s’est vu. Ou le musulman converti au salafisme, qui verse dans l’intégrisme, le terrorisme et le djihadisme. Cela se voit tous les jours. Avons-nous affaire à un phénomène de ce genre et à sa généralisation, comme le donne à croire M. Macron, pour faire peur et tirer profit de cette peur ?
Dans un pays convenablement gouverné, dans un pays en accord avec lui-même, les chances de l’extrémisme sont minces, pour ne pas dire inexistantes. Prenons l’exemple, qui sera un jour un classique, de la France sous Georges Pompidou. Le jeu des institutions, le développement de l’économie, l’équilibre nécessaire entre l’ordre et la démocratie y fonctionnaient à la satisfaction de la grande majorité. Après avoir apporté la stabilité, la Ve République apportait la prospérité et quelque chose qui ressemblait au bonheur. Dans un tel climat, les extrémismes de tout bord étaient voués à la minorité, à la marginalité, à l’impuissance. Fondé, comme on nous le serine ces derniers temps, par des nostalgiques de Vichy et des activistes de l’Algérie française, le moins que l’on puisse dire est que le Front national de Jean-Marie Le Pen n’était en phase ni avec le présent ni avec l’avenir. De son côté, le Parti communiste entamait le lent et irrésistible déclin qui l’a mené de 25 % à 3 % des électeurs, tant la distance entre son discours messianique et la faillite du modèle bolchevique, matérialisée par la dislocation du bloc de l’Est, puis de l’Union soviétique, apparaissait aux yeux de tous et rendait la vue aux aveugles les plus endurcis.
Dont fait partie aujourd’hui M. Macron. Il semble échapper au chef de l’État que ce n’est pas être extrémiste que de constater et de déplorer le déclin de la France, le Grand Remplacement, le grand déclassement, le grand abaissement, et que ce diagnostic est hélas partagé par plus de la moitié des Français, ni extrémistes, ni manipulés, mais lucides. Si le Président disposait du petit miroir magique que consulte, dans le conte de Grimm, la méchante belle-mère de Blanche-Neige, il en apprendrait qu’il ne doit pas chercher l’explication de ses déboires et de la défaite qui se profile à l’horizon dans on ne sait quel complot, quelle manœuvre d’organisations subversives, mais dans l’inexorable montée générale de la déception, de la colère, de l’inquiétude, que suivra très logiquement la condamnation, mûrement réfléchie, et légalement, régulièrement, pacifiquement prononcée dans les urnes par une majorité d’électeurs, de sa personne, de sa politique, de son bilan.
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31 commentaires
Il faut tout de même oser pour écrire que le Front National n’était pas en phase avec l’avenir, alors même que Jean Marie le Pen n’a cessé de dire et d’écrire ce que nous constatons aujourd’hui. Il n’était pas le seul d’ailleurs, un certain Ph de Villiers s’y est lui même appliqué. Mais il n’est jamais bon d’avoir raison trop tôt !
JM le PEN était en avance sur son temps et comme toujours les précurseurs ont tort sur le coup et c’est qu’après que l’on reconnait la véracité de leurs prédictions !! Je les appelle les « BOMBARD de la politique » !!
L’élection européenne est significative car elle est la seule à la proportionnelle, autrement dit la seule indiquant clairement les rapports de force. Si le président subit indirectement une sévère défaite, il n’aurait plus aucune légitimité. La dissolution de l’AN s’imposerait, enfin… si nous étions en démocratie.
Triste constat que beaucoup avaient prédit. Mais maintenant, on fait quoi. On attend, en espérant que la majorité des électeurs en juin prochain n’accorde pas une seule voix à Renaissance et aux partis qui n’ont rien fait pour éviter ce désastre annoncé, mais après. Croyons nous que les personnes aux commandes vont changer de cap ou remettre leur poste en jeu. Non, ne nous y trompons pas, il faudra solliciter nos représentants pour qu’ils demandent la destitution de ce gouvernement. Mais pour cela, il faudra être nombreux.
J’attend avec inquiétude, mais aussi avec beaucoup d’espoir, que les Droites Droites réussissent à s’associer au Parlement de Strasbourg, pour arriver à déloger Van der Leyen. Après cette étape, nous pourrons faire une Europe des Nations Souveraines, sans quitter l’Euro… De toutes façons, allons voter en masse, j’espère que les jeunes suivront…. le 9 Juin
Pas d’accord sur le fait que la période Pompidou avait annihilé les extrémistes. Mai 68 en a été la preuve flagrante, les syndicats « installés » n’étant pas partant pour une grève dure mais ont dû s’y résoudre poussés par les extrémistes.
Euh, j’étais bien jeune (même si nous avions envahis -c’est un bien grand mot pour dire que nous prenions le café dans les salles de classe- notre lycée et que nos profs, intelligents continuaient à nous faire cours , en installant les chaises en rond!), mais je crois me souvenir que ce n’était pas Pompidou qui était président, mais C de Gaulle!
Petit résumé trouvé sur le web = « En 1968, le général de Gaulle est bien président de la République. Mais rapidement, c’est son Premier ministre Georges Pompidou qui monte en première ligne, notamment lors de la signature des accords de Grenelle qui accordent de larges bénéfices aux salariés. » Il ne fut président qu’à partir du 20 juin 1969.
Très bonne rectification Tara… je vois que vous êtes bien jeune encore, tant mieux ! À l’époque, j’étais jeune ingénieur chimiste près de Münich et il paraît que c’était le bordel en France… Bravo d’avoir eu le réflexe de sortir le ´ dictionnaire ´ … et à bientôt le 9 Juin, je sais que vous serez là pour voter…
Hélas il y aura toujours un petit paquet d’ireductibles.
Mr Jamet ferait bien de regarder un peu en arrière dans son histoire familiale.
Il y a plus de 50 ans le FN nous annonçait déjà ce qui nous arrive aujourd’hui et il n’y avait pas besoin d’attendre (comme le dit D. Jamet) les conneries de ceux qui nous ont gouverné et nous gouverne actuellement.
le petit Néron peut courir aux quatre coins de la France , faire son comédien partout ou il passe , son bilan de destruction de la France parle pour lui ! les LREM prendront une raclée !
Ceux qui ne constatent pas le déclin de la France ont une possibilité mettre des lunettes et appareiller leurs oreilles. Seuls les fans macroniens ne voient que du succès. Tout par à la dérive avec un gouvernement de bonimenteurs qui n’ assure pas le travail pour lequel ils ont été élus. Dette abyssale du Mozart de finance, insécurité du nouveau Vidocq, laxisme du garde » des sots » , et cerise sur le gâteau le narcissisme absolu d’ un adolescent attardé qui joue au président.
Si ce Président reste dans l’histoire, ce sera avec l’image d’un manipulateur travaillant contre les intérêts de son peuple.
JM le Pen à l’époque à fait preuve le lucidité et toute sa vie de courage dans les combats qu il a mené et contre les attaques malhonnêtes qu’il a subit. Mais la caste n’avait qu’une envie c’était de se gaver et de rendre irréversible sa domination (avec l’Europe germano/bruxelloise par exemple ) .
De nombreux français se sont , en effet , enfin réveillé et il était plus que temps .Si la majorité avait écouté J- Marie Le Pen il y a 40 ans nous n’en serions pas là . Aujourd’hui sans un vrai sursaut aux urnes nous sommes fichus , ce pays est mort , nos enfants seront réduits à se convertir à l’islam ou mourrir ou fuir et pour fuir il sera difficile de trouver un pays ou ils ne sévissent pas .
J.M. Le Pen avait dressé des constats alarmants que sa fille ,durant des années et jusque dans la campagne présidentielle ,s’est bien gardée de reprendre à son compte ,jusqu’à réaliser,depuis quelques mois,qu’il s’agissait de problématiques méritant qu’on s’y attache.Seul Zemmour avait repris les idées de J.M.Le Pen qui lui ont valu d’être parfois condamné en justice.De son côté MLP vu qu’elle était très timorée sur ces sujets,affirmant même que l’islam était compatible avec la République,ne risquait pas de subir les foudres judiciaires.
Très juste et Zemmour est en effet plus proche de J-M Le Pen dans ses constats et ses analyses , Marine n’est pas très crédible pour moi.
« le Front national de Jean-Marie Le Pen n’était en phase ni avec le présent ni avec l’avenir » dites-vous …
Malheureusement, J.M. Le Pen était un amoureux des jeux de mots, bons ou mauvais, mais l’arbre de l’humour ne doit pas cacher le forêt, entre autres quand J.M. Le Pen nous prévenait des risques pour la France de l’excès d’une trop grande présence de musulmans sur notre territoire.
Pourquoi, la France du XIXIème siècle avait vu l’incompatibilité de nos lois avec celles de l’Islam, en créant un statu « bizarre » pour les autochtones algériens la nationalité sans la citoyenneté ?
A l’époque, Les juristes français expliquent que cinq coutumes musulmanes sont incompatibles avec le droit français :
– la polygamie ;
– la prérogative du père de marier son enfant sans son consentement ;
– le droit du mari de rompre unilatéralement le lien conjugal ;
– le droit de reconnaître la filiation paternelle légitime d’un enfant né après la dissolution du mariage ;
– le privilège des mâles en matière de succession.
Le sujet n’est pas résolu, que ferons nous quand par un jeu démographique, une dynamique religieuse, ils nous obligeront à autoriser dans un premier temps des tribunaux liés à la charia, comme cela se fait au Royaume-Uni ?
Et oui, J.M. Le Pen était en phase avec le futur.
Je regarde avec commisération et mépris ce peuple d’une France qui n’est plus et pour qui je me suis battu.