Studios Disney : le wokisme ne paye plus

Capture d'écran
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Cette année, les fameux studios fondés par Walt Disney fêtent leur centenaire. L’occasion de faire la fête ? Pas pour ses actionnaires, semble-t-il. En effet, Bob Diger, son PDG, vient de faire repentance, à l’occasion du DealBook Summit, prestigieux événement organisé par le New York Times : « Les créateurs ont perdu de vue ce que devait être leur objectif numéro un. Nous devons d’abord divertir. Il ne s’agit pas d’envoyer des messages. »

Venant de celui qui, dès le début des années 2000, a poussé la firme aux grandes oreilles à basculer dans le progressisme militant, voilà qui ne manque pas de sel et encore moins de ketchup. Surtout quand cet homme de 72 ans profite de l’occasion pour battre sa coulpe sur la poitrine de ses salariés. Car le baiser homosexuel de Buzz l’éclair (2022), la nouvelle Petite Sirène (2023), héroïne du folklore danois, désormais incarnée par l’actrice noire Halle Bailey, c’est lui ; sauf à considérer qu’il ne soit pas le patron de sa propre entreprise.

Sans oublier Blanche-Neige et les sept nains, version new-look prévue à l’horizon 2025, avec « créatures magiques » en guise de nains et une Rachel Zegler affirmant, à propos de son interprétation : « Blanche-Neige ne sera pas sauvée par le prince. Et elle ne rêvera pas du véritable amour. Elle rêve de devenir la leader qu’elle sait pouvoir être. » Bref, de quoi donner, par anticipation, des sueurs froides aux actionnaires plus haut évoqués, rien qu’à imaginer une Blanche-Neige façon Angela Davis. Car il y a un facteur à ne pas négliger : le royaume enchanté de l’oncle Walt demeure avant tout celui du roi dollar.

Quand l’action Disney perd la moitié de sa valeur…

La preuve en est que du point de vue du box-office, les bides s’enchaînent depuis quelques années. Échecs critiques, tout d’abord, ce qui n’est pas le plus grave, mais, surtout, échecs publics ; ce qui l’est plus. Et quand on sait les budgets faramineux qui sont en jeu (pas un film ne se fait à moins de deux cent millions de dollars, somme généralement à doubler avec les frais de promotion), ça ne rigole plus.

Et celui qui rigole encore moins, c’est le fameux Nelson Peltz, activiste boursier à la tête du fonds Trian, qui a déjà investi trois milliards de dollars dans les studios Disney : « Depuis que nous avons donné à Disney l’occasion de prouver qu’il pouvait redresser le navire, […] les actionnaires ont perdu 70 milliards de dollars… » Résultat ? La cotation boursière de cette entreprise n’est plus que de 170 milliards de dollars. Soit moitié moins qu’il y a deux ans.

Si l’on résume, en admettant que le wokisme ait payé un jour, force est de reconnaître qu’il ne paye plus. Et ça, à Hollywood, ça ne pardonne pas. À ce propos, on est d’ailleurs en droit de se demander par quelle aberration ces décideurs, tous issus des écoles les plus prestigieuses, ont pu commettre de telles erreurs de débutants. Car la marque Disney, depuis sa création, a toujours été portée sur ces valeurs traditionnelles et familiales, fédératrices par nature ; donc tournées vers un grand public qu’il convient plus d’émerveiller que d’éduquer.

Même le cinéma marginal n’est plus à l’abri du wokisme

Pour le cinéma militant, il y avait John Waters, par exemple, l’un des premiers à mettre en scène transsexuels et drag-queens et assumant crânement sa marginalité, quoiqu’il soit à son tour victime du wokisme, n’hésitant pas à affirmer au Point, le 10 mai 2023 : « Même RuPaul [drag-queen américaine emblématique, NDLR] ne peut plus utiliser l’expression "tranny", mot familier pour qualifier les personnes trans, jugé trop offensant. […] Aujourd’hui, la censure vient davantage de la gauche que de la droite. »

Mais cela, les nouveaux dirigeants de Disney semblent l’ignorer, confondant grand public et public de niche. D’où ce réveil brutal, façon Victoria’s Secret, célèbre marque de lingerie obligée d’en revenir à ses fondamentaux historiques : faire défiler de jolies filles aux formes généreuses.

En d’autres termes, c’est le retour du principe de réalité. Réalité de l’argent, principalement ; en l’occurrence plus efficace que l’appel à la plus élémentaire des décences ou du simple bon sens.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Le wokisme n’intéresse qu’une infime mais très bruyante partie de la population aussi céder à leur dictat peut couter très cher dans le domaine du divertissement. Que Disney prenne une claque est plus que réjouissant car le cela va réveiller les producteurs de cinéma qui veulent un retour sur investissements sauf en France où le cinéma est subventionné à fonds perdus grâce aux impôts des Français…

  2. Dans les secteurs de consommation de masse, l’argent n’est rien d’autre qu’un sondage d’opinion.
    Le wokisme ne représente que ceux qui en vivent : soit en permettant aux êtres les plus vides de se trouver une identité militante, soit en permettant aux plus avides de gagner des fortunes avec quelques procès.
    En gros, le wokisme ne construit rien et il ne représente qu’une infime minorité de la population.
    Le sondage est donc sans appel, 170 milliards de perte en deux ans pour Disney alors même que l’entreprise venait de sortir sa plateforme de streaming.

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