Subventions agricoles : le RN accuse Annie Genevard de manipulation
Les agriculteurs français ont de quoi être (un peu) soulagés : les aides promises leur seront bien versées, malgré le passage de la motion de censure qui a renversé le gouvernement Barnier. Pourtant, à quelques heures du vote crucial, Annie Genevard, alors ministre de l’Agriculture, n’avait pas hésité à agiter un spectre inquiétant. « Cette censure, si elle est adoptée, ce sont les agriculteurs qui vont en payer le prix », avait-elle alerté, suscitant l’émoi dans le monde paysan. Aujourd’hui, alors qu’elle a conservé son poste sous le gouvernement de François Bayrou, ses déclarations attirent les foudres du Rassemblement national, qui l’accuse d’avoir menti sciemment pour influencer les députés. Une stratégie de la peur que Jordan Bardella et Marine Le Pen dénoncent avec virulence sur leurs réseaux sociaux.
Une peur orchestrée pour sauver Barnier ?
Pour le président du RN, Jordan Bardella, les faits sont clairs : Annie Genevard a délibérément joué sur les angoisses des agriculteurs pour servir une cause politique. « Vous reconnaissez donc avoir joué sur les peurs et menti aux agriculteurs français ? », a-t-il apostrophé le ministre, sur X (anciennement Twitter), dans un message partagé des milliers de fois. À l’appui de ses propos, il rappelle que, dès l’annonce de la censure, le gouvernement Bayrou s’est engagé à… maintenir les subventions. De son côté, Marine Le Pen n’a pas tardé à enfoncer le clou : « Ces méthodes sont inacceptables quand on connaît la souffrance de toute une profession à l’agonie et indignes de la part d’une ministre. »
Il y a un mois, agitant les peurs et manipulant la détresse des agriculteurs, Mme Genevard leur a délibérément menti en assurant que la censure les priverait de toutes aides. Ces méthodes sont inacceptables quand on connaît la souffrance de toute une profession à l’agonie et… https://t.co/BKvaY77Tw5
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) January 2, 2025
En réponse, Annie Genevard persiste et signe. « M. Bardella, vous avez décidé de censurer le gouvernement en ayant pleinement conscience que les agriculteurs en seraient les premières victimes, au mépris des difficultés immenses qu’ils connaissent déjà, a déclaré le ministre, sur le réseau social d’Elon Musk, avant d’ajouter : « Je me bats désormais pour rattraper les conséquences de cette censure et, avec le gouvernement, faire en sorte que cette année ne soit pas perdue pour nos agriculteurs. » Et de marteler : « Je le redis, il faudra nécessairement un budget. »
M. @J_Bardella, vous avez décidé de censurer le Gouvernement en ayant pleinement conscience que les agriculteurs en seraient les premières victimes, au mépris des difficultés immenses qu’ils connaissent déjà.
Je me bats désormais pour rattraper les conséquences de cette censure… https://t.co/yB4fKk7IMx
— Annie Genevard (@AnnieGenevard) January 2, 2025
Élisabeth Borne loin d’être en reste
Avant même le vote de la motion de censure, le 23 novembre, l'ex-Premier ministre Élisabeth Borne avait semé la panique en annonçant la fin de l'assurance maladie lors de son passage dans l'émission Quelle époque !, sur France 2 : « Si le budget de la Sécurité sociale n’est pas adopté, il n’y a aucune solution : votre carte Vitale ne marche plus, il n’y a plus de retraites. » Cependant, la loi permet à la Sécurité sociale d'emprunter, comme l'explique la sénatrice Élisabeth Doineau, rapporteur général de la commission des affaires sociales, sur Public Sénat, ce qui garantit le financement des prestations. De plus, des dispositifs permettent d'augmenter le plafond d'emprunt, contribuant ainsi à accroître le déficit de la Sécu. « Bien sûr que [les cartes Vitale] fonctionneront ! », s'exclamait alors Charles de Courson, rappelant que tout cela relève du domaine réglementaire et qu'aucun changement n'est nécessaire. En revanche, « la diminution du taux de remboursement des médicaments, qui relève du législatif, ne se fera pas car la loi n’a pas été votée ».
Quant à l'argument d'Élisabeth Borne sur l'absence de retraites sans budget de la Sécu, il s'avère infondé. Charles de Courson, expert du budget de l'Assemblée, balayait, en décembre dernier, auprès de BV, cette menace d'un revers de main : « Grâce au vote de la motion de censure, les retraites [inférieures au SMIC, NDLR] vont bénéficier d’une augmentation de 2 %, alors que si la loi sur la Sécu avait été votée, l’augmentation se serait limitée à 0,9 % au 1er janvier et au 1er juillet. » La Macronie entretient décidément un rapport difficile avec... la vérité.
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Un vert manteau de mosquées
27 commentaires
Ce qui me bouleverse,ce n’est pas que tu m’aies menti, c’est que désormais je ne pourrai plus te croire
Nietzsche
Cette femme ne pense qu’à son intérêt personnel, elle est prête à tout pour sauver ses privilèges. elle s’est déjà distinguée lors de la scission des LR.
Peut-être que ceux qui nous gouvernent ne comprennent plus eux-mêmes le fonctionnement des sectuers économiques dont ils ont la charge. C’est tellement compliqué, n’est-ce pas, qu’ils peuvent se mêler les pinceaux. C’est tellement compliqué, il est vrai. Dans un sens c’est commode, puisqu’ils ne pigent que dale à leur ministère, ils peuvent dire un jour blanc et le lendemain noir. Les français roulés dans la farine doivent rester heureux de leurs politiques!
Toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot La connerie est courante Le complot exige un esprit rare
Michel Rocard
Les agriculteurs ne devaient plus toucher de subventions, leurs troupeaux devaient périr de mort subite, les cartes vitales n’allaient plus fonctionner….etc…Certains y ont cru car la fabrique des crétins n’a pas encore complétement fermé ses portes.