Suez : c’est l’histoire de la sardine qui a bouché le port

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Une histoire vraie et doublement vraie. À une lettre près. Cette sympathique autodérision des Marseillais, réputés pour tout exagérer, vient d’une erreur de frappe et d’un incident tragique, similaire à celui du porte-containers bloqué à Suez. Le Sartine – et non la sardine – était un grand bateau qui portait le nom du ministre de la Marine sous Louis XVI, Antoine de Sartine. À l'entrée du port de Marseille, en 1779, une erreur de navigation déporta le navire sur des rochers et il finit par couler, ce qui en empêcha pendant un certain temps l'accès et la sortie à toute autre embarcation.

Depuis quatre jours, l'Ever Given, un bâtiment d’acier plus long que la tour Eiffel, est coincé en travers du canal où passe l’essentiel des marchandises pour l’Asie, le Moyen-Orient et l’Europe. Une partie du commerce mondial est ainsi enlisé, et sans doute pour plusieurs semaines. On parle déjà de plusieurs milliards de dollars de perte.

Ce porte-conteneurs est un des plus grands au monde. Long de 400 mètres, large de 59 mètres et haut comme un immeuble de 20 étages, il transporte 22.000 containers. Plusieurs centaines de navires bloqués derrière lui doivent déjà se demander s’il vaut mieux attendre pour passer le canal qui relie la mer Rouge à la Méditerranée ou faire le grand tour de l’Afrique avec 9.000 kilomètres et dix jours de mer supplémentaires.

Des centaines d’usines européennes se retrouvent au chômage technique. Un bateau éternue et c’est l’économie mondiale qui s’enrhume. On hésite à en rire ou en pleurer. C’est le lion de La Fontaine épuisé par un moucheron. Un petit grain de sable qui a enrayé toute la machine. Plus grave : c’est, une fois de plus, toute la mondialisation de la « Macron économie » qui prend une gifle.

À force de détruire son industrie pour la sous-traiter aux Chinois, la France leur est devenue soumise. Elle ne peut même plus fabriquer un médicament sans les Asiatiques. Cela signifie que si ceux-ci veulent, demain, nous dominer, pas besoin de guerre : il leur suffit d’arrêter de nous livrer des produits de grande – sinon de première – nécessité.

Le bon sens du général de Gaulle (encore lui !) est de nouveau d’actualité. Le visionnaire mettait un point d’honneur à vouloir l’indépendance de son pays et pouvoir se débrouiller seul dans n’importe quelle situation, de guerre ou de paix. Autonomie, on vous dit ! N’est-ce pas que du bon sens et de la sagesse ?

Quel pied de nez au progressisme, une fois de plus ! Ah, si cela pouvait simplement servir de leçon à nos dirigeants actuels ! Au moment où l’homme est capable d’envoyer un engin sur Mars, un autre engin s’est laissé ligoter par l’économie mondiale. Au passage, rendons hommage au constructeur d’un des canaux les plus importants de la planète, le Français Ferdinand de Lesseps. Un vrai homme de progrès dans le bon sens du terme.

Diplomate et consul en Égypte en 1833, il noue des liens d'amitié avec le prince Saïd. Lorsque ce dernier devient souverain, il contacte Ferdinand de Lesseps qui entreprendra de grands travaux pour concrétiser le creusement gigantesque de 193 kilomètres, lequel sera inauguré en 1869. Un siècle et demi plus tard, on espère juste qu’aucun esprit malveillant n’aura l’idée de déboulonner sa statue.

Isidore
Isidore
Chroniqueur

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