Suicide de Sinéad O’Connor : pas facile d’être une star…
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Rares sont les artistes à avoir eu une vie heureuse ; spécialement les chanteuses. C’est même devenu un classique du genre que d’exorciser ses malheurs et son mal-être en chansons. La preuve par Billie Holiday et Édith Piaf. Mais la vie de l’Irlandaise Sinéad O’Connor, qui nous a quittés ce 26 juillet, c’était un sommet. Car aux affres endurées depuis l’enfance se mêlaient les dingueries politiques et sociétales du moment. Ce n’est pas très chrétien de le dire et encore moins de l’écrire, mais ça en devenait presque drôle.
Née le 8 décembre 1966 à Dublin, ses parents divorcent quand elle a huit ans, ce qui est rare dans une Irlande encore très catholique. Sa mère alcoolique la bat. Une irrépressible kleptomanie l’amène, à tout juste quinze ans, dans une maison de correction tenue par des religieuses. Sinéad O’Connor n’en garde pas que de bons souvenirs, c’est le moins qu’on puisse prétendre.
Vingt ans plus tard, son premier groupe. Est-ce pour rendre hommage aux bonnes sœurs et à leurs coups de badine, mais elle le baptise Ton Ton Macoute. Là, pour la première et la dernière fois de sa vie, elle a de la chance. Car la même année, The Edge, le guitariste du groupe U2, lui permet de cosigner et d’interpréter la chanson « Heroine », qui accompagne le générique du film franco-britannique éponyme. Héroïne, pas comme la drogue, on précise.
1987, son premier album The Lion and The Cobra, qui traite déjà de problèmes aussi primesautiers que l’aliénation, la colère, l’angoisse, le rapport à la religion et la mort en général. Le tout est conjointement salué par la critique et le public, car s’il y a une chose qu’on ne saurait retirer à Sinéad O’Connor, c’est bel et bien sa voix : cristalline, mais légèrement voilée ; douce et menaçante à la fois. Bref, une voix comme il en existe peu.
En 1990, après les premiers succès, vient le triomphe avec sa reprise de « Nothing Compares 2 U », l’une des plus belles chansons de Prince. Il lui aura suffi de deux disques pour devenir une véritable star. Une fois encore, pas de chance. Trop de succès, trop tôt, ce n’est pas un problème de petite fille riche mais le cauchemar d’une ancienne petite fille pauvre, surtout quand elle parle d’abord pour ensuite faire mine de réfléchir. Pour fêter ça, elle se rase le crâne et envoie bouler sa maison de disques.
Deux ans plus tard, elle croit encore malin de déchirer une photo du pape Jean-Paul II, lors de la fameuse émission américaine Saturday Night Live, histoire de dénoncer ces abus sexuels sur enfants que couvrirait le Vatican. Quelques semaines plus tard, elle est malgré tout invitée au Madison Square Garden de New York pour fêter les trente ans de carrière de Bob Dylan. Elle est huée par la foule. Et ostensiblement snobée par l’ancien Beatles George Harrison, le guitariste Eric Clapton et, pis encore, par Bob Dylan en personne, qui a été personnellement invité par Jean-Paul II en concert privé au Vatican. On dit que le pape adorait la chanson « Knockin’ on Heaven’s Door ».
Avec « Nothing Compares 2 U », elle est arrivée à son acmé artistique et commercial. Seulement voilà, pas de chance une fois de plus, Prince fait savoir qu’il n’aime pas la version de Sinéad O’Connor. Les deux en seraient personnellement venus aux mains. Côté famille, les choses seront de plus en plus chaotiques, cette lesbienne revendiquée donne naissance à quatre enfants, nés de quatre pères différents. Côté religion, ça se bouscule tout autant. Catholique fervente, mais de l’espèce contrariée, elle parvient, en 1999, à se faire ordonner prêtre par un évêque irlandais dissident tout en demandant à se faire excommunier par le Vatican et d’exiger qu’on l’appelle « sœur Bernadette-Marie ». Ce qui ne l’empêche pas d’opter ensuite pour le rastafarisme, religion née en Jamaïque et naguère prônée, entre autres artistes, par Bob Marley.
Tout bien réfléchi, Sinéad O’Connor se convertit au bouddhisme ; avec son crâne rasé, un grand pas avait déjà été fait. De temps à autre, elle sort un disque, sans ne jamais rencontrer qu’un vague succès d’estime. Puis, lassée du bouddhisme, et après avoir appelé en vain à la réunion des deux Irlandes, elle préfère finalement épouser la religion musulmane. Elle se fait alors appeler Shuhada Davitt et précise ne pas porter le voile en permanence. C’est le Coran alternatif.
Peut-être à la longue fatiguée de tout ce cirque, elle multiplie les tentatives de suicide. Celle de ce 26 juillet aura été la bonne. Les gens simples et sans histoires ne connaissent pas leur bonheur.
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15 commentaires
Merci pour ce bel article plein d’humour délicat sur une artiste que je ne connaissais pas.
Un seul souvenir de Sinéad : en 1993, en avril précisément, les murs du métro étaient tapissés d’affiches 4×3, crâne déjà à nu – mais qui pouvait se le permettre aussi bien qu’elle, quelles qu’en soient les raisons ? – et ces yeux immenses dans un visage régulier : la photo qui illustre cet article témoigne de sa beauté. Après, je l’ai totalement perdue de vue, les gens déjantés me font peur. Mais cette affiche est absolument inoubliable.
Pauvre enfant plus à plaindre qu’à blâmer.Et combien de gens perdus dans cette société sans foi ni loi et violente
Je ne la connais que pour sa chanson « Nothing compares to you » où je la trouve sublime d’interprétation. Quant à sa vie privée, elle en a fait une épave. Comme pour bien d’autres artistes morts à des âges où la mort est indécente, elle rejoindra la catégorie des sublimes épaves.
Complètement perdue cette pauvre chanteuse ! Et l ‘ islam ne l’a pas aidée ? ?? Tiens donc……
Sinon, bravo pour le » coran alternatif » j’aime beaucoup…
C’est le suicide de son fils de 17 ans qui a précipité » les choses » .
Une voix bien « celtiquement » timbrée.
Des âmes perdues, le progressisme en fabrique tous les jours. Je rencontre des jeunes qui ne savent plus si ils sont hommes ou femmes, homo ou hétéro, croyants ou athées. Le suicide chez les jeunes sera le tribu des progressistes.
« Pas facile d’être star » …? Si elle avait fait des ménages au noir 7/7 et toute l’année pour nourrir ses enfants elle aurait gardé le goût de la vie .
D’accord avec vous…
Dans le genre fofolle, nous avons Sandrine Rousseau, mais elle ne chante pas.
Pitié, ne lui en donnez pas l’idée!
Je pense que dans les asiles d’aliénés on doit pouvoir trouver beaucoup de patients avec des sensibilités artistiques très développées.
Les âmes artistes sont souvent considérées comme relevant du psy et non d’un trop-plein de sensibilité et de transcendance…
C’est les français et leurs votes qui entérinent toutes ces forfaitures. Ainsi va la France .
Un seul succès, sur une reprise détestée de l’auteur original et 30 ans de gamineries pour essayer d’attirer l’attention.
Il faut s’en remettre, Sinéad O’Connor n’était pas Kurt Cobain ou Dolores O’Riordan.