Suicide d’un adolescent harcelé : G. Attal, équilibriste de l’en-même-temps

Gabriel Attal

C'est un de ces « faits divers » qui servent de chronique sordide à l'effondrement de l'école de la République. Nicolas, un adolescent qui subissait un harcèlement scolaire depuis des mois, venait de changer d'établissement à l'occasion de cette rentrée 2023. Il s'est finalement suicidé à Poissy, au début de ce mois de septembre. Des histoires de harcèlement scolaire, il en arrive tout le temps, partout en France. La nature humaine n'a pas changé en quelques décennies : certes, les élèves sont devenus plus violents, moins cultivés, moins travailleurs, mais ce qui a véritablement changé, c'est le modèle dominant. Face à des professeurs dépassés, démissionnaires, quand ils ne sont pas carrément physiquement absents de leur classe, face à une hiérarchie obnubilée par le « pas de vagues » et qui ne soutient pas ses enseignants, les élèves se croient tout permis. Et, fort logiquement, ce sont les petits caïds, les harceleurs, les racailles et les cancres qui donnent le ton.

Les parents de Nicolas avaient alerté les professeurs, puis le chef d'établissement, notamment par un courrier récapitulant les menaces et insultes que subissait leur fils. Le rectorat avait répondu aux parents par un courrier glacial et menaçant, évoquant un « supposé harcèlement » et laissant planer la menace d'une plainte pour dénonciation calomnieuse. Il faut lire le courrier adressé par « l'Administration » à des parents meurtris, désemparés, et qui n'ont reçu pour toute réponse qu'un rappel du respect qui est dû à l'équipe éducative, et autres injonctions hors-sol.

Interrogé sur cette triste affaire, si représentative, Gabriel Attal ne s'est pas dérobé : le ministre de l'Éducation nationale a considéré que le courrier envoyé par le rectorat aux parents de Nicolas était « une honte ». Élisabeth Borne, plus mesurée, a parlé d'« une défaillance sur le type de réponse adressée à des parents inquiets ». Jusque-là, on est d'accord. Mais il faut savoir que la rectrice est une proche d'Emmanuel Macron, camarade de promotion de l'ENA. Gabriel Attal ira-t-il chercher les responsabilités dans cette triste et lamentable affaire aussi haut dans la hiérarchie de l'Éducation nationale ? La question mérite d'être posée. Après tout, en 2008, Nicolas Sarkozy avait bien accepté la démission du chef d'état-major de l'armée de terre après le drame de Carcassonne... Comment, par ailleurs, Borne, Attal et consorts comptent-ils mener « en même temps » un combat contre le harcèlement et conserver la posture hautaine et coercitive de l'Éducation nationale face à des parents qui sont obligés de confier leurs enfants à des profs parfois sous-diplômés, au milieu d'élèves de plus en plus fainéants ? C'est là toute l'ambiguïté de la position macronienne. En se voulant à la fois solidaire des parents d'enfants harcelés, des professeurs abandonnés, du rectorat craintif et cassant… et des racailles qui transforment les lycées en enfer, Macron (et donc Attal) court probablement trop de lièvres à la fois.

La famille de Nicolas n’est sans doute pas la dernière à faire les frais de ce tragique numéro d’équilibriste. Il est temps que cela cesse.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Ce qui est le plus intéressant c’est l’angle de récupération qu’a fait Jean-Luc Mélenchon hier BFMTV. Il fait de la politique, rien de surprenant.
    C’est des éléments de langage qu’il faut observer pour comprendre pourquoi qu’il dit ça. Il lâche les mots de Bicot, Riton, etc.
    En fait la NUPES s’est tu chaque fois qu’on parlait de harcèlement scolaire. Ce vide sidéral se voyait de plus en plus, sous-entendant que les français vont pensent de plus en plus qu’ils sont du côté des harceleurs. Le profil des enfants harcelés les dérange car il s’agit la plupart du temps d’enfants de parents qui ont le profil cliché de sympathisant pour le RN. Donc difficile de compatir pour Lindsay ou Lucas mais impossible pour eux de les haïr publiquement.
    Donc la pirouette consiste à se mettre du côté des harcelés sans offenser ses électorats islamogauchiste vus comme le camp des harceleurs. Le seul moyen pour Mélenchon de faire de la récupération est de se faire passer pour une victime, mais avec des faits justifiant leur convergence des luttes dont vous connaissez le concept. Mélenchon étant un pied noir, il faut donc mettre en scène un harcèlement prétendument raciste, et ainsi expliquer à ses électeurs bobos que les harcelés le sont en raison de leurs origines.

  2. Après l’enfant harcelé à l’école il y a le parent harcelé par le directeur du lycée, le prof qui n’a rien voulu savoir, le rectorat qui ne veut pas de scandale. les coups de fils se succèdent à la maison du harcelé, aux parents cette fois, pour qu’ils ne fassent pas de procès, pas de constat d’ITT en cas de violence, pas de communiqué à la presse. ça c’est du vécu. APrès, il y a tous les copains du harceleurs qui font le siège de la maison et empêchent parents et enfants de mettre le nez dehors pendant des semaines. Après, on déménage. Les enfants ont perdu un mois de scolarité et les parents leur salaire..

  3. Que peut_il savoir lui du harcèlement scolaire.A l’école Alsacienne – la sienne- on choisit ses copains parmi les fils de pour se faire une carrière et ça marche.

  4. C’est sous l’autorité de Charline Avenel, rectrice de l’Académie de Versailles, que s’est déroulée deux évènements où la responsabilité de l’institution est engagée : la décapitation de Samuel Paty et le suicide de Nicolas à Poissy.
    Charlie Avenel est une camarade de promotion de Micron, notre président.. Président qui a fait changé les règles pour pouvoir nommer cette personne à ce poste.
    Une fois de plus, Micron devrait passer devant une cour de justice pour forfaiture.

  5. Je ne veux pas agresser G. Attal. Mais il faut quand même reconnaitre qu’il a pris avec l’abaya une position courageuse, ce qui n’est pas le cas des autres politiques de son camp. Maintenant sur la rectrice était une parachutée de Macron, il a perdu d’avance dans sa démarche.

  6.  » Et, fort logiquement, ce sont les petits caïds, les harceleurs, les racailles et les cancres qui donnent le ton. » Cela porte un nom : la loi de la jungle, qui s’établit spontanément en cas de défaillance de l’autorité.

  7. sur X florian phillipot dévoile que la rectrice en charge a l époque était charline avenel amie de promotion a l ENA de macron qui l aurait personnellement imposé a ce poste . si c est le cas attal n aura pas a chercher bien loin les responsables…

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