Suisse : trop « idéologique », le referendum des Verts rejeté à 70 %

@Guillaume de Germain/Unsplash
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Ce dimanche 9 février, les écologistes suisses soumettaient au vote de leurs concitoyens un texte sur l’initiative pour la responsabilité environnementale de leur pays. Un texte lourd d’idéologie qui a été rejeté à près de 70 % des votants. La Confédération n'a fait aucun cadeau à cette jeune gauche utopiste et déconnectée. La campagne et des sondages laissaient du reste peu d'espoir aux promoteurs de ce référendum qui a pris des allures de sévère correction. Un rappel au réel pour les rouges-verts européens, et français ! Revue de détail.

Un projet radical…

« Changer les fondements du système pour que la croissance économique ne soit plus une condition préalable à la prospérité et au progrès. » C’est, en résumé, le projet que le jeune parti aurait voulu voir intégré à la Constitution, ce dimanche. Le texte ressemblait davantage à une chronique de militants d’ONG pour la justice sociale qu’à une sérieuse proposition de loi d’un parti politique. Les exigences étaient lourdes et manquaient de clarté.

Entre critique du capitalisme et louange de la décroissance, un aspect revenait souvent : le devoir des entreprises « d’assumer leurs responsabilités en respectant les critères écologiques et sociaux et en payant pour les dommages qu’elles ont causés ». L’un des principes phares du texte, rédigé en écriture inclusive, concernait la responsabilité des « pays riches » vis-à-vis du Sud global et de ses populations. Pour les Verts suisses, la lutte pour l’écologie est en effet indissociable de la justice sociale : « La quête infinie de profits des grandes entreprises met en péril les bases mêmes de la vie humaine, professaient-ils. C'est pourquoi nous demandons un changement radical de la manière dont fonctionnent notre économie et notre société : nous voulons que les responsables assument les conséquences de la destruction environnementale et offrent à tou·te·x·s (sic !) un avenir digne de ce nom. » Des exigences bien loin des préoccupations et des intérêts des Suisses qui ont vu leur pouvoir d’achat reculer, ces dernières années.

…rejeté par le peuple suisse !

Si les Verts se sont réjouis d’avoir rassemblé la gauche autour de leur texte, pour lequel 75 % des écologistes et 62 % des socialistes se sont montrés favorables, c’est bien le seul soutien dont ils ont bénéficié. L'initiative environnementale en faveur du respect des limites planétaires s'est heurtée à l'indifférence des Suisses. « La question n’a pas suscité un gros débat chez les citoyens », explique à BV Éric Bertinat, ancien conseiller municipal de Genève au sein de l’Union démocratique du centre (UDC). L'initiative a été perçue comme « très idéologique » et « manquant de recul et de sérieux ».

Surtout, le contraste entre les préoccupations des zones rurales et des grandes agglomérations est flagrant. Seuls 26 % des citoyens ruraux ont voté « oui », lors du référendum. Les chiffres grimpent dans les cantons plus citadins. On compte jusqu’à 45,3 % d’approbation à Bâle-Ville et 41,7 % à Genève. Mais, comme le souligne Éric Bertinat, si les écologistes sont « bien implantés dans les zones urbaines », dans le reste du pays, « ils sont en perte de vitesse ».

Une prise de conscience de l'impact des politiques environnementales

Pas étonnant, estime le fondateur de Perspective catholique, au vu de la prudence de ce peuple qui « commence à mesurer l’impact des grosses décisions en faveur de l’environnement, votées ces dernières années ». « Toutes ces politiques ont effarouché les Suisses, qui se montrent désormais frileux » devant les propositions extrêmes de ces partis verts, ajoute-t-il. À cela pourrait s’ajouter le regard curieux porté vers d’autres démocraties, comme les États-Unis ou l’Argentine, qui n’ont plus peur d’assumer la priorité donnée à la croissance économique et à la prospérité de leur pays. La question se pose : la Cour européenne des droits de l’homme, qui a condamné la Suisse pour « inaction climatique » en avril 2024, permettra-t-elle à ce pays de préserver son incroyable modèle économique sans se soumettre aux exigences des « Khmers verts » ? La population a, en tout cas, clairement donné son avis. En Suisse, comme en France, les rouges-verts suscitent majoritairement la colère, le désaveu ou l'indifférence.

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