Suppression de C8 : J.D. Vance avait raison

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Ce n’était jamais arrivé. Jamais la France n’avait fermé de manière autoritaire une chaîne de télévision, quelles qu'en soient les causes. Ce mercredi 19 février, le Conseil d’État a franchi une étape en signant l’arrêt de mort de NRJ 12 et surtout de C8, la chaîne propriété de Vincent Bolloré, qui l'avait créée en 2005 sous le nom Direct 8. Chargé de juger si le droit était respecté, le Conseil d’État estime que « l'Arcom n'a pas commis d'illégalité dans son analyse qui l'a amenée à écarter C8 et NRJ12 ». Fermez le ban ! Exit la première chaîne de la TNT en audience, même si le Conseil d'État, en demandant à l'Arcom d'étudier la possibilité d'un nouvel appel à candidatures pour quatre fréquences vacantes à partir de juin, entrouvre un... soupirail à C8.

Donc, ils l’ont fait ! Ils ont fermé la huitième plus grande chaîne française (3 % d'audience pour C8 et Arte, en moyenne, en 2024, selon Médiamétrie). La décision a quelque chose de stupéfiant, au pays de la liberté d'expression. Autant NRJ12, très déficitaire, ne diffusait pas de contenus politiques, autant C8 et son animateur vedette Cyril Hanouna s’est fréquemment positionnée dans l’opposition au pouvoir. Sa disparition pose ainsi naturellement la question de la liberté de la presse en France.

« Le pluralisme médiatique recule »

En quelques jours, le Conseil d’État donne ainsi raison à… J.D. Vance dont le discours prononcé à Munich a fait pousser des cris d’orfraie aux tenants du « système ». Le vice-président des États-Unis a mis clairement en garde les gouvernants européens contre une dérive de plus en plus voyante, même des États-Unis : la « censure » gouvernementale de la liberté d’expression. « Autoriser nos citoyens à exprimer leur opinion » produira des démocraties « encore plus fortes », a poursuivi Vance. « Nous pourrons être en désaccord avec vos opinions mais nous nous battrons pour défendre votre droit de les exprimer dans l’espace public, que vous soyez d’accord ou non », lançait le vice-président des États-Unis. Discours visionnaire, cinq jours avant la suppression de C8.

En France, plusieurs personnalités de droite réagissent en ce sens : « La confirmation par le Conseil d’État de la suppression de C8, première chaîne de la TNT, par l’Arcom, classe la France comme un pays où le pluralisme médiatique, déjà mal en point, recule », écrit Marion Maréchal, sur X. Même réaction de Nicolas Dupont-Aignan : « L'Arcom et le Conseil d'État se discréditent une fois de plus. La censure frappe C8 et NRJ 12. En France, en 2025, exprimer ses opinions devient un combat et non plus un droit. » Sarah Knafo, questionnée ce 19 février à l’antenne d’Europe 1 par Cyril Hanouna, fait le constat d’une dérive grave. « C’est un immense dévoiement du rôle du Conseil d’État », estime la députée européenne Reconquête, pour qui « la justice administrative sert à protéger les libertés publiques devant l’arbitraire de l’État ». Or, « c’est le contraire qui se produit, estime-t-elle. L’État soutient des décisions liberticides. »

Ceux qui sont attachés à la démocratie le savent. Tripatouiller les médias, jouer avec la liberté d’expression ne sont pas sans conséquences. « Dans un pays où règne ostensiblement le dogme de la souveraineté du peuple, la censure n’est pas seulement un danger mais encore une grande absurdité », écrit le sage Alexis de Tocqueville dans son maître livre De la démocratie en Amérique. Il expliquait qu’il faut bien « choisir entre les différentes opinions qui agitent ses contemporains » et constatait : « Parmi les douze millions d’hommes qui vivent sur le territoire des États-Unis, il n’en est pas un seul qui ait encore osé proposer de restreindre la liberté de la presse. »

L'extrême gauche obtient satisfaction

Ces hommes, la France les a trouvés. Les neuf « sages » de l’Arcom sont majoritairement nommés par des responsables politiques. Le président de l’ex-CSA est désigné par… le président de la République. Les conseillers sont nommés par le président de l’Assemblée nationale, celui du Sénat, le vice-président du Conseil d’État et le premier président de la Cour de cassation. L’extrême gauche réclamait en hurlant l’arrêt de CNews et C8 ; elle obtient satisfaction sur C8.

Gérald-Brice Viret, le directeur général de Canal+ France, en charge des programmes et des antennes, patron de C8, écrit, sur X : « Sous couvert d’une intervention prétendument salvatrice, cette décision déconnectée prive les Français d’une chaîne ancrée dans leur quotidien et isole encore davantage ceux qui avaient trouvé en C8 un moyen de se rapprocher du tissu culturel commun. » Il n'y aura pas la moindre solidarité de la gauche avec les 400 salariés privés d'emploi, pas de manifestations monstres, pas de quartiers brûlés, pas de voitures fracassées, pas de gendarmes attaqués, pas de symboles de l'État détruits ou souillés. Rien, apparemment. Sauf que cette décision fera monter d'un cran supplémentaire la colère du peuple. Et cette colère se manifeste toujours, dans les urnes ou ailleurs.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

93 commentaires

  1. En réponse à la leçon magistrale de Vance en matière d’expression , notre Barrot a affirmé sans ciller que la liberté d’expression était garantie en France. Deux medias sont mis hors course ! Ne pourrait-on pas transférer toutes les émissions de C8 sur Canal+ ? Boycotter le magazine Reporters sans frontières, ce magazine censé défendre la liberté d’expression dans le monde et qui serait responsable de ce fiasco ! Suppression de l’Arcom et virer tous ces juges du CE à la « Milei » .

  2. Le point sur lequel personne n’insiste, c’est que l’arcom a pris cette décision inique pour placer 2 chaînes d’information au mains de la gauche !
    Donc suppression de 2 chaînes avec des programmes variés pour faire plaisir à la gauche médiatique.
    Le camps du bien tremble sur ses fondations, alors cette décision hors sol du conseil d’état est elle pour faire un bras d’honneur à JD Vance ou pour persister dans un aveuglement idéologique forcené ?

    Nous allons bien voir aux prochaines élections quel va être le taux de participation des français car ceux ci en ont marre d’être ignorés !

  3. Sale temps pour la France. La liberté d’expression n’est qu’un leurre. Elle ne sert que ceux qui sont accrédités par le « bon camp ». La gauche jubile, la droite s’agenouille. Wauquiez a beau s’exprimer sur le sujet aujourd’hui que ne l’a-t-il fait hier. Tous sont des faux culs. Noir c’est noir, il n’y a vraiment plus d’espoir.

  4. Quel est le point commun entre: Martin Ajdari (président de l’Arcom), Didier Tabuteau (Président du Conseil D’État), Pierre Moscovici (président de la Cour des comptes), Laurent Fabius et Richard Ferrand (ancien et nouveau présidents du Conseil Constitutionnel) ??? Ils sont tous issus du PS.
    Il est délirant qu’un parti crépusculaire puisse tenir tous les leviers de la loi et de son interprétation, avec une conception de ses pouvoirs toujours plus extensive.

  5. La TNT a terme va disparaître trop cher a entretenir.
    La fibre et le satellite sont l’avenir.
    C8 pourrait voir à continuer a être transmis sur ces réseaux.
    Sortir des règles de l’arcom en délocalisant le siège social hors de France

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