Sur le ring de CNN, Trump met Biden KO en un round

Capture d'écran © CNN
Capture d'écran © CNN

La différence avec les débats politiques français, d’une platitude désolante, saute aux yeux. Là où nos candidats, en bon technocrates, chipotent chiffres contre chiffres, outre-Atlantique, on ne fait pas dans la dentelle, surtout du côté du Parti républicain de Donald Trump. Aussi délicat qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, le candidat trublion engagé dans la course à la Maison-Blanche s'en est donné à cœur joie, ce 27 juin, sur CNN, face à un Joe Biden plus sleepy (endormi) et à l’ouest que jamais. Pas très British, encore moins aristo, notre tempétueux WASP d’Amérique du Nord attaque, insulte et se moque effrontément du président démocrate. Tel un cow-boy (le chapeau en moins, mais le pistolet bien chargé), Trump a profité de l'occasion pour tirer à balles réelles sur un Joe Biden qui faisait (presque) peine à voir.

Le président Joe Biden était attendu, il devait rassurer les Américains sur son âge et sur ses capacités cognitives ; leur démontrer son aptitude à briguer un second mandat. Mais sur le plateau de CNN, Joe Biden perd le fil de sa pensée, bafouille, hésite, cherche ses mots, hagard. Puis vient un long silence, si gênant que les modérateurs de CNN sauvent l’honneur et interviennent. Donald Trump, lui, écoute son adversaire, l’œil circonspect, arborant une moue dédaigneuse avant d’attendre son tour pour prendre la parole. On ne l’avait jamais vu si discipliné et si posé.

Ces accusations de sénilité portées à l'encontre de Joe Biden, Donald Trump en joue avec délectation. « Je ne sais pas ce qu’il a dit à la fin de cette phrase. Je ne suis même pas sûr que lui-même le sache non plus ! », tacle Trump, après les déclarations décousues de Joe Biden sur l’immigration. Une phrase choc qui a enflammé la Toile et qui fera à coup sûr partie de l’anthologie politique américaine. Trump poursuit, surenchérit et met son adversaire au défi de se soumettre à un « test cognitif »« Il [Biden] n’en a passé aucun ! J’aimerais le voir en passer un, juste un, un très facile », suggère-t-il, d’un ton railleur.

Enfonçant le clou, Donald Trump l'affirme : la guerre en Ukraine n’aurait jamais eu lieu si les États-Unis avaient eu un véritable « leader » à tête de la Maison-Blanche. « La Russie n'aurait jamais attaqué si j'avais été président », a assuré l’ancien président républicain, sur le plateau de CNN. « Moi, cette guerre, je l'aurais réglée, j'aurais trouvé un accord entre Zelensky et Poutine », affirme-t-il. Donald Trump accuse aussi son rival de se comporter « comme un Palestinien » alors que celui-ci tente d’obtenir un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. « Il devrait laisser [Tsahal] y aller et finir le boulot », lance-t-il. « Il est devenu comme un Palestinien, mais ils ne l’aiment pas parce que c’est un très mauvais Palestinien. Un Palestinien faible », tacle Trump.

Les démocrates aux abois 

Un Palestinien faible ? Cela se discute. Mais un président fatigué et en bout de course, assurément. S’il y a bien un vainqueur à l’issue du débat, c’est Donald Trump, incontestablement.

D'où un vent de panique au sein de l'état-major de Joe Biden : « Nous avons un problème », « panique agressive » chez les démocrates, peut-on lire sur les banderoles de CNN, à la suite du débat. « Seuls Jill [Biden, son épouse] et Barack [Obama] peuvent le lui dire », écrit l’un des membres du Parti démocrate, sur X. Lui dire qu’il est foutu ? Le célèbre patron de Tesla et de X Elon Musk pouffe quand le Parti démocrate annonce que Joe Biden a remporté le débat.

Jill Biden, elle, félicite son époux : « Joe, tu as fait du bon boulot, tu as répondu à toutes les questions ! », s'exclame-t-elle, une fois le débat terminé, comme une mère félicite son enfant après l'interro.

Trump avait fait même de la fatigue de Joe Biden l’argument numéro un de sa campagne, attaquant sans vergogne la mémoire vacillante et les confusions du président démocrate. Ce dernier lui a fourni de nouvelles armes, au-delà de ses espoirs.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29/06/2024 à 21:21.
Anna Morel
Anna Morel
Journaliste stagiaire. Master en relations internationales.

Vos commentaires

35 commentaires

  1. C’est quand même extrêmement inquiétant pour un grand pays, « gendarme du monde », d’avoir deux aussi piètres candidats, dont l’un va diriger le pays pendant 4 ans. On a l’impression d’une malédiction.

  2. Quand on a mon âge, j’avoue que l’on s’agace TRÈS TRÈS LARGEMENT de lire les commentaires ridicules sur les « ravages de l’âge » … sur le « naufrage qu’est la vieillesse » etc …
    Comment peut-on être irréfléchi au point de prétendre que le problème de ce Joe Biden est implicitement lié à l’âge ?..
    N’y a t!il pas au monde des gens qui à 80 ans dirigent des trusts importants … qui furent des écrivains de talent à plus de 85 ans (Victor Hugo) (et dans un siècle ou l’on mourrait plus jeune qu’à présent) ?.. des journaliste écrivant encore à 93 ans (Tesson).
    Bref !.. il faudrait arrêter de nous abreuver de ces certitudes ridicules, et réaliser que le problème de Biden n’est pas lié directement à son âge, mais est plutôt le résultat d’une maladie de l’ordre de celle de « Parkinson » qui incube parfois durant 15/20 ans avant d’avoir des effets dévastateurs et qui touche parfois des gens de 35 ans.
    Pour finir, je pense que la moindre des choses lorsque l’on commentent sur un site, élégance commande de savoir que ce que l’on écrit peut être blessant pour celui qui est en face, et donc de n’user du magistère de la plume qu’avec retenue !..

  3. Je disais justement ce matin à madame qu’il ne faut pas trop en rajouter dans les débats, les confrontations etc.. Je vois par exemple Bardella laisser déconner Attal, virulent, agressif, insultant, etc et je n’aime pas ce type. Idem pour celui qui reçoit un coup de couteau peu avant le scrutin, il ou elle ( cf le Brésil pour Bolso ou la mairesse de Cologne…) c’est le succès assuré, les gens sont comme çà, il s’apitoient. Et donc, pour Trump, attention, qu’il mette un bemol, il n’est pas dans ses procès avec justement les gens qui en ont marre de le voir tout le temps embêté, car l’autre fait le pauvre vieux, un peu à l’ouest, va trébucher sur un sac par terre etc…Le gens risquent de se faire avoir et comme pas deux.

  4. Vous avez raison de noter que nos débats de technocrates paraissent bien ternes par rapport à ces joutes verbales entre les deux tenants d’une conception complètement différente du rôle des EU à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. En France ,c’est Valérie Giscard d’Estaing qui avait inauguré cette utilisation des chiffres et statistiques . Il en avait même fait une pédagogie à destination du grand public . Il y a a eu la parenthèse Mitterrand et Chirac, puis les technocrates, issus souvent de l’ENA ,s’en sont remis à coeur joie avec Macron . C’est vrai que manipuler les chiffres impressionnent le gugus, même si il n’y comprend que pouic, et que ces mêmes chiffres sont immédiatement contredits par les réalités et les conséquences des politiques mises en place . Les chiffres assénés masquent au contraire un manque total de perspectives tout en faisant croire que l’on maitrise . Surtout quand on a décidé de s’en remettre totalement à d’autres entités que la nation pour décider de la politique de notre pays . Quand à la sénilité supposée ou vraie de Biden , qui est parfois dans la confusion la plus totale , cela en dit long du manque de respect des démocrates et de l’état profond américain qui devraient présenter un candidat un peu plus lucide au peuple américain quand il s’agit de l’avenir de la plus grande puissance du monde . Mais l’état profond tourne en roue libre … Ils seraient représentés par une momie que cela ne les empêcheraient pas d’influer sur le pays . Et c’est justement ce qui pose un problème . A quand un candidat démocrate issue de l’IA ? C’est propre au totalitarismes de faire durer leurs figures emblématiques plus que de raison . Rappelons nous Brejnev , Bouteflika , Hitelr . On ne savait même pas si ils étaient réellement vivant ou mort à la fin de leurs règne.

  5. Dans un concours pour la Présidence de la France qui pourrait-on mettre en face d’un candidat éclairé ? heu…Ribéry ? ou une femme heu…E Soudais ? Allez, un peu de courage, battons les américains par notre idéologie confite qui macère dans les caniveaux : faisons le !

  6. Il est honteux pour le clan démocrate d’avoir voulu se servir d’un homme comme Biden, dont on sait que depuis trente ans il éprouve des difficultés d’élocution ! La « bonne morale » de gauche est universelle…

  7. Trump a cocxé Obama en réalité..derrière ce Bidet incontinent le manipulateur est le mari de Michèle , et laisser ce sénile partir à l’abattoir Républicain n’est pas bien glorieux ni honorable
    Gloire et Honneur , 2 mots bien étrangers pour ces démocrates islamo gauchistes, les mêmes qu’en France

  8. Plus le temps passe et plus je crois aux paroles de Coluche quand il affirmait que si les élections servaient à quelque-chose, il y a longtemps qu’elles auraient été supprimées. On veut nous faire croire que le « pantin » Biden a été élu sans triche, mais il ne faudrait tout de même pas prendre nos amis américains pour des imbéciles. Et en France, qu’en est il exactement de la fiabilité des élections?

  9. J’ai assisté a leur débat, mais je serai plus mitigé dans les conclusions. A chaque attaque de Trump, Biden y répondait en le renvoyant dans les cordes, de telle façon que Trump devait, a chaque nouvelle question de CNN, revenir sur la réponse donnée par Biden a la question precedente. Il est aussi vrai que Biden faisait peine a voir devant un Trump qui semblait en pleine forme physique et malicieuse. Par contre, ou y a t-il eu débat dans cet échange de « punchlines » et de lieux communs médiatiques, chacun se contentant de réciter son credo. Il n’en résulte pas moins que, comme pour la France, le dénominateur commun des problèmes des USA, tant économiques, sociaux et diplomatiques, est l’Immigration, ce que Mr Trump ne s’est pas privé de faire, sans que Biden ne puisse lui opposer d’arguments contraires.

  10. C’est l’époque des pantins, placés en pleine lumière pour fixer l’attention pendant que les vrais patrons magouillent dans l’ombre. Tout le monde sait que le véritable dirigeant des USA se nomme Obama. Mais nous avons le même pantin en France, avec probablement le même chef véritable.

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