Sur le service public, on ne critique pas le physique…sauf quand c’est Marion

Capture d'écran X
Capture d'écran X

Paul de Saint-Sernin est comique. Il a commencé par être journaliste, notamment sportif, puis a bifurqué vers le stand-up. Il semble avoir du talent, puisqu'on l'a embauché dans l'équipe de Léa Salamé sur le service public. Est-ce vraiment un gage de qualité ? Allez savoir. Or, donc, ce week-end, on a demandé à Paul de Saint-Sernin de faire sa chronique de la semaine, devant une délégation d'athlètes. Il a donc choisi un angle d'attaque audacieux : la réprobation qu'a suscitée la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques dans les milieux dits de droite - encore que ce qualificatif ne soit pas tout à fait adapté à quelqu'un comme Michel Onfray. Et pour faire rire, il a choisi la facilité : se moquer du physique.

Paul de Saint-Sernin aurait pu choisir n'importe quel moche de droite. Ce n'est pas ça qui manque, pas plus qu'à gauche d'ailleurs. Il a choisi Marion Maréchal qui, parmi tant d'autres, a commenté sur X la pantalonnade que nous avons infligée au monde entier en guise de carte de visite. Pourquoi elle ? Parce que. Alors, progressivement, sous les yeux des athlètes hilares, il a modifié le visage de la femme politique. D'abord, en voyant le début de la cérémonie, elle louche. C'est rigolo, ça. Bah oui, enfin, c'est drôle parce qu'elle a un léger strabisme, Marion. Une coquetterie, disait-on autrefois. Ça ne la rend pas moins jolie, au contraire, mais dans cette immonde cour de récré qu'est le service public, on peut tacler le physique, si la victime est mal vue par toute la bande.

À mesure que la cérémonie se poursuit, non seulement l'image de Marion Maréchal louche atrocement, mais elle commence à saigner du nez, parce que les athlètes qui ont allumé la vasque sont noirs. Ça aussi, c'est rigolo. Parce qu'évidemment, quand on critique la cérémonie, c'est qu'on est un sale raciste. Et on peut donc dégrader l'image de la personne qu'on n'aime pas. Fin du sketch ? Oui, fin du sketch. On a bien rigolé, merci Paul, n'oublie pas de passer à la compta, t'as bien bossé.

Il est toujours un peu vain de faire de la psychologie de comptoir, mais la fiche Wikipédia de ce brave homme m'apprend qu'il a été diagnostiqué THPI, c'est-à-dire que son quotient intellectuel est supérieur à 145. À ce stade, l'intelligence devient un handicap qui empêche souvent de s'intégrer dans le monde du travail ou de partager sa pensée. Paul de Saint-Sernin est-il comme beaucoup d'adolescents surdoués qui cherchent à tout prix à s'intégrer en étant caricaturaux et vulgaires, parce que c'est ainsi qu'ils pensent que sont les gens normaux ? Il cite Laurent Baffie parmi ses sources d'inspiration : pauvre Baffie, qui a souvent été vulgaire, qui est probablement surdoué, mais qui ne s'est jamais vautré dans la facilité, lui.

Gilles-William Goldnadel s'est insurgé d'une telle méchanceté. Ils sont peu nombreux. Bon courage à Paul de Saint-Sernin pour sa carrière de comique : quand il se sera moqué de tous les fachos et qu'on l'aura oublié, il sera seul, seul avec ses vannes pourries et son cerveau qui traîne par terre. Et Marion poursuivra son chemin.

 

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

79 commentaires

  1. Il se moque d’un membre de l’opposition politique et ne fait pas de place aux gens qui sont en place.
    C’est donc un bouffon du roi, comme on disait autrefois. Ce qui est étonnant c’est que le rire n’a pas pour sujet les personnes au pouvoir. Alors est ce vraiment se moquer? Et surtout, en quoi y aurait il liberté d’expression quand on écrase ceux et celles qui n’ont pas le pouvoir? Je ne dis pas que cet homme est un lâche, je dis qu’il travaille pour le pouvoir, ce que l’on appelle à l’école un cafteur, ou encore être dans les petits papiers du pouvoir. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, disait Corneille mais la liberté d’expression n’est elle pas destinée aux personnes qui contestent ou remettent en cause les puissants? N’est elle pas une garantie contre l’oppression plutôt qu’un « droit » de façade qui autoriserait à insulter les petits, le peuple, etc… Parce qu’ici, on a affaire à des gens qui sont aux bottes des puissants. Cet homme veut être le bouffon du roi, le fou. Il y a donc ambiguïté parce que nous sommes dans un république et qu’un citoyen n’a pas le droit de vendre ou d’aliéner sa liberté au profit des puissants. La révolution avait mis un terme à cette forme de courtisanerie du pouvoir. C’est le film « Ridicule » (il n’épargne personne). Quelle surprise de voir ces formes de courtisaneries à notre époque! La liberté, il semble qu’on lui crache à la figure… Merci.

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