Sur les retraites, Olivier Véran fait le service après-vente

Véran

C’est l’heure du service après-vente. Ce lundi matin, c’était au tour d’Olivier Véran de s’y coller, chez Apolline de Malherbe, une semaine après le passage en force de la réforme des retraites. Et là, il faut avouer qu’il s’est surpassé, sans doute encore grisé du bon mot sorti la veille dans le JDD (« La réforme des retraites ne signe pas la retraite des réformes »).

La réforme des retraites ? « C’était quelque chose qui avait été annoncé pendant la campagne, même si les gens n’avaient pas voté pour cela. » Macron, le Jean-Claude Dusse de la vie politique française : élu sur un malentendu. Et le porte-parole qui le reconnaît implicitement... Formidable !

Mais c’est pas tout. « On respecte les institutions, le cadre, explique Olivier Véran. Ce que le Président appelle le chemin démocratique [très macronien, le chemin démocratique]. Parfois, il est plus chaotique parce qu’on n’a pas une majorité au Parlement… » On croyait pourtant que le principe de la démocratie reposait sur le système majoritaire. Ce qu’un député socialiste, au temps des riches heures du mitterrandisme, avait résumé de façon un peu abrupte et maladroite par cette fameuse phrase : « Vous avez juridiquement tort, parce que vous êtes politiquement minoritaire. » Ce n’était pas faux, c’était même vrai. Mais ça, c’était avant.

Revenons sur cette mâle affirmation sur le respect des institutions. C’est devenu, d’ailleurs, le refrain de la Macronie. Bien sûr qu’ils respectent les institutions. Heureusement ! Mais ce n’est pas le sujet. Si on fait un peu d’histoire politique de nos Républiques, on peut se dire que les institutions ont la plupart du temps été respectées. Jusqu’au jour où, visiblement, la distorsion était trop grande entre d’une part le cadre institutionnel et d’autre part la réalité politique, sociale, voire internationale du pays. Précisons, au passage, que lorsque Michel Debré intégra le 49.3 dans la Constitution, ce n’était certainement pas pour en faire un usage banal et répétitif. Le premier Premier ministre du général de Gaulle était, rappelons-le, profondément attaché à l'équilibre entre pouvoir exécutif et législatif.

Après tout, dans notre Constitution, il existe bien l’article 16 qui permet d’instaurer la dictature, au sens romain du terme. Tant qu’à faire, rien n’empêcherait, institutionnellement parlant, le président de la République de le mettre en œuvre en arguant de « l’existence d’une menace grave et immédiate pesant sur les institutions de la République », si, par exemple, une vague de manifestations venait à dégénérer dans le pays. Et pourtant, on imagine qu’il ne le ferait pas comme ça. Il y a les institutions et il y a l'usage des institutions.

Finalement, c’est toujours la même idée, depuis Montesquieu : il y les lois et il y a l’esprit des lois. Certes, Olivier Véran joue la carte du parti de l’ordre : « On respecte les institutions là où certains essaient de les attaquer à coups de boule de pétanque ou de tweets rageurs ou de happening dans l’Hémicycle avec un continuum entre la violence exprimée à l’Assemblée nationale et celle qu’on peut retrouver dans la rue. » S’il n’a pas tort d’évoquer ce « continuum » en ciblant l’extrême gauche, il n’empêche que s’arc-bouter sur les institutions, c’est, bien évidemment, révéler ses propres faiblesses politiques. C’est aussi, et peut-être surtout, prendre le risque de fragiliser ces institutions, comme un mauvais conducteur le ferait en utilisant le moteur de sa voiture en surrégime. Le général de Gaulle avait institué le référendum : une sorte de soupape démocratique pour remettre les compteurs à zéro. Visiblement, Emmanuel Macron a une lecture sélective du mode d'emploi de l'engin que les Français lui ont confié.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Depuis 3 ans, la boussole qui indique le sud : tous ses propos, dans quelque domaine que ce soit, pris dans leur contraire, se sont révélés exacts.
    L’archétype du mensonge institutionnel, pilier fondateur du régime.

  2. Il est vrai que le propos d’André Laignel, le Napoléon d’Issoudun, semble le fil directeur du régime, surtout en écartant les députés LFI et RN qui ne seraient pas « républicains ». Et comme seuls les députés « républicains » sont légitimes…

    • Depuis sa triste sortie le Sieur Leignel s’est acheté une bonne conduite. Incolore et inodore il est presque retombé dans l’anonymat ! En tous cas il reste bien coi ! Tant mieux.

  3. On respecte les institutions? D’accord, mais cela doit fonctionner dans les deux sens. Je pense en particulier au retrait des RIO par les forces de l’ordre, alors que le port de cette identification est obligatoire. Mais il est retiré pour empêcher toute identification de certains policiers qui se comportent comme des miliciens et assouvissent leurs bas instincts en massacrant littéralement certains manifestants (si possible les plus faibles, pas de risque inutiles…) en toute impunité, puisqu’il sera impossible de les identifier et qu’en plus ils seront protégés par leur hiérarchie corrompue.

  4. Et dire que ce monsieur est médecin neurologue …Menteur professionnel et arrogant …surtout …Il vaut mieux ne jamais l’écouter .
    Ce que l’on apprend actuellement sur les vaccins Covid devrait le condamner à jamais .

  5. Personnage absolument pas crédible ! Comment peut-on mettre porte-parole du gouvernement un tel menteur arrogant.

  6. Je les trouve joliment mal pavés, les « chemins de la Démocratie ». Faut dire que les pavés , lancés par les Black Blocs que Macron se refuse à faire coffrer, volent plutôt sur les Gendarmes chargés de maintenir l’ordre républicain

  7. Il faut dire que Veran n’a pas inventé l’eau chaude, il ferait mieux de se taire, la société ne s’en porterait que mieux.

  8. Que fait encore ce sinistre personnage à ce poste avec toutes les erreurs , les mensonges qu’il traine depuis la crise du covid . Un incapable comme macron les aime .

    • De votre avis Que fait il encore la ? Il nous faut un changement rapide …oui à des gens capables et normaux .

  9. Le médecin-grenouille qui veut se faire aussi gros que le boeuf, va finir par imploser en vol ( j’espère ! )

  10. Le simple fait que Véran soit encore ministre est la démonstration éclatante du mépris que Macron éprouve pour nous.
    Ce personnage arrogant et prêt à tout pour rester en cour aurait du se faire tout petit après le fiasco du Covid.
    Et bien non, il est toujours là et peut même espérer mieux lors du prochain remaniement !

  11. Olivier Véran si il devait y avoir un symbole de la Macronie , ce serait lui ! Mais , ce type qui nous a affirmé tout et son contraire , que les masques il fallait les garder pour les soignants , car pour Monsieur tout le monde ce n’était pas vraiment nécessaire , sur le Pass sanitaire , jamais au grand jamais , ce gouvernement ne le mettrait en place. On a vu le résultat. Le plus triste dans cette histoire , étant que le citoyen moyen va payer pour Sa Retraite. Pour lui pas de pénibilité , encore que , pour être Pénible, il est difficile de faire pire que cet olibrius. En ce qui concerne les blacks blocs , on se demande si ces fous furieux ne sont pas les idiots utiles de la macronie. Comment croire qu’un gouvernement qui nous imposé un ausweis ,pour faire 1 km , histoire de sortir mirza , qui nous obligé à la vaccination , sinon pas de vie possible, ne peut pas venir à bout d’un millier d’extrémistes.. Macron , va nous la jouer encore une fois à la  » nous sommes en guerre » » et les ravis de la crèche vont encore croire à ses balivernes .

    • Entièrement d’accord avec vous. Alors qu’on a été capable de mobiliser des hélicoptères pour traquer quelques promeneurs solitaires pendant le confinement, on autorise une manifestation interdite à Ste Soline.
      Si on voulait éviter ce drame, il suffisait de bloquer tous les accès aux parcelles concernées, les casseurs n’ont pas été parachutés mais sont bien arrivés par les routes et les chemins agricoles.
      Depuis le règne Macron, nous sommes perpétuellement en guerre mais jamais avec les mêmes, un peu comme dans « 1984 » d’Orwell.
      C’est d’ailleurs assez curieux comme certains de ceux qui n’ont pas fait leur service militaire semblent fascinés par la guerre.

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