Surpeuplée, la maison d’arrêt de Gradignan n’accueille plus de détenus

Le nombre des condamnations et le manque de prison en France ont des conséquences délétères. Depuis le 14 mai, la maison d’arrêt de Gradignan, située dans la métropole bordelaise, a suspendu les incarcérations en raison de sa surpopulation. Les personnes écrouées sont redirigées temporairement vers d’autres établissements de la région.

Trois détenus par cellule individuelle

Cette mesure baptisée « Stop Écrou » est sans précédent pour la maison d’arrêt de Gironde depuis sa construction en 1967. Elle vise à endiguer le taux d’occupation de 235 %, « soit 700 détenus pour 305 places », explique la bâtonnière de Bordeaux Christine Maze, qui s’y est rendue récemment. Elle a pu voir des détenus dormant sur un matelas au sol « dans des cellules de 9 m2 censées être individuelles mais où s’entassent trois détenus faute de place ». Depuis sa prise de fonction en janvier 2022, elle souhaite mener une mobilisation judiciaire avec le barreau de Bordeaux, « pour dire stop à l’indignité ».

Déjà, en juin 2022, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) Dominique Simonnot avait décrit Gradignan comme « l’encyclopédie de l’indignité carcérale ». Par la suite, le tribunal administratif avait ordonné à l’administration pénitentiaire de prendre onze mesures pour « garantir a minima des conditions sanitaires dignes et le droit à la santé ».

« C’est le palais du shit »

Même alerte du côté des surveillants. Selon le délégué du personnel Ronan Roudaut, les surveillants sont en nombre insuffisant et on ne compte plus les burn out et demande de mutation. « C’est le palais du shit, on ne peut pas faire de contrôle aux parloirs ni assurer les extractions médicales faute de personnel », déplore-t-il, même s’il se dit « soulagé que la plupart des détenus ne soient pas aussi vindicatifs qu’à Paris ou Marseille ».

Après deux semaines du dispositif « Stop Écrou », le taux d’occupation de la maison d’arrêt de Gradignan est passé de 235 % à 215 %. Ainsi, 108 détenus dorment toujours sur un matelas au sol, contre 130, douze jours avant. Cependant, les agents redoutent déjà la fin de cette mesure. « Le quartier se reremplira très vite, vu la hausse de la criminalité en Gironde et la tolérance zéro concernant les auteurs de violences conjugales, depuis le féminicide de Mérignac », analyse l’un d’eux dans Le Parisien.

Une nouvelle prison en cours de construction à Gradignan sera terminée en 2027.

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