Sylvain Tesson (encore) censuré lors d’une exposition à la Sorbonne

Capture d'écran
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« J’habite depuis trente ans à Paris et je passe tous les jours devant le Jardin des plantes ou des Tuileries, et je n’avais jamais vu les arbres comme cela. Alors que je les connais tous, et que je n’avais pas compris qu’il y avait un autre plan de réalité. » Touché par la sensibilité artistique du travail de la photographe singapourienne Melisa Teo, c’est tout naturellement que l’écrivain Sylvain Tesson acceptait en ces mots, de préfacer l’ouvrage de photos représentant Les arbres de Paris. D'ailleurs, qui mieux qu’un Sylvain pour écrire sur les arbres ? Qui mieux que cet aventurier pour décrire le lien qui unit l’homme à la nature, lui qui fuit le virtuel pour s’enraciner dans le réel ? Un discours à l’unisson avec celle qui veut montrer qu’« on ne peut pas voir l’invisible, mais on peut le photographier. »

 

 

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Récemment, ces photographies ont été exposées à la Sorbonne du 12 septembre au 19 octobre. Et Melisa Teo avait prévu d’insérer dans la muséographie cette citation de Sylvain Tesson : « Les photos des arbres de Melisa révèlent ce que le regard ne peut soupçonner. Les arbres irradient. Un rayonnement les auréole. Une onde les enveloppe. Parfois on dirait un tulle diaphane, parfois un voile pulsatile : " un vortex d’énergie " préfère-t-elle avancer. » Des propos hautement subversifs, vous en conviendrez ! Dans un monde normal, les étudiants auraient pu apprécier cette préface, et s'élever devant la beauté et la poésie qui n'ont jamais tué qui que ce soit. Mais quelques minorités wokistes patentées ont jugé que ces propos sur le monde végétal, qu'auraient pu applaudir les écolos, méritent bel et bien le brûlot et qu'il faut les effacer. Quelle n’a donc pas été la surprise de la Singapourienne de découvrir que non seulement la citation de Sylvain Tesson était absente de son exposition ; mais qu’en plus, la prestigieuse Sorbonne justifiait cet acte de censure par une volonté de ne pas « être associée à des prises de positions éloignées de ses valeurs », expliquant que Sylvain Tesson est une personne « controversée » et qu’il ne peut donc pas être cité.

L'université, le lieu du débat ?

Quelles sont donc ces valeurs si « éloignées » et si dangereuses en somme qu’il faille en protéger les étudiants présents ? Contactée par nos soins, Clémentine Vignal, la vice-doyenne de la faculté des sciences et ingénierie de Sorbonne Université, n’a pas souhaité pour l’heure nous répondre. Est-ce parce qu’il est le fils de feu le journaliste Philippe Tesson ? Est-ce parce qu’il défend l’Arménie, ce berceau de la civilisation chrétienne ? Face à cet acte de cancel culture digne de la Pravda, Sylvain Tesson a écrit à la Sorbonne une lettre savoureuse qu’il a partagée aux lecteurs du Point. Maniant aussi bien la plume que la dérision, ce subtile esprit se défend donc ainsi : « Vous avez raison de souligner notre différence de « valeurs ». Pour moi, l'université est le lieu du débat. Les écrivains y sont reçus, s'opposent. Parfois même, ils sont lus. Je n'avais rien à faire en vos murs. C'est votre honneur de faire régner ordre moral et vertu dans "votre communauté". Vos élèves sont fragiles, sans esprit critique, jeunes âmes blanches. Vous faites bien de les protéger des influences. »

Ce n’est pas la première fois que Sylvain Tesson subit le wokisme de notre civilisation en voie de perdition. Il y a quelques mois, alors qu’il était nommé parrain du Printemps des poètes 2024, 1.200 cultureux s’y opposaient par une tribune dans Libération pour revendiquer « le queer, le trash, la barbarie, le vulgaire ». Des atteintes récurrentes au pluralisme et à la liberté d’expression devant lesquelles plus ne personne ne réagit tant on finit par s'habituer, et annihiler notre réactivité ; mais qui font constater à Sylvain Tesson, venu inaugurer la statue d’Ulysse aux Sables d’Olonne le mois dernier qu' : « Il n’y a qu’ici que le niveau monte ! »

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

3 commentaires

  1. La Sorbonne et les universités françaises ne se sont pas relevées de mai 1968 ! Et pour paraphraser ce grand écrivain, digne héritier de notre culture française, je peux témoigner que, depuis cette funeste époque, le niveau n’arrête pas d’y descendre !

  2. Va-t-on encore pendant longtemps supporter ces inepties sans broncher ? A qui s’adresser pour bouter dehors toute cette bien-pensance dégoulinante et faire enfin des Universités des lieux du savoir et de l’intelligence. De ceux qui s’attaquent à Sylvain Tesson, on ne peut y voir qu’une maladive indigence intellectuelle qui malheureusement se propage. Alors à ce monde estudiantin racorni et à leurs mentors suggérons lui de suivre un stage d’humilité tout comme de citoyenneté. Un peu d’air frais en quelque sorte qui nous sortirait de toute cette moralité indigne qui tue l’esprit sain et l’empêche de respirer. Soutien total à Monsieur Tesson. Celui qui, non dépourvu de clairvoyance, nous guide sur des chemins hautement plus spirituels où se niche la poésie, la vraie !

  3. Les CV des étudiants de la Sorbonne finiront ils comme ceux de Sciences PO actuellement c’est à dire dans la corbeille des recruteurs ? quel chef d’entreprise décide d’embaucher des personnes bornées, fermées au dialogue et à l’esprit étroit ?

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