Sylvain Tesson ne plaît pas à la gauche, et alors ?

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« Nous alertons sur le fait que la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des poètes 2024, loin d’être contingente, vient renforcer la banalisation et la normalisation de l’extrême droite dans les sphères politique, culturelle, et dans l’ensemble de la société. » Il faut être résolument de gauche pour ne voir en Sylvain Tesson le solitaire qu’une « icône réactionnaire ». Lui, l’aventurier des grands espaces, cet amoureux du silence et du dépassement de soi, est-il vraiment un militant, si ce n’est celui de la beauté et de l’intériorité ?

Pourtant, 1.200 cultureux « poétesses, poètes, éditrices et éditeurs, libraires, actrices et acteurs de la scène culturelle française » signent une tribune dans Libération pour dénoncer le fils de Philippe Tesson. Et ce petit milieu de lui reprocher d’aller « à l’encontre de l’extrême vitalité de la poésie revendiquée par le Printemps des poètes ». Pour ceux qui s'accaparent ainsi le monopole de la poésie, elle « est dans nos silences. Nos joies. Elle est dans nos corps broyés, nos corps souples, nos regards flamboyants et nos brèches. » C’est bien mal connaître l’écrivain, lui, le survivant de multiples fractures et de trépanations, qui sait parfaitement ce qu’est un corps souffrant.

L'émerveillement et la beauté contre la vulgarité

Mais ces 1.200 revendiquent une poésie qu’on peut retrouver « aussi dans le queer, le trash, la barbarie, le vulgaire ». Il est vrai que l’auteur de La Panthère des neiges (Folio) ou de Blanc (Gallimard) cherche plutôt à s’évader de ce monde « du chauffage central entouré de laideur » pour rejoindre cette époque et ces lieux où « on se les caille, mais dans la splendeur ! »

Car pour l’écrivain voyageur, c’est bien là que l’on peut faire le procès du progrès, qui a perdu tout sens de l’émerveillement, de la contemplation, de la beauté. « Longtemps la civilisation a été obsédée par la beauté et voilà que cette préoccupation a aujourd'hui complètement disparu. » C’est ce merveilleux qu’est allé chercher Tesson, sur l’arc celtique, cabotant de la Galice à l’Ecosse, pour nous le rapporter dans son dernier et beau livre Avec les fées (Équateurs). Une quête du Graal d’aujourd’hui évitant les zones Leroy Merlin pour renouer avec les rois et avec Merlin.

Une expérience du concret, du sol, de la marche pour cet écrivain du réel, plutôt que du conceptuel, qui ne sait trouver son inspiration que dans ce qu'il voit et allie au fil de sa plume la poésie et le mouvement pour contempler « tout ce qui existe partout ailleurs que sur des écrans ». Une expérience d’émerveillement et de vie que chacun est appelé à vivre, quotidiennement, près de chez soi, intérieurement. « Si le monde ne vous convient pas, changez d’abord de regard sur le monde », conseille Tesson, lors de ses conférences.

Mais Sylvain Tesson est aussi le défenseur de l'Arménie, ce berceau de la chrétienté ; est-ce pour cela qu'il est si détesté ? « S’iels nous prennent la grâce, nous garderons la dignité », concluent les signataires de cette tribune indigne qui, faisant usage de l'écriture inclusive, insultent notre langue française.

Alors, que retenir de cet appel de Libé, si ce n'est cet hymne à la vulgarité et deux conceptions différentes de la liberté ? Laissons à Pascal Praud le mot de la fin, lorsque ce dernier s'insurge, ce vendredi matin : « La tribune de Libération contre Sylvain Tesson a été signée par 600 inconnus qui s’en prennent à l’un des meilleurs écrivains actuels. »

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Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

44 commentaires

  1. Peut importe . Pour un auteur seul le public compte. Sylvain Tesson est un auteur délicieux, il a du succès et des lecteurs assidus qui, au final sont les seuls critiques crédibles de son talent.

  2. Il est vrai que chez les « cultureux », évitons le pléonasme qui préciserait « de gauche », on dénonce beaucoup. On pétitionne à tours de bras. Ca ne nous rappellerait pas les fameuses « heures les plus sombres… » ? Mais, pour paraphraser Courteline, être pris pour une « icône réactionnaire » par des gauchos sans talent est une volupté de fin gourmet.

  3. Si seulement le meilleur des scribouillard de Libé pouvait enchanter autant queTesson, cela pourrait partiellement justifier la subvention versée à ce sopalin sur fonds publics, mais c’est loin d’être le cas. Et le cochon de contribuable paie même s’il ne lit pas une ligne de ce follicule.

  4. C’est sans doute gràce aux goulags soviétiques et au sang des 100 millions de victimes de son ideologie que cette gauche a appris ce qu’ils osent appeler poésie.

  5. L’apparition des premiers flocons, près le carrefour de l’Odéon, aura brutalement sorti de l’hivernage les Vieux campeurs du quartier latin.
    Nantis de leurs crampons rouillés, les voici essoufflés après quelques enjambées, et pressés d’installer un premier bivouac sur les pavés…
    Nul ne sait qui a bu la première gorgée, mais on comprend que ces randonneurs de salons ont vécu une nuit trop arrosée, en vouant aux gémonies l’aventurier de l’esprit.
    L’observateur de l’aube demeure interloqué de découvrir, sous les pavés… je chemin noir de leurs pensées.

  6. Espérons que ce torchon indécent, qui déverse sa bile à longueur de pages, sombrera en même temps que cette théorie délétère qu’est le wokisme.

  7. Pascal Praud est un contributeur net au progressisme. Ces longues années passées à RTL sont un certificat d’authenticité de journaliste mainstream. Et la tribune de Libération est une conséquence de toutes les lâchetés de la droite française. Que serait devenu Pascal Praud sans ce solide tuteur, tel un échalas pour le cep de vigne, que représente une éducation conservatrice (écoute de la parole de dieu, politesse, respect de l’autorité…) ?

  8. les journaux de gauches sont laideurs et saletés tout comme cette gauche qui devrait balayer devant sa porte , suivez mon regard sur la fille des Corbière- Garrido, ils salissent tout !!

  9. Le comportement de la gauche est absolument intolérable. Ce magistère moral qu’elle s’attribue en toutes choses relèverait presque de l’aliénation mentale. Les Français, semble-t-il, sont de plus en plus hostiles à cette intolérance d’essence totalitaire.

    • Si vous parlez du locataire temporaire de l’Élysée, je pense que son vocabulaire ne doit pas le faire pencher vers M Tesson.

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