Symbole du saccage de notre agriculture, la tomate française submergée

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Fruit du soleil, produit incontournable de l’été, la tomate connaît, en ce moment, sa période de maturité. La récolte bat son plein, notamment en Provence. Dans le Vaucluse, où se sont rendues les équipes de TF1, les machines tournent à plein régime pour fournir la demande. Pourtant, malgré l’ardeur des producteurs locaux, la filière se révèle être bien fragile.

Comme de nombreux autres produits, la tomate n’est pas parvenue à résister à la concurrence. Pour un million de tonnes de tomates transformées consommées chaque année en France, seuls 10 % proviennent de notre territoire.

Les raisons du décrochage

La France est dépendante des filières étrangères, et pas seulement pour les produits transformés, puisqu’elle est le troisième importateur de tomates dans le monde, derrière les États-Unis et l’Allemagne.
Si la production française est dépassée à ce point, c’est tout d’abord parce qu’elle n’a pas progressé depuis trente ans, en volume comme en valeur. En 1990, la production de tomates fraîches et transformées était de 840.000 tonnes. En 2010, elle se chiffre à 820.000 tonnes. Cette stagnation vient principalement du recul massif de la production de tomates d'industrie. Celle-ci est passée de 371.000 tonnes en 1999, à 96.000 tonnes en 2007, avant de remonter entre 150.000 et 175.000 tonnes. Pendant ce temps, la production mondiale de tomates fraîches a été multipliée par cinq sur les cinquante dernières années.

Dépassée dans la production de masse, la France a voulu se réfugier dans les marchés de niche. Elle en a été progressivement chassée. Principalement menacée par la concurrence marocaine, elle a parié sur la montée en gamme, sur la tomate cerise notamment. Malheureusement, les tomates cerises marocaines n’ont pas tardé à se manifester, puisque les importations sont passées de 300 tonnes en 1995 à 70.000 tonnes.

Une évolution symbolique, révélatrice du mal français. Comme toute notre agriculture, la tomate est victime de la concurrence, des coûts de production inférieurs et des réglementations plus souples. Au Maroc, le coût de la main-d’œuvre est 17 fois moins élevé qu'en France ! La France souffre aussi de la hausse des cours de l'énergie. S’ajoutent à ces contraintes économiques des surtranspositions de réglementations pénalisantes : nos produits sont soumis à des exigences sanitaires plus lourdes que la concurrence.

Les voies de la relance

La filière tomate ne désespère pourtant pas. Son grand défi : la compétitivité face aux produits importés. Mais répondre à ce défi suppose des investissements majeurs. La question écrite adressée au ministre de l'Agriculture par Hélène Laporte, députée du Lot-et-Garonne (circonscription de Marmande, autre terroir historique de la tomate française), le 6 août dernier, va dans ce sens.

Une montée en puissance de la filière ne pourra se faire sans « des coûts d'investissement importants, notamment pour l'achat de machines ». Une ambition que les producteurs ne pourront poursuivre sans un appui politique et des aides nationales et supranationales.

La mécanique est toujours la même, toujours aussi délétère : l'effondrement des frontières jette nos entrepreneurs dans une concurrence intenable et les contraint à faire appel à l'État... qui subventionne. Une illustration magnifique du mot de Ronald Reagan sur la gestion des démocrates : « Tout ce qui bouge, on le taxe ; ce qui bouge encore, on le réglemente, et ce qui ne bouge plus, on le subventionne. » Cette logique de fonctionnarisation perdant-perdant, devenue une religion de l'Union européenne, est à l'origine de dégâts considérables sur notre économie.

À l'heure ou la tomate pourrait devenir un produit rare, en raison de l'évolution du climat et de la baisse des ressources en eau en zone méditerranéenne, la France ne doit pas manquer le rendez-vous. Ce qui ne pourra se faire sans une volonté ferme et arrêtée de relance de la production et de la compétitivité. Les producteurs, quant à eux, n’en manquent pas. Seulement, il vont se trouver confrontés à la logique de décroissance de l’utopique projet « Farm to Fork » de la PAC. Le piège européen dans toute sa splendeur.

Jean de Lacoste
Jean de Lacoste
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en master d'histoire du droit.

Vos commentaires

33 commentaires

  1. En 1980, le Vaucluse était le champion de l’expédition et de l’exportation en fruits et légumes (je précise que j’ai travaillé dans l’expédition et une coopérative Agricole) en 2023 ce département connaît rond points, routes, et bétonisation à outrance…Où avez vous vu des terres agricoles maintenant ?

  2. Je n’aurais jamais cru voir un (triste) jour l’agriculture française déficitaire, alors que c’était l’un de nos fleurons (avec EDF, l’armée, notamment) . – – – – – Décidément, l’entreprise de démolition E. Macon et Cie est d’une redoutable efficacité !

  3. honnetement les tomates industrielles d’aujourd’hui ont le gout uniquement du polystyrene qui les présente , tres peu pour moi , a quand un retour a la culture traditionnelle ?

    • Personnellement j’achète un maximum de fruits et légumes dans un magasin regroupant des fermiers locaux. Quelle différence de goût ne serait-ce que pour les tomates et les prix ne sont pas supérieurs à ceux de la grande surface qui se trouve à côté. Il faut savoir se contenter de fruits et légumes locaux et de saison. Ce qui n’exclue pas totalement les autres pour ce qui n’est pas produit en France.

  4. L’état préfère subventionner l’achat de voitures électriques et de pompe à chaleur sensées sauver la planète au lieu d’aider nos entreprises à reprendre le flambeau, notamment dans l’agroalimentaire, mais pas que …

  5. Le bienfait de la tomate est de faire fuir les lapins friands des jeunes ceps de vignes.
    Quel plaisir matutinal de déguster une tomate dans son jardin ou dans les champs!

  6. Evoquer l’ UE et ses fracas concernant la PAC et ses « contrats » avec d’autres pays sans avoir une once de souveraineté européenne n’est pas une nouveauté … Ces coucous politicards le font pour tout depuis des décennies … Tous les domaines y sont « mis à poil » soit pour privilégier l’allemagne soit pour dépouiller les autres pays ( France y compris ! ) … Cette politique de destruction massive s’est accélérée depuis l’arrivée de la « Wonder-la-hyène » et de ce « Président-des-cercueils » ! …
    « L’acoster » en parlant de « défi climatique » est aussi une façon de se dédouaner par rapport aux solutions de « bon sens » telles que d’aider les particuliers à s’équiper pour jardiner chez soi … D’arrêter d’aller chercher des produits à l’autre bout du monde … Limiter les surproductions dans des zones qui saccagent un biotope pour cultiver des aliments non andogènes du lieu … ET surtout refuser de limiter une « surproduction humaine » ! …

    La solution ? … Imaginez ce qui se passerait si dans un pré de 100 m² on mettait 100 vaches pour petre l’herbe … « Ca » ne durerait pas longtemps ! … Les animaux sauvages « s’adaptent » au biotope et participent à son équilibre … les « humains » adaptent le biotope à leurs exigences et le saccagent en le pillant ! …
    La NATURE est plus forte … Sauf lorsqu’elle « se bat » contre l’homme ! … ET la femme ! … (surtout du « genre » des « Sans-drine » ! …

  7. Tous les fonctionnaires, français ou européens se sentent tenus de montrer qu’ils travaillent pour justifier de leurs salaires. Alors ils agissent indépendamment des réalités économiques, sans regards sur le futur

  8. En Afrique subsaharienne les produits estampillé France s’arrache car ils croient par réputation que c’est de chez nous mais le mondialisme provoque le contraire car évidement, pas nationalisme, on importe de l’extérieur ce qui a un cout moins cher avec une production évidement pas aux normes de chez nous donc moins cher. Ils croient consommer de la qualité payé plus cher alors qu »ils consomment comme nous des produits hors norme de chez nous.

  9. A qui profite « le crime » ? Aux producteurs étrangers et aux grandes surfaces. Les producteurs étrangers à la MOE bien moins élevée, aux exigences sanitaires bien plus légères, vendent à très bas prix. Les grandes surfaces achètent à ces prix défiants toute concurrence et situent le prix de vente légèrement inférieur à celui des produits français. Leur marge est ainsi très soutenue à la fois par le volume étranger et par la marge entre achat et prix de vente. Les dindons de la farce, les producteurs français et les consommateurs. L’Etat ? Aux abonnés absents. Et pour cause, c’est lui qui organise cette dépendance à l’Etranger par un superflu de normes, de taxes et des frontières ouvertes aux produits traités.

  10. Quelle est la réglementation qui permet d’importer des productions ne respectant pas les mêmes obligations qu’en France ? C’est une concurrence déloyale qui pénalise nos producteurs français. Qui autorise cela ?

  11. Entendre parler de climat pour être à la mode m’énerve un peu, puis je rappeler à notre jeune journaliste que pendant plus de 2 milliards d’année, la température moyenne de la terre était de 82 °C, et le CO2 12 fois plus élevé, et la Terre est toujours là, il y a des climats à la surface du globe et non un climat, ceci étant, aider l’agriculture c’est baisser les charges et en finir avec une règlementation mortifère.

    • Ouf, au moins quelqu’un qui partage ce que j’ai aussi découvert. attention l’oeil des verts nous regarde prêt à envoyer leur foudre dévastatrice.

    • Gérer les populations par la peur, permet aux « politiques » de ne pas évoquer les sujets essentiels comme l’évolution démographique. C’est un peu « l’idiot qui regarge le doigt du sage qui désigne la lune » !Hier j’entendais sur une radio nationale: « en 2050 nous seron 15 milliards, il faudra bien nourrir tout le monde » ! Et en 2080 quand on sera 20 milliards, on fera comment ? Les « écolos » sont un danger pour l’Humanité

      • LA « solution » ? … Elle a déjà été inventée de façon cinématographique … Allez voir « Soleil vert » … En ce moment , « Orange mécanique » et « Hunger games » ! …

        Les « illuminés » ont de grands présages pour l’Humanité … Ils ne sont pas tous « gavés » aux vomis de la nupes ou pire venant des « écolos-vert-pastèques » ! …

  12. Je n’achète que des tomates qui viennent des petits agriculteurs vendues dans un magasins de regroupement de producteurs. Des tomates qui ont du goût que j’ai plaisir à manger. Hors saison pas de tomates.

  13. Concurrence déloyale mise en place par l’UE avec l’accord de notre gouvernement . Nous voulons que les produits importés soient soumis aux mêmes règlementations que les notres , surtout pour les pesticides .

  14. arrêtez de subventionner le Maroc et tous ces pays qui nous concurrencent grace à nos aides. Ras le bol que nos impôts viennent nous pénaliser pour vivre.

  15. Les tomates que je viens de manger au déjeuner, et qui sont issues de mon potager, sont bien meilleures (ainsi que le persil) que les meilleures tomates isuues de l’agriculture française , et surtout bien moins chères ! Par ocntre j’ai du jetre la moitié de mon dessert, un melon de « nos régions ont du talent » comlétement immangeable !

    • bien sûr, et je vous envie d’avoir des tomates du jardin. Quant à moi si j’en achète cinq par ans c’est le maximum.
      Elles sont trop mauvaises et beaucoup trop chères !

    • Je cultive également mes tomates, je confirme avec vigueur, le fruit de notre jardin est incomparable.

      • Vous avez de la chance d’avoir un jardin. Beaucoup voudraient en avoir un mais auraient-ils le courage de le cultiver?

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