Syrie : al-Joulani, futur bourreau ou protecteur des chrétiens ?

Ancien membre de l’État islamique et ancien chef du Front al-Nosra rattaché à Al-Qaïda, Al-Joulani a de quoi inquiéter.
Capture d'écran
Capture d'écran

Bachar el-Assad n’est plus. Maintenant débarrassée d’un dictateur incapable de conduire son pays, après plus d’une dizaine d’années de guerre civile, la Syrie se voit imposer un nouveau régime, celui d’Abou Mohammed al-Joulani, avec sa longue barbe et ses treillis. Ancien membre de l’État islamique et ancien chef du Front al-Nosra rattaché à Al-Qaïda (devenu Hayat Tahrir al-Cham ou HTC), l’homme a de quoi inquiéter. En répétant à ses combattants qu’il ne faut « pas instiller la peur chez [les Syriens] de toutes les confessions », estimant que « la diversité est une force et non une faiblesse », al-Joulani tente de gommer l’image de terroriste islamiste qu’il avait encore, il y a quelques mois. Si François Hollande juge les déclarations du nouvel homme fort de Damas « encourageantes », certains se souviennent que la tête de ce djihadiste est mise à prix pour 10 millions de dollars par les États-Unis, qui placent HTC dans la case terroriste. Pour l’heure, la diplomatie française reste prudente et conditionne son appui à la transition politique syrienne au respect des minorités.

 

https://x.com/franceinfo/status/1866028202088382903

« Ce ne sont ni plus ni moins que des terroristes »

Interrogé par BV, un ancien membre des renseignements syriens opposé à Bachar el-Assad et aux islamistes de tous bords craint pour son pays. Il est réfugié en France sans avoir jamais pu obtenir la nationalité à cause de ses liens passés avec le régime d’Assad. « Assad a livré le pays à ni plus ni moins que des terroristes », estime-t-il, avant de renchérir : « Il n’a même pas cherché à négocier quoi que ce soit. Ce sont les minorités religieuses chrétiennes et chiites qui risquent d'en pâtir. » Les faits ne contredisent malheureusement pas l’ancien militaire. Dans plusieurs villes syriennes passées sous le contrôle des forces d’al-Joulani, les croix des églises ont été retirées, les carillons ne retentissent plus et les sapins de Noël ont été démontés.

« [Les soutiens d’al-Joulani] ont compris l’importance du marketing politique et copient une sorte de modèle taliban, analyse l’ancien agent. En arrivant au pouvoir, les talibans ont montré patte blanche, laissant croire qu’ils s’étaient assagis. C’est une fois bien installé qu’ils ont durci leur régime. » Al-Joulani l’a promis : une fois au pouvoir, il dissoudra Hayat Tahrir al-Cham. Une promesse qui laisse perplexes nombre de spécialistes comme Rim Turkmani, chercheuse à l’unité de recherche sur les conflits et la société civile à la London School of Economics and Political Science. Elle déclare à nos confrères du >Monde ne pas croire aux « assurances qu’ils donnent aux civils ».

Quelle stratégie pour al-Joulani ?

Al-Joulani jouerait-il le calendrier ? Bien que l’effondrement du régime de Bachar el-Assad soit en grande partie dû aux sanctions économiques américaines de 2020, le salut de la Syrie pourrait venir de la nouvelle administration Trump. C’est, du moins, ce que pense Michel Fayad, spécialiste en géopolitique, sur LCI. De son côté, un ingénieur syrien réfugié en France, anciennement résident de Damas et fervent soutien des Assad, considère que la situation est à « double tranchant » pour le pays. « La Syrie ne pouvait plus être dirigée par Bachar car il a littéralement vendu le pays aux Iraniens, considère celui dont une grande partie de la famille vit encore sur place. Son départ est pour beaucoup un soulagement. »

Combien de temps durera ce soulagement ? Bien qu’al-Joulani joue les hommes de paix, la situation reste extrêmement tendue, dans l’ensemble du pays. Au nord, l’avenir des communautés kurdes du Rojava, prises en étau entre les forces islamistes du HTC et la Turquie d’Erdoğan, est plus qu’incertain. « La Syrie, ce n’est pas Al-Qaïda, c’est une histoire de 5.000 ans, loin de l’obscurantisme d’al-Joulani et de ses hommes », martèle encore l’ancien membre des renseignements syriens. Une histoire loin d'être close.

Vos commentaires

26 commentaires

  1. La Syrie deviendra un califat , ça vous pouvez en être sur . Les « frères musulmans » prendront le pouvoir . Nous ne sommes pas au bout de nos peine avec la Syrie .Un flux migratoire incontrôlable viendra de Syrie . C’est le début de la fin .

  2. Ne nous mêlons surtout pas de cela ! Il n’y a que des mauvais coups à prendre…..et puis ce n’est pas notre problème. Est-ce que la Syrie vient se mêler des gros problèmes que nous avons avec Macron ? Non, alors faisons de même.

  3. Il va se passer la même chose qu’en Afghanistan, de belles paroles pour s’installer tranquillement puis l’instauration d’une « république » islamiste. D’ailleurs, la démocratie étant rétablie, ce leader islamiste s’est autoproclamé président.
    Macron pourra continuer de s’en féliciter. Instauration de la loi islamique et président non élu.

  4. On n’a jamais vu un djihadiste tendre avec des chrétiens. En Afghanistan, ils avaient promis d’être modérés, avec les minorités, avec les femmes, de ne pas appliquer la charia dure. Il n’y avait que les occidentaux pour y croire. Comme on dit, « les promesses n’engagent que les occidentaux crédules qui y croient. »‘(Et encore, l’emploi du mot « crédule » est vraiment modéré !)

  5. Nous sommes dirigés par des ignares qui n’ont aucune idée de ce que représente l’islamisme. Si nous devons craindre des évènements en Syrie, c’est justement de l’incompétence de nos gouvernants. L’ONU, plutôt que de se féliciter de la chute de Bachar Al-Assad, devrait d’urgence envoyer une force d’interposition pour arrêter la guerre civile en Syrie.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Les immigrés sont un peu les nouveaux domestiques
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois