Syrie : ces djihadistes français qui étaient passés sous les radars…

Parmi les groupes de « rebelles », en réalité majoritairement djihadistes, qui ont pris la Syrie et fait tomber le régime de Bachar el-Assad en une semaine, il y avait un peu de tout. Il y avait, notamment, différentes nationalités, parmi lesquelles on est à peine étonné de retrouver… des Français. Sur le compte X du journaliste Wassim Nasr, il y a quelques jours, on pouvait entendre, dans une vidéo tournée en ville depuis un véhicule, la voix d’un jeune Français qui se réjouissait de voir « même les chrétiens » célébrer la défaite du régime syrien, et ce, alors qu’on était dimanche. « Pas le temps d’aller à la messe, les moudjahidine sont là », disait, hilare, la voix de ce jeune homme. On ignore combien de temps, encore, ces chrétiens auront le droit d’aller à la messe le dimanche. Un tel sarcasme, venant d’un islamiste, prend une tournure particulièrement macabre.

Une « grosse centaine » de combattants français parmi les rebelles

Le Figaro interrogeait justement, ce 10 décembre, le procureur national antiterroriste Olivier Christen, qui a une connaissance étendue du sujet, sur le nombre et la nature des combattants français présents sur le territoire syrien. Le magistrat évalue à « une grosse centaine » le volume de ces soldats de la « rébellion » servant dans les rangs du Hayat Tahrir al-Cham (HTC ou HTS, selon la translittération du mot). Certains servaient directement dans la brigade du nouveau président Abou Mohammed al-Jolani (« radical pragmatique », on le rappelle, selon les mots de l’AFP). D’autres combattaient pour Omar Omsen, célèbre recruteur de djihadistes français, en conflit depuis 2018 avec le HTC. Les conflits, on s’en doute, ont été momentanément aplanis : c’est ce qu’on appelle, sous nos latitudes, la convergence des luttes. On peut ajouter à ces quelque 80 combattants une trentaine de femmes, évadées des camps de prisonniers gardés par les Kurdes, dont celui d’Al-Roj. Certains commentateurs ont révélé que des évasions de prisonnières avaient eu lieu, au cours des dernières années. Il y a fort à parier que ces évasions vont s’accroître, à mesure que la pression sur les Kurdes syriens va s’intensifier à l’est du pays.

Un appel d'air pour la conquête djihadiste ?

Le procureur dit ignorer si les djihadistes français détenus dans les prisons d’Alep ont été libérés ou non. Une soixantaine de combattants français seraient encore détenus dans les prisons de Derik et Hassakeh. Olivier Christen se veut rassurant sur l’éventuel appel d’air que cette conquête djihadiste pourrait représenter pour les jeunes Français vivant en métropole. Il n’y aurait pas de raisons que les candidats au départ se multiplient – ce qui semble assez crédible, puisque l’utopie d’un califat mondial a vécu. En revanche, il précise que les services de renseignement sont en alerte pour anticiper un « effet retard », c’est-à-dire une vague de départs décalée par rapport à la prise de Damas. Pas un mot de sa part (ce n’est pas son rôle) sur les flux migratoires, qui seront probablement énormes, ni sur la menace de retours de terroristes, dans le flux des réfugiés qui ne manqueront pas de se précipiter aux portes de l’Occident.

Et maintenant, que va-t-il se passer ? Va-t-on vers un retour à la grande époque de Daech sous des modalités différentes ? Que vont devenir tous ces Français, que la France n’a pas les capacités techniques de surveiller tous à la fois ? Espérons que l’avenir ne nous le dise pas trop tôt…

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