Syrie : la bataille pour Idlib a commencé

Idleb

Cette fois, ça y est ! Depuis plus d’un an que les Syriens en rêvent et que les Russes en parlent, l’assaut contre la province d’Idlib a commencé.

Cette province située au nord-ouest de la Syrie est le dernier territoire occupé par les islamistes, le Front al-Nosra en l’occurrence (rebaptisé Ayat Tahrir al-Cham).

Les Russes ont beaucoup temporisé avant de se décider, car les obstacles étaient de taille ; ils le sont toujours, d’ailleurs. Le premier est la Turquie, limitrophe de ce territoire. Erdoğan, pendant plusieurs mois, a expliqué à Poutine, au cours de leurs multiples entretiens, qu’il n’avait pas l’intention d’accueillir des centaines de milliers de réfugiés sur son sol, en cas de combats. De plus, des troupes turques sont stationnées dans la province. Leur mission était, notamment, de soutenir les milices islamistes proches d’Ankara et d’éliminer le Front al-Nosra.

Mais c’est le contraire qui s’est produit et, aujourd’hui, Al-Nosra contrôle la majorité de la province. Cuisant échec pour Erdoğan, qui a donc laissé s’installer et triompher des dizaines de milliers d’islamistes issus d’Al-Qaïda.

L’autre obstacle est, comme d’habitude, l’Occident, États-Unis en tête. Lorsque le projet de reconquête a commencé d’être évoqué par les Russes, les Américains ont aussitôt annoncé qu’ils se réservaient le droit d’intervenir pour éviter une « catastrophe humanitaire ». On ne connait que trop ce nouveau concept d’ingérence humanitaire qui a permis, notamment, à l’OTAN de bombarder la Serbie pour permettre aux Albanais de mettre la main sur le Kosovo et d’en faire le premier État islamiste d’Europe.

Poutine a donc patienté, exercice qu’il affectionne particulièrement. Puis, progressivement, à petits pas, les aviations russe et syrienne ont entamé le pilonnage des positions islamistes en se concentrant sur le sud, afin d’éviter tout incident avec les troupes turques situées plus au nord. Au sol, l’armée syrienne a entrepris la reconquête de plusieurs villages. Les combats ont été violents et les pertes importantes des deux côtés. La localité de Kfar Nabouda, prise et reprise plusieurs fois par les deux camps, en est le symbole. Dans cette zone, ce sont d’ailleurs des islamistes pro-turcs qui sont surtout présents.

Bien évidemment - cela devient une habitude -, dans un communiqué, le département d’État américain a évoqué une « attaque présumée au chlore au matin du 19 mai ». Et d’ajouter : « Si le régime Assad utilise des armes chimiques, les États-Unis et nos alliés répondront rapidement et de manière appropriée. » Nous voilà rassurés.

En bon petit soldat, la France a aussitôt emboîté le pas de son maître et a assuré, par la voix de Jean-Yves Le Drian, qu’il y avait « un indice de l’usage de l’arme chimique dans la zone d’Idleb mais pour l’instant pas de vérification ».

Depuis huit ans que l’Occident se trompe en Syrie, pourquoi changer ?

Antoine de Lacoste
Antoine de Lacoste
Conférencier spécialiste du Moyen-Orient

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