Syrie : l’aveuglement volontaire du macronisme face au nouveau régime éclate

Plus de 1.000 victimes ont péri des mains des milices du nouveau gouvernement syrien.
Capture d'écran LCP
Capture d'écran LCP

Il devait être le sauveur du peuple syrien, selon les déclarations politico-médiatiques de décembre. Les images qui nous parviennent, ces derniers jours, du Proche-Orient racontent une tout autre histoire. Le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) semble loin d'être le libérateur tant espéré : depuis le 6 mars, plus de 1.100 personnes ont péri dans des massacres perpétrés par les milices du nouveau gouvernement, en réponse à des embuscades menées par d'anciens soutiens d'Assad, à l'ouest du pays. Parmi les victimes, au moins 830 civils alaouites et chrétiens ont été assassinés, selon l'Observatoire des droits de l'homme (OSDH).

Ni l'Europe de von der Leyen ni la France de Macron et de Barrot n'avaient voulu voir que les minorités religieuses et ethniques seraient mises en danger par l'arrivée au pouvoir, le 8 décembre dernier, d'un groupe djihadiste, ancienne branche d'Al-Qaïda, soi-disant repenti ou modéré. Une semaine après la chute du régime de Bachar el-Assad, Ursula von der Leyen exprimait déjà son intention d'« intensifier [son] engagement direct avec HTS et d’autres factions », tandis que Kaja Kallas, chef de la diplomatie européenne, annonçait que l'Union était « prête » à rouvrir son ambassade à Damas, prévoyant une rencontre entre le chargé d’affaires de l’Union européenne pour la Syrie et un représentant de HTS au sein du ministère des Affaires étrangères. Fin février, les ministres des Affaires étrangères de l'UE levaient d'ailleurs un certain nombre de sanctions visant l'énergie, les transports ou encore les finances, qui avaient été mises en place au moment des répressions du précédent régime contre les opposants syriens.

« Le parfum de la liberté »

De son côté, la France organisait, le 13 février dernier, la conférence internationale de Paris sur la Syrie. L'objectif était de « coordonner les efforts dans la mise en œuvre d’une transition politique pacifique et représentative en Syrie, pour garantir la souveraineté et la sécurité du pays », comme indiqué sur le site de France Diplomatie. Emmanuel Macron y déclarait au président par intérim syrien « être prêt à [se battre à ses] côtés » contre « tous les groupes terroristes qui sèment le chaos » dans le pays.

Des propos dont l’optimisme rappelle celui du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui se réjouissait, en décembre, de la victoire de HTS, y voyant « le parfum de la liberté ». Il déclarait alors « soutenir une transition politique inclusive permettant à toutes les minorités d’être représentées ».

 

 

Espoirs déçus ou aveuglement volontaire ? Les vidéos montrant des centaines de civils gisant dans des bains de sang, sous l'approbation implicite du nouveau gouvernement, en témoignent. Actes de torture, jeunes filles violentées, civils non armés pourchassés et tués à bout portant... Les images et récits glaçants rapportés par certains journalistes laissaient penser qu'une condamnation immédiate et implacable des institutions suivrait.

C’était compter sans la lucidité proverbiale de l'Union européenne, qui a plutôt condamné les « récentes attaques, qui auraient été menées par des éléments pro-Assad, contre les forces du gouvernement intérimaire », avant de s’en prendre tout de même à « toutes les violences commises contre les civils ». Elle a appelé « tous les acteurs extérieurs à respecter pleinement la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale de la Syrie » et a condamné « toute tentative visant à compromettre la stabilité et les perspectives d'une transition pacifique durable, inclusive et respectueuse de tous les Syriens dans leur diversité ».

Des déclarations qui laissent entendre que les minorités ne pourront pas compter tout de suite sur un soutien indéfectible de ceux qui condamnaient pourtant, durant des années, le régime de Bachar el-Assad et ses exactions...

Vos commentaires

58 commentaires

  1. Dans tous ces pays , quand on chasse un dictateur , le remplaçant est pire que celui que l’on a chassé !! Je crois me souvenir que nous avons fait confiance à cet islamiste quand il disait qu’il protégerait les minorités !! En effet ,il suffit de les détruire et ensuite ce sera plus facile à les protéger si elles n’existent plus !!

  2. Quand on voit et qu’on entend ce type, on comprend pourquoi la France n’existe plus sur la scène internationale ! Et si l’on compare la diplomatie à un restaurant, qui met 6 ans à se constituer une clientèle fidèle et 6 mois à la perdre s’il devient mauvais…

  3. L état profond occidental mondialiste esclavagiste libéral a chaque fois fois chassé des dictateurs mais à chaque fois c est le chaos total qui a remplacé les dictateurs On l a vu au Zaïre en Centrafrique en Irak enLibye maintenant en Syrie c est dire le crétinisme de ces élites bien pensantes du camp du bien
    La macronie qui a essayé de nous faire croire que les terroristes étaient des gentils opposants à Bachard El Assad on a vu tout de suite de résultat massacre de masse de tous ceux qui ne sont pas djihadistes

  4. Question : Le ministre des affaires « qui lui sont » étrangères, Jean Noël Barrot a-t-il eu un sourire depuis sa naissance ? À voir son regard renfrogné en toutes circonstances, on est en droit de se poser la question : Quant est ce que cet homme sourit ?

  5. Être au gouvernement de La France et oser se déclarer partisans de ce dictateur syrien islamiste potentiellement très dangereux… la preuve immédiate avec plus de 100 » morts en quelques jours…il faut appeler cela de la débilité mentale ! Et de la trahison de la France !

  6. Votre conclusion est juste, madame. Le ratiocinage de l’UE n’arrive pas à masquer sa volonté de ne pas condamner les djihâddistes actuellement au pouvoir en Syrie. Et leurs raisons de fond: ne pas stigmatiser (en fait soutenir) l’Islamisme de conquête et …. d’émigration. Bon.
    Permettez-moi, SVP, une suggestion lexicale : de pas mentionner de ministère des affaires étrangères pour l’UE. Vous banalisez ainsi ce que l’UE souhaite : apparaître comme un pays, une nation. Ce ministère est une prérogative nationale.

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