Syrie : un djihadiste refuse de serrer la main d’une femme… quelle surprise !

Capture d'écran X
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L’image a fait le tour des réseaux sociaux. Moins d’un mois après la chute de Damas et la fuite de Bachar el-Assad, la diplomatie européenne s’est rendue dans la capitale syrienne, vendredi 3 décembre, afin d’y rencontrer le nouvel homme fort du pays. On a ainsi pu voir ce dernier, Ahmad al-Chareh, accueillir les ministres des Affaires étrangères français et allemand. Mais, alors que Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie hexagonale, a eu droit à une poignée de main, son homologue germanique, Annalena Baerbock, a vu son geste ignoré, al-Chareh se contentant d’un simple salut. Pudeur islamique oblige. Sou

https://twitter.com/ChaRocher/status/1875210583768965576

Sur les réseaux sociaux, ils ont été nombreux à s’indigner de ce comportement sexiste, évoquant la « soumission » de nos émissaires occidentaux. Soumission qui vaut pour le ministre Vert allemand comme pour le ministre français, franc partisan de l'inclusivité à l'international. Il est vrai que tous les pays musulmans n’imposent pas pareil traitement aux femmes, à commencer par la Jordanie où reine et princesses vont jusqu’à paraître cheveux au vent et tendent la main à leurs interlocuteurs masculins. En Syrie également, il y a peu encore, les plus fervents des croyants serraient les mains des femmes sans faire de chichi.

Un sexisme prévisible

Notons, tout de même, que ce comportement, bien que rare dans les protocoles diplomatiques internationaux, n’est pas inédit. On se souvient qu’en 2018, l’ambassadeur d’Iran en France avait refusé de serrer la main d’une journaliste en raison de son sexe. « Par certains engagements de notre religion, nous respectons les femmes… », avait alors tenté de justifier Abolghassem Delfi, interrogé sur CNews.

Dès lors, pourquoi s’attendre à autre chose de la part d’Ahmad al-Chareh, anciennement connu sous le nom d’Abou Mohammed al-Joulani ? L’homme est un djihadiste ayant prêté allégeance à Ayman al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaïda. Il faut être naïf pour imaginer qu’il aurait changé d’idéologie sous prétexte qu’il a changé de nom et troqué sa djellaba pour un costume trois pièces. Contrairement à ce qu’on a pu entendre, Ahmad al-Chareh n’est pas un islamiste « modéré » (oxymore). Pas plus que les talibans d'Afghanistan, qu'on nous présentait en 2021 comme des islamistes « inclusifs »...

Les dissonances cognitives de l’Europe

L’aspect le plus choquant de cette affaire reste sans doute l’écart abyssal entre le wokisme plus ou moins revendiqué par nos élites européennes et la dure réalité des relations diplomatiques internationales. Sur son site officiel, le ministère fédéral des Affaires étrangères allemand se vante de mener une ambitieuse « diplomatie féministe ». « Adopter une approche intégrée de la diplomatie féministe, c’est cultiver un "réflexe féministe" dans tous les champs d’intervention diplomatiques, est-il fièrement annoncé. Nous nous engageons dans le monde entier pour mettre fin aux discriminations. » Cette valeureuse lutte intersectionnelle pour l’égalité de « toutes et tous » a manifestement été mise entre parenthèses, le temps du déplacement de Mme Annalena Baerbock en Syrie…

Impossible, aussi, de ne pas souligner l’incohérence d’un certain progressisme qui condamne sans réserve le sexisme des pratiques rigoristes à l’étranger mais ne trouve rien à redire à la propagation du voile et à l’infériorisation de la femme en France. Avant d’exiger des dirigeants syriens qu’ils adoptent notre mode de vie occidental, il serait sans doute plus urgent d’imposer nos mœurs à ceux qui vivent chez nous.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

79 commentaires

  1. La seule explication , c’est qu’ils sont restés au moyen-âge . Nous reparlerons de la Syrie dans un an . Ce pays deviendra un état comme l’Afghanistan . Le drame , c’est que c’est à notre porte de l’autre côté de la méditerranée .

  2. D’un côté, un homme ne doit pas refuser la main tendue par une femme, et de l’autre , on ne se présente pas dans une telle tenue à une rencontre officielle. ZÉRO des deux côtés!!! Il faut dire aussi que lorsque l’on se rend officiellement dans un pays on doit en connaitre les règles de bonne conduite. Encore ZÉRO…

    • Certains hommes adoptent les mêmes comportements, dans la religion Juive qui considère la femme impure à des moments de la période des règles, ainsi l’époux ne partagera pas la couche de son épouse, d’autres ne serreront pas la main d’une femme lorsque celle-ci leur est inconnue ou n’est simplement qu’une amie de la famille, la religion parfois conduit à ces instants qui nous surprennent.

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