Système d’armes hypervéloce : la France reste parmi les grandes puissances

© Ministère des armées
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De temps en temps, entre deux classements PISA et trois copies du bac, nous parviennent, comme les échos d'un monde que nous pensions oublié, des nouvelles de l'excellence française. La plupart du temps, il s'agit de sciences dures, celles que l'on disait jadis exactes ; bref, ces sciences dans lesquelles 2 et 2 font 4 et pour lesquelles un résultat est juste ou faux, mais pas non binaire. On conviendra que ces disciplines (les mathématiques, la physique, les sciences de l'ingénieur) ne sont pas tout à fait dans l'air du temps. Il n'y a pas plus impitoyablement objectif qu'un résultat scientifique. Il n'y a guère plus efficace non plus.

Bref, on apprend par Le Figaro du 28 juin que la Direction générale de l'armement (DGA) vient de tester avec succès un planeur hypervéloce, conçu par des ingénieurs français et lancé depuis le centre d'essais de Biscarrosse (Landes). Le V-MAX (c'est son nom) n'est pas à proprement parler une arme, puisqu'il s'agit d'un planeur. Cependant, les données que va recueillir cet avion conçu par ArianeGroup permettront au missilier MBDA de se positionner sur les prochains programmes européens notamment.

L'hypervélocité, c'est-à-dire la capacité à dépasser cinq fois la vitesse du son (Mach 5), pose des problèmes de maîtrise, de la chaleur notamment, mais c'est une capacité clef dans un monde qui se réarme. Un missile hypersonique a deux atouts majeurs : il vole en rebondissant sur l'atmosphère (et il est donc trop haut pour être détecté pendant sa phase de vol) et, surtout, il a la capacité de manœuvrer en phase d'approche au lieu de suivre une trajectoire classique. Réputé invincible jusqu'à la guerre en Ukraine, le missile russe Kinjal possède ces deux capacités. La Chine est également une des nations en pointe, tandis que les Américains rament encore un peu.

Avec cet essai réussi, la France affirme sa place au banc des grandes nations d'ingénieurs. On peut regretter que ce soit une sonde américaine qui ait lancé le planeur français, bien sûr. On peut, également, regretter que ces capacités françaises soient mises au service d'un projet européen et non spécifiquement national. On peut, enfin, se demander combien de temps notre école en chute libre saura encore produire des ingénieurs de ce niveau, parmi une génération « quoicoubeh » qui ne sait ni lire ni compter.

Mais honnêtement, si on laisse de côté les ronchonnades, on ressent une vraie fierté à la lecture de ce genre d'annonces, qui fleurent bon les Trente Glorieuses. « Nos ingénieurs ont réussi un tour de force », pourrait-on dire à la manière des actualités Pathé. On souhaite que ça ne s'arrête jamais. La France ne peut pas se contenter d'être ce mélange de musée et de poubelle qui, dans des effluves de voiture calcinée, attend les Jeux olympiques de 2024 pour montrer au monde entier ce que le multiculturalisme a fait d'elle.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

27 commentaires

  1. J’adore la conclusion qui ne donne pas envie d’assister à cette mascarade que sont ces JO hormis les épreuves sportives.

  2. Bravo a nos ingénieurs dont l’excellence ne se démend pas.
    Pour le reste… La France s’impatiente.

  3. En matière de planeurs,nous sommes toujours en pointe ;voyez nos gouvernements depuis des décennies… Et aujourd’hui.

  4. Si la prouesse technologique est bien réelle, elle ne peut faire oublier qu’il ne s’agit que d’un premier pas dans un domaine où d’autres en sont, eux, au stade opérationnel. Reconnaissons que ne pas être totalement « largués » suscite un peu moins d’admiration que lorsque l’on est précurseurs. Question fiertés, les Français ont aujourd’hui les « marches ». Elles tiennent lieu de substituts à ce qu’eprouvaient de plus anciennes générations admirant le paquebot France, le Concorde ou le TGV, pour ne citer que quelques unes de ces merveilleuses réalisations voulues par des dirigeants qui étaient encore au service de la France et des Français.

  5. Encore un instant monsieur le bourreau des ingénieurs qui pour ceux le pouvant ont faits parfois leurs études a l’étranger mais passons si nous pouvions avoir autant de résultats dans toutes les domaines et être sûr que dans seulement vingt ans cela serait encore le cas l’information serait réconfortante

  6. Pourquoi dire que les Étatsuniens rament un peu dans ce domaine alors qu’en fait ils sont complètement à la ramasse ? Le dernier essai qu’ils ont fait il y a deux mois a été un échec total.
    La supériorité russe lui permet de mener la guerre d’Ukraine à son rythme, sans se presser et sans craindre une attaque frontale de l’OTAN à laquelle elle pourrait répliquer de manière très brutale en envoyant par le fond les porte-avions américains ou en écrasant des bases hyper sensibles sur le territoire des États-Unis avec de très fortes charges non nucléaires portées par des missiles hypersoniques de grandes dimensions.

  7. « ce que le multiculturalisme a fait d’elle. »
    Le multiculturalisme en question n’existe que parce que les gens au pouvoir depuis 50 ans l’ont rendu possible, aussi bien par lachete que par calcul ou par soumission à l’Europe. Ça n’était pas une fatalité mais la conséquence de décisions prises par des personnes qui en portent toute la responsabilité.

  8. « l’Amérique à la traine », pas grave, ils ferons en sorte d’acheter nos entreprises, à moins que Macron ne leur vende. Sinon reste un procès contre les dirigeants…

  9. Ah si seulement une petite partie de ces cerveaux bien faits pouvait se tourner vers la politique , ça nous changerait de nos … biiip … habituels !

  10. Que la France et ses ingénieurs rayonnent à nouveau bien entendu doit nous réjouir, mais que nous soyons toujours dépossédés de nos savoirs, nos trouvailles par les yankees et les européens qui ne sont pas à la hauteur de nos chercheurs reste lamentable. Nos chers zélites tiers mondialistes, globalistes qui n’aiment ni la France ni les français devraient être chassés du pouvoir afin que ce pouvoir revienne de droit à la population.

  11. L’auteur ne peut s’empêcher d’expliquer le déclassement national par le multiculturalisme.
    Singapour ou le Canada sont des sociétés multiculturelles et elles se portent très bien. Le problème français est qu’ici on ne sait pas gérer ce multiculturalisme, le pays n’a pas su mettre à jour son logiciel du vivre ensemble. Le débat se polarise très vite entre des idiots qui refusent l’idée d’un puissant socle commun, ils oublient qu’on ne peut faire nation qu’en ayant un minimum de commun, et d’autres imbéciles qui veulent revenir à une France homogène, projet qui n’aboutira jamais tant la population est diversifiée.
    Le pays pourrait ne jamais s’adapter à sa propre société comme le pays n’a pas su prendre le tournant de la mondialisation, la France deviendrait alors un pays impotent. La nation serait peu à peu remplacée par un concept froid d’hexagonal.

    • La mondialisation a vu ses limites et a prouvé son échec avec la pseudo crise du covid. Quant à critiquer ceux qui restent attachés au terroir français, c’ext un peu facile; il me semble qu’en Afrique du nord, les changements ne sont pas tolérés.

  12. Ce genre d’information rappelle qu’il existe encore une lueur d’espérer à un redressement de notre pays. La France a toujours fait preuve d’un certain génie, mais encore faut il qu’à sa tête l’élite triomphe. Un grand bravo à notre direction générale de l’armement qui reste encore une réserve de talents.

    • La DGA est aussi frappée par l’entrisme communiste . Aussi ne faut-il pas s’attendre à ce qu’elle protège bien ses données ni le résultat de ses travaux .

      • Je ne sais pas si c’est l’entrisme communiste qui nous vole toutes nos industries, mais je vois que Macron est le pivot du détournement des bijoux de famille française vers les USA.

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