Tarifs de l’énergie : le gouvernement entendra-t-il le cri de détresse de nos boulangers ?

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Les boulangers français seront-ils les premiers à tomber sur le front de la guerre imposée par la hausse vertigineuse des prix de l'énergie ? Y aura-t-il encore baguette, pain de campagne, galette des rois et viennoiseries, en janvier ? Poser la question ne relève malheureusement plus de la collapsologie complotiste.

Il suffit d'échanger avec son boulanger (le mien a déjà arrêté de chauffer la boutique) ou de lire la presse quotidienne régionale. Par exemple, le témoignage de Lilian Cordon, dans Ouest-France, boulanger à côté de Niort qui n'y va pas par quatre chemins : « Si ça se trouve, le 31 décembre, on plie bagage », « on nous laisse mourir ». Car comme tout boulanger, Lilian a un œil sur le fournil et l'autre sur les comptes. Et ils ne sont pas bons : pour lui comme pour tous ses confrères, c'est la « triple peine » : une crise Covid qui a laminé les trésoreries, une inflation des matières premières (farine, beurre, sucre, sel, etc.) et, enfin, le coup de grâce de l'envolée des tarifs du gaz et de l'électricité, indispensables pour les fours mais aussi pour tous les appareils de l'entreprise, en l'occurrence « trois chambres de fermentation, quatre frigos, deux fours, sans oublier les vitrines réfrigérées dans le magasin ».

Cela fait des mois que les boulangers tirent la sonnette d'alarme. En octobre, France Info s'était fait l'écho du cas d'un boulanger de Strasbourg pris à la gorge par l'explosion de sa facture d'électricité, passée de 3.000 à 9.000 € par mois !

C'est toute une profession qui sent le sol se dérober sous ses pas, le petit boulanger seul à son compte comme le propriétaire d'une chaîne de boulangeries. Comme Maxime Lefebvre, d'Amiens, interrogé un mois plus tard, toujours sur France Info : « Sur l'ensemble de mon entreprise, ma facture d’électricité pourrait passer de 120.000 à 450.000 euros par an… C’est un modèle qui n’est plus tenable. » Chez tous, le même constat, la même perspective désespérante : la clef sous la porte en 2023.

Ce qu'ils dénoncent tous, c'est le manque de visibilité, l'absence de bouclier tarifaire semblable à celui dont les particuliers bénéficient et puis aussi, souvent, l'impéritie des gouvernements qui ont créé cette situation en saccageant EDF et notre électricité nucléaire bon marché.

Ils s'adaptent, rationalisent les cuissons, éteignent les enseignes, mais cela ne suffira pas. Nous pouvons les aider en les soutenant par nos commandes et nos achats. Mais cela ne suffira pas non plus. Le gouvernement a une responsabilité immense et le devoir de répondre rapidement à ces angoisses bien compréhensibles.

Certes, Bruno Le Maire a fait beaucoup de communication. Le 21 novembre, en visite sur le terrain en Bourgogne, il avait eu un mot pour les commerçants et les boulangers : « Nous ne laisserons tomber aucune entreprise, aucune PME. Certainement pas les boulangeries, avec lesquelles nous avons beaucoup travaillé. Les boulangeries, c’est le pain quotidien, c’est le commerce de proximité. Les boulangers ont besoin de soutien, ils auront notre soutien. » Sentant la colère monter, le ministre a dû annoncer une batterie de mesures pour les boulangers il y a une semaine, le 9 décembre. Mais toujours pas le bouclier tarifaire demandé par la profession, indispensable pour tenir en 2023.

Pour Cristel, une boulangère du centre-ville de Toulouse, interrogée par RMC, la réaction est cash : « Il est gentil mais ses guichets, ses Numéros Verts, je ne sais pas de quoi il parle. » Alors, « stop aux belles paroles ! » Un enjeu aussi urgent, autant économique que civilisationnel, mérite en effet plus que de belles paroles.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 19/12/2022 à 10:40.
Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Celles et ceux qui ont voulu l’élection de Macron( nombreux artisans, boulangers, bouchers ) vous n’aviez pas compris que c’était un grand menteur. Avec l’Europe il veut casser les petits commerces. Il fait parti de ceux qui ont négocié avec Merkel pour fermer et arrêter la production de notre électricité. Voila maintenant le combat va se passer dans la rue et vous aurez besoin des anti Macrons. Son gouvernement rempli de ministres du PS, centre droit et des traites de LR. En clair ceux qui avaient entamé la destruction des entreprises et PME Françaises.

  2. Le mal de la France est la fabrication de cette élite dans des écoles au service des mondialistes (ENA, ENM, Sciences-Po, HEC, Young leaders,….). Il faut fermer toutes ces écoles qui ne fabriquent pas des étudiants intelligents, mais des automates bien « moulés » (comme les baguettes !!!) et au service des bilderberg, Davos et Cie…

  3. Le programme de Davos prévoit de supprimer 70 % de nos commerces et de notre artisanat ! Il n’y a pas que les boulangers qui vont disparaitre. Si chaque citoyen, avant la réélection de Macron, avait lu ce programme, peut-être n’en serions nous pas là !
    Il ne nous reste que les larmes, et encore, dans ce temps de disette programmée, peut-être va-t-on également en manquer !

  4. La France et ses boulangers viennent de se distinguer au plan mondial. C’en est trop pour Macron , notre « cher » fossoyeur. Avec son âme damnée l’infâme Lemaire, il va profiter de la crise de l’énergie qu’ils ont créé pour les faire disparaître et ramener le pays au bas et triste niveau du pain noir des Allemands .

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