Tariq Ramadan, ou le goût des pères la vertu pour les prostituées…

Dans l’actualité de ce jour figure en bonne place la probable troisième mise en examen du "théologien musulman" Tariq Ramadan. Il s’agit, cette fois, du viol présumé de Mounia R., une « ex-escort-girl » (elles sont toujours "ex"). "L’enjeu de l’audition de ce mardi est de savoir si le théologien, âgé de 55 ans, va reconnaître devant les juges des relations extraconjugales avec cette ex-prostituée, spécialisée “SM soft”, selon le jugement de l’affaire du Carlton dans lequel elle était citée », écrit Le Parisien de ce mardi.

Bonne professionnelle sans doute, la dame brune serait donc passée des fessées données au patron du FMI et ses amis aux coups reçus par un homme de religion… Je dirais bien que les voies du Seigneur sont impénétrables, mais ce serait de mauvais goût.

Pourtant une chose me frappe, dans toutes ces histoires de dénonciations, c’est moins les faits – réels ou bidonnés – que la proportion d’« ex-escorts » parmi les accusatrices abusées par des "pères-la-vertu".

Cela m’amène à m’interroger, cette fois, non pas sur la véracité de leurs histoires, mais sur ce tropisme récurrent chez les donneurs de leçons, prêcheurs de la bonne morale, politiciens très propres sur eux, pères de famille et maris exemplaires… on en passe, et de plus hypocrites encore. Qu’est-ce qui les attire tant dans la fréquentation des prostituées ? Est-ce le piment de "la chute", le vertige de leurs propres turpitudes, l’odeur sulfureuse du péché ? Est-ce, dans le cas d’un Tariq Ramadan, le désir sadique de punir la pécheresse ? Celui de la ramener par les coups sur le droit chemin de la vertu ? Mystère de l’âme humaine…

Je suis allée visiter, dimanche, la magnifique basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume qui abrite, en Provence, les reliques de Marie-Madeleine. Une visite attentive et, pour moi, "habitée" car, je vous le confie : Marie-Madeleine est mon véritable prénom.

Diable, direz-vous ! Pourquoi est-ce que je vous raconte cela ? Quel rapport avec Ramadan ?

J’y arrive…

Si j’ai, autour de mes 25 ans, abandonné la moitié de mon prénom pour n’en conserver que la pure Marie, c’est parce que les gens sont tordus.

La vérité est que je ne supportais plus les remarques graveleuses qui ont poursuivi, durant toute mon adolescence, la flûtiste que j’étais, plus tard la femme et mère que j’étais devenue. À treize ans, je fus en effet la première fille à intégrer l’orchestre municipal, alors essentiellement constitué de bons pères de famille qui, allez savoir pourquoi, perdaient soudain toute retenue pour se lancer dans des blagues salaces quand ils découvraient mon prénom. C’est que les Français, quoi qu’ils en disent et bien que, pour beaucoup, ils n’en aient pas conscience, sont de culture chrétienne. Et que savent-ils de l’histoire sainte ? Généralement rien, si ce n’est que Marie-Madeleine était une "pécheresse" qui faisait commerce de ses charmes. J’étais, en somme, victime d’un réflexe culturel conditionné…

Je n’ai, je crois, croisé que trois autres Marie-Madeleine dans ma vie, et pour vous dire le poids de ce joli prénom, un psychiatre (une femme !) m’a fait un jour cette remarque : "Comment vos parents ont-ils pu vous affubler d’un prénom pareil ?" Merci docteur, ça va m’aider.

La pécheresse, donc. La repentie aussi, ce qui doit émoustiller les Ramadan et consorts.

Heureusement, depuis Dan Brown et son Da Vinci Code, je suis devenue l’hypothétique épouse du Christ… Ouf !

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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