Temps de travail des militaires : l’exception française remise en question par l’Europe

soldat opex

Un récent arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne vient de préciser que la fonction publique des pays membres était soumise à une obligation de récupération en cas d'horaires atypiques, de veille ou de garde. Ce nouveau statut, redouté en France depuis au moins cinq ans, a déjà été adopté ailleurs en Europe, en Allemagne notamment, et jusque dans l'armée.

Le soldat n'est cependant pas un fonctionnaire comme les autres. Ses obligations, ses astreintes, ses impératifs de projection ou de départ en mission ne sont pas ceux des autres serviteurs de l'État. Et si l'Allemagne, toujours traumatisée par le souvenir de la Wehrmacht, s'est immédiatement soumise, sans sourciller, aux notes de service de Bruxelles, voici que l'on découvre, pour une fois, ce qu'on pourrait appeler l'indépendance française.

Il est extrêmement surprenant, j'en conviens, que le gouvernement d'Emmanuel Macron, jusque-là connu pour son alignement strict sur « les valeurs de l'Europe » dans ce qu'elles ont de plus progressiste, de plus absurde et de plus contraignant, se rebelle, en quelque sorte, contre cet arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne. Mais reconnaissons que les déclarations du Président comme de son ministre des Armées, qui s'attachent à maintenir le statut particulier de l'armée française, vont dans le bon sens. Le Président, notamment, qui déclarait dans son allocution aux armées, le 13 juillet soir : « Je suis un ardent Européen, mais je crois à la voie européenne lorsque je la comprends et que je pense qu’elle est bonne pour le destin national. Lorsqu’elle nous conduit à renier ce qui nous défend, ce qui nous protège, une militarité à laquelle nous tenons, nous n’y cédons pas. Nous avons défendu notre statut et nous tiendrons bon jusqu’au bout. » Insistant à la fois sur son statut de membre du Conseil de sécurité, sur la solidité de ses troupes et sur l'exception militaire, la France n'a pas l'air d'avoir envie de battre en retraite.

Décidément, n'y a-t-il plus que l'armée qui tienne debout, en France, pour que même Macron se préoccupe de la maintenir dans une posture opérationnelle ? Et n'y-a-t-il plus que la France qui tienne debout, en Europe, pour qu'elle puisse se targuer d'être le dernier rempart d'un Vieux Continent à la dérive ? Ce serait à la fois revigorant et particulièrement inquiétant.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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