Terrorisme : enfin, Gérard Collomb contre-attaque… dans les médias
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Ça y est. Gérard Collomb vient de lancer une contre-attaque fulgurante. A-t-il décidé de prendre les choses à bras-le-corps : rétablir la République là où ses représentants sont reçus à coups de boule de pétanque dans le meilleur des cas ? On se calme ! Pas du tout. Il s’agit plus simplement d’une contre-attaque pour répondre aux critiques dont il a été la cible après la tuerie de Trèbes. Une contre-attaque dans la presse régionale quotidienne, en l’occurrence Ouest-France, à qui le ministre de l’Intérieur vient de donner une interview.
Et là, il faut bien le reconnaître, l’effet de fascination, de consternation et de… satisfaction aussi, comme chanterait Souchon, fonctionne à bloc. Notamment sur la question de l’expulsion des fichés S étrangers, mesure proposée par l’opposition, tant du côté de Laurent Wauquiez que de Marine Le Pen. Le ministre d’État, qui n’est pas Buffalo Bill, on l’avait compris, déclare : "Quant à l’expulsion d’étrangers en situation régulière et connus pour radicalisation, c’est déjà le cas." Roulement de tambours : "Nous avons réalisé vingt expulsions en 2017, un nombre jamais atteint auparavant." Pas plus, pas moins : 20 ! Et le maire de Lyon émérite de brandir ce nombre à deux chiffres comme un trophée de chasse. De deux choses l’une : soit Gérard Collomb se moque du monde, soit il ne réalise pas l’incongruité (pour ne pas dire l’indécence) de sa déclaration. La première hypothèse, à la réflexion, serait, quelque part, plus rassurante car à la tête de Beauvau, à tout prendre, il vaut mieux un cynique qu’un naïf. Les optimistes verront peut-être aussi dans cette déclaration la preuve que Gérard Collomb ne rechigne pas à la tâche : vider la mer avec une petite cuillère demande de l’obstination, faut reconnaître.
À ce sujet — L’anonymat des policiers dans les procédures sensibles : nécessaire, mais pas suffisant !
Contre-attaque, disions-nous au début de ce papier. À la réflexion, une contre-attaque qui ressemble diablement à un combat défensif sans grande envergure. Ainsi, concernant la mise en rétention des fichés S, notre macronien de la première heure nous dit que c’est impossible. La preuve ? Frédéric Pechenard l’a dit. Et comme Frédéric Pechenard, vice-président LR du conseil régional d’Île-de-France, ancien directeur général de la police nationale, "n’est pas réputé pour être laxiste", insiste Gérard Collomb, c’est forcément vrai… Manque de chance, Bernard Squarcini, dit le Squale, ancien directeur central du renseignement intérieur (DCRI) sous Sarkozy, est beaucoup moins catégorique. En effet, sur Europe 1, il vient de laisser entendre que la détention administrative des fichés S pourrait répondre à cette nécessité d’"anticipation" alors que la situation actuelle connaît des "trous dans la raquette".
L’interview de Gérard Collomb s’achève sur les mesures qui devraient être prises prochainement pour renforcer la sécurité des forces de l’ordre, cibles privilégiées des djihadistes. Mesures, bien entendu, nécessaires comme, par exemple, celle qui permettra aux enquêteurs de ne pas être identifiés par leur nom dans les procédures judiciaires. Certes, Gérard Collomb nous épargne le raccompagnement des policières à leur domicile par des policiers (Marlène Schiappa, dans un souci d’égalité femmes-hommes, pourrait suggérer la réciprocité et on ne serait pas sorti des ronces !), comme le fit naguère Ségolène Royal. Mais le ministre de l’Intérieur se réfugie dans une réponse strictement policière, pour ne pas dire comptable, qui, à l’évidence, s’avère insuffisante. Comme on dit aux échecs, aujourd’hui, les djihadistes ont les blancs. Mais, malheureusement, M. Collomb ne joue pas aux échecs. Tout au plus aux dames.
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