Thibault de Montbrial l’affirme : pas de sécurité sans souveraineté !

Thibault de Montbrial 
CRSI
Thibault de Montbrial CRSI

Mercredi 18 septembre se tenait la conférence de rentrée du Centre de recherche sur la sécurité intérieure (CRSI), organisme de réflexion sur les questions de sûreté nationale présidé par Thibault de Montbrial. La conférence portait sur les enjeux de sécurité des prochains mois. Cette année, la principale nouveauté, présentée par l'avocat, consiste en une évolution majeure du CRSI qui reflète les nouveaux défis auxquels le pays doit faire face. Le président du CRSI a ainsi déclaré : « Le "S" [de CRSI] est en train de glisser de "Sécurité" à "Souveraineté". » Pour lui, les deux concepts deviennent indissociables face à la dangereuse évolution du monde. Ainsi, les futurs travaux du CRSI porteront désormais sur la souveraineté française sous ses différentes déclinaisons.

Énergie et industrie

Le premier enjeu de souveraineté soulevé par le conférencier est l’approvisionnement énergétique. Longtemps, notre pays a fait figure de leader en la matière, notamment grâce au plan Messmer et aux recherches successives dans le secteur du nucléaire. Mais plusieurs facteurs sont venus mettre notre indépendance énergétique en péril. Le marché commun de l’électricité, tout d’abord, en indexant le prix de l’énergie sur celui du gaz, porte un coup à notre compétitivité. La situation a drastiquement empiré depuis le début de la guerre en Ukraine, certains de nos partenaires européens étant jusqu’alors grandement dépendants du gaz russe. Rappelons, enfin, les ingérences allemandes contre notre nucléaire pour compléter le tableau. En conséquence directe de nos difficultés énergétiques, notre industrie souffre et de nombreux fleurons nous ont échappé, ces dix dernières années. On peut rappeler la vente d’Alstom ou la perte d’Arcelor et de Lafarge… la liste est longue. La France se désindustrialise à grande vitesse. Un pays qui ne produit rien est condamné à dépendre des autres et, donc, à obéir à des injonctions étrangères.

Technologies et télécommunications

Thibault de Montbrial souhaite également que notre pays soit capable de développer les technologies de demain. Certes, la France reste à la pointe dans certains secteurs comme celui de l’aéronautique militaire grâce à Dassault. Mais notre pays, comme l’Union européenne, subit un déclassement dans d’autres domaines tels que l’industrie spatiale ou encore celle du numérique et des télécommunications. Les rapports entre États peuvent être perçus comme des cercles de puissance concentriques. Il y a, par exemple, les pays nucléarisés. Parmi eux, seuls certains disposent d’une capacité de riposte nucléaire après avoir été frappés. De même, quelques pays seulement disposent de missiles supersoniques. Si la France veut garder son rang, elle ne peut se permettre d’être déclassée technologiquement. De plus, les récents événements libanais ont montré au monde l’importance fondamentale de la souveraineté dans le secteur des télécommunications. Notre pays a des concurrents puissants, au premier rang desquels figurent la Russie et la Chine, et l'on ne peut exclure qu'en cas de montée des tensions, le scénario libanais puisse un jour se produire sur notre sol.

Alimentation et santé

Enfin, comme le rappelait le président du CRSI, « on ne peut réfléchir à la sécurité intérieure d'un pays sans intégrer des dimensions telles que [...] l'alimentation et les problématiques de santé publique ». La France est traditionnellement un pays d’agriculture. Or, aujourd’hui, nous importons 50 % de la nourriture que nous consommons, souvent du bout du monde, tandis que nos agriculteurs se suicident à un rythme effarant. En effet, nous avons ici des normes de production strictes assurant la qualité de nos aliments. Les pays dont nous importons de la nourriture n’y sont pas soumis. De plus, le coût de la vie n’y est pas le même. Nos marchés sont ainsi envahis de produits peu chers mais de moindre qualité. Que ferions-nous, en cas de crise majeure, si nous ne produisions plus assez sur notre propre sol ? La même logique s’applique au domaine sanitaire. La crise du Covid-19 a mis en lumière les graves dangers auxquels nous expose le manque de souveraineté. Pourtant, nous avons continué à dévaler la pente, comme le montre la récente vente de Biogaran à un concurrent indien.

Loin d'être, comme l'insécurité, un simple « sentiment », « la sécurité est un besoin primaire, universel, de l’être humain. On ne peut rien construire sur le plan personnel, professionnel ou affectif sans elle », a rappelé Thibault de Montbrial. En la liant à la souveraineté, il fait de celle-ci une nécessité.

Louis de Torcy
Louis de Torcy
Etudiant en école de journalisme

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