Thierry Lhermitte dézingue Libé et Le Monde (et s’en défend)

« Quand on fait un film populaire et qu’on a une bonne critique dans "Le Monde" ou "Libé", le film ne marchera pas. »
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Répliques Cultes sur YouTube
Capture d'écran Répliques Cultes sur YouTube

Personne ne se moque mieux de la presse de gauche qu’un artiste de gauche. En roue libre lors d’un entretien à plusieurs voix sur RTL, trois anciennes figures de la troupe du Splendid ont, soudain, offert aux auditeurs un petit festival de dézingage médiatique inattendu. Interrogée sur les décalages entre les avis des spectateurs et ceux des critiques de film, Marie-Anne Chazel se laisse aller : « Parfois, avoir une bonne critique est très inquiétant. »

Retrouvant les accents acidulés de ses meilleurs succès, voilà que Thierry Lhermitte s’engouffre alors dans la brèche : « Je vais vous le dire ! Quand on fait un film populaire et qu’on a une bonne critique dans Le Monde ou dans Libé, ça veut dire que le film ne marchera pas. » « Oulala, la boulette », comme s’écriait Jacques Villeret dans Le Dîner de cons. Rétropédalage immédiat, donc, du (vieux) beau gosse des Bronzés : « Euh, ce n’est pas une critique vis-à-vis de ces gens-là, [ouf !] ça veut dire qu’eux voient ce qui n’est pas populaire et c’est ça qui leur plaît. Quand vous faites un film qui est apprécié par ces journaux, il y a très peu de chance pour que vous fassiez un succès parce que, justement, c’est ça qu’ils aiment. » Bon, pas simple de s’extraire de la pataugeoire, Thierry… Allez, encore un essai : « Ils ont le nez pour aimer ce qui n’est pas populaire. Mais il n’y a pas de mal, c’est leur spécificité. » On sent le quidam aussi mal à l’aise que son personnage, Pierre, dans Le Père Noël est une ordure, se justifiant d’un « Mais je vous en prie. Figurez-vous que Thérèse n’est pas moche. Elle n’a pas un physique facile… C’est différent. » Et c’est Gérard Jugnot qui lui sauve alors la mise, pour le coup pas gêné à l’idée de mettre un taquet à ceux qui ont toujours oublié de l’encenser, lui et son œuvre : « J’ai vu, sur une affiche : Télérama, "hilarant". Cherchez l’erreur… » Rire gêné, une fois encore, de Thierry Lhermitte, décidément peu enclin à froisser ces amis qui ne l’aiment pourtant guère : « C’est un oxymore… Mais c’est normal, c’est le goût des gens. » De son côté, Marie-Anne Chazel fait sa taiseuse, se gardant bien de prendre position…

Artiste et de gauche : une exigence…

Pas facile, le statut d’artiste de gauche. « Je ne suis pas du tout de gauche. J'aurais adoré ! C'est un niveau d'âme que je n'ai pas ! François Hollande, parfois, me déculpabilise », se moquait Fabrice Luchini, sur TF1. Thierry Lhermitte vient de le prouver magistralement. De gauche, il l’est pourtant, d’une gauche de boomers soixante-huitards, individualiste, moralisatrice et consumériste, comme le sont tous ses amis du Splendid. Enfin, comme le sont encore certains. On l’a vu sur RTL, Gérard Jugnot, s’il reste fidèle à ses convictions de gauche, sait pourtant se démarquer d’un milieu intello qu’il n’apprécie guère. Et il n’est pas à son coup d’essai. En 2020, déjà, dans Télé-Loisirs, il déclarait : « Pinot n’était pas un film burlesque. C’est la seule fois où j’ai eu une critique dithyrambique dans Libé. Malheureusement, à cause d’une grève, le journal n’est pas sorti (rires). » Et d’enchaîner, à propos d'Une époque formidable : « Le fait que les films de notre petite bande passent à la télé pendant ce confinement, c’est une victoire sur un certain cinéma qui nous a toujours snobé. » Bon, la bravoure de Gérard a aussi ses limites, et à ses « amis » de la presse de gauche suspectant Les Choristes d’être un film réactionnaire, il répond : « Ce n’est pas un film passéiste […] ce n’est pas du tout un film réactionnaire, bien au contraire. C’est assez étonnant, le nombre de jeunes vivant dans des cités qui aiment ce film. » Ah bon, alors si les jeunes-vivant-dans-des-cités le disent…

Le réalisateur Jean-Marie Poiré, lui, plus que leur attachement à la gauche, retient des anciens du Splendid leur individualisme forcené, comme il l’expliquait dans Télé-Loisirs, en 2021 : « Pendant Le Père Noël est une ordure, j'ai fait une grande découverte. Les membres du Splendid sont des acteurs de génie. Sauf qu'en tant qu'auteurs, ils ne s'intéressent généralement qu'à leur rôle. » Poiré doit donc être un incurable droitard…

Vos commentaires

19 commentaires

  1. Comme c’est vrai! Pour choisir un film, je vais sur AlloCiné. J’y trouve les critiques de la presse. Si un film est côté de zéro à 2+ par Le Monde, Libé, Le Nouvel Obs, Télérama (surtout Télérama!), Les Inrocks, j’y cours! C’est généralement un excellent film, quelquefois un chef-d’oeuvre.

  2. Eh oui comme beaucoup. j’ ai laissé tomber tous ces journaux de gauche qui sont devenus completement hors sol pour la vie des françcais.J’ai pendant dix ans dans les années 70, lu le monde, libé,mais j’ai décroché ne me sentant plus du tout en phase avec leurs propos.toute cette gauche caviar des villes qui méprise les campagnes et les petites villes.J’avais conservé le canard enchainé mais c’est devenu un repère de gaucho qui me laisse pantois dans leurs commentaires politiques .C’est orienté à mort. Dommage, j’aimais bien ce journal mais ils se sont laissés gangréner par ces gauchos.quel manque de clairvoyance pour leurs dirigeants.

  3. Oui ces acteurs du splendid sont des incurables individualistes tout comme l’était leur copain Coluche avec lequel la cohabitation n’allait pas d’elle même . Il faut dire que lui ne faisait pas dans le politiquement correct et il devait parfois se sentir à l’étroit dans cet environnement .

  4. Facile d’être de « gôche » quand on vit ( à deux ou trois ) dans plus de 200 mètres carrés avec un revenu plus que substantiel .

  5. J’aime bien ces artistes qui s’affirment à gauche tout en vivant à la mode
    droite bourgeoise.
    Le fauculisme distingué, c’est un art.

  6. « De gauche » ou « a gauche » ? P. Bergé lui aussi se disait de gauche. Se dire, c’est simple. Bref. Lorsqu’on voit ce qu’est devenu le Monde… un journal de référence, très fourni à une certaine époque, et maintenant… Quant à Libé ( ces journaux là sont subventionnés, comme l’Huma ) on sait d’avance que qu’on va y trouver ( ne pas oublier que July qui y « écrit » toujours avait appelé a tuer le Notaire de Bruay en Artois ; coupable, car bourgeois…). A une époque, il avaient la réputation ( je ne pense pas avoir rêvé ) de ne pas aimer Patricia Kaas… Ca et tout le reste, ça fait beaucoup !

    • Cela fait plus de 30 ans que le Monde n’est plus lisible ! Ne parlons même pas de Libération c’est l’antichambre de l’huma ou de rouge. Nous sommes salis par l’image que le Monde renvoie de la France à l’étranger. J’ai souvent eu honte et été obligée d’expliquer que le Monde n’était plus un journal d’informations mais un journal de propagande.

      • Il fut un temps, fort lointain, où je lisais avec le plaisir de découvrir et de comprendre « Le Monde Diplomatique » tous les mois. Mais leurs analyses sont devenues tellement partisanes qu’elle étaient fausses. J’ai alors cessé de m’y référer, c’était déjà en 1969 ! Il a dû se passer un truc en 68 !

  7. Tous ces acteurs ont beau étre de gauche mais c’est quand méme grace aus gents de droites qu’ils obtiennent le plus d’entrées au cinéma et qu’ils les rendent plus riche.

  8. De gauche obligatoire ou pas vraiment, une certaine forme (non artificielle) d’intelligence ne saurait empêcher ces acteurs, qui connaissent tout de même leur métier, même s’ils ont débuté dans une certaine marginalité, de reconnaître la réalité…

  9. C’est toujours à gauche que j’ai vu les pires égoïstes. Le choix de nos valeurs politiques sont souvent une lutte contre nous-même ; une lutte intérieure que l’on projette à l’extérieur ; que l’on scénarise dans le monde. Ainsi, quand Sandrine Rousseau, Alice Coffin ou Judith Butler entrent en guerre contre le masculin toxique qui étouffe, on cherche quelques traces de féminité chez ses femmes. Et on comprend leur vraie souffrance…

    • « C’est toujours à gauche que j’ai vu les pires égoïstes. » Il est interdit d’interdire. Traduction : je fais ce que je veux et je t’emmerde. Principe incompatible avec toute vie sociale, sacralisé à cette époque et dont nous pouvons admirer les résultats de nos jours.

  10. Vue leur palmarès ce qu’ils disent mérite d’y faire attention, toutes façons pour être un artiste en vue dans notre société il faut se dire de gauche sans çà pas d’avenir possible, après on en pense ce qu’on veut.

  11. Ils m’ont fait passer de bons moments et ça me suffit. Qu’ils fassent leurs boulots correctement et ce sera largement suffisant.

  12. Bof… Finalement tous ces artistes sont bien décevants et monsieur Lhermitte et consorts ne dérogent pas à la règle, fût-ce t’ils tous nous avoir fait rire parfois bien que leurs films ne furent pas ma tasse de thé.Ils sont de gauche prétendent t’ils donc, mais certainement avec le portefeuille à droite je me doute,et ils sont maintenant dépassés par la gauche et le l’extrême gauche pour passer maintenant pour des droitards.Ils ont beau être des comiques, mais je n’oublie pas qu’ils ont contribué aussi à défaire notre société donc la gêne qu’ils ont me fait bien rire.

  13. Les trois du « Splendid » peuvent se permettre ce genre de confidence car ils ont fait effectivement des films et des sagas à succès ! …
    D’autres seraient bien inspirés de se la boucler définitivement au lieu de chercher à « faire la morale » tant dans leurs « navet insipides » que dans les trop nombreuses interviews et autres apparitions ! …
    Si la perfusion des subvenions était stoppée, « ça » ferait longtemps que bon nombres seraient de « très chers disparus pour le bien de tous » ! …

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