Titanic : la France au cœur d’une découverte vieille de 40 ans

Lorsque le soleil se coucha pour la dernière fois sur le Titanic, le 14 avril 1912, le navire réputé insubmersible ignorait qu’il resterait caché aux yeux de l’humanité au fond de l’océan pendant plus de 70 ans. En effet, il faudra attendre 1985 pour que l’épave soit retrouvée, grâce à une expédition franco-américaine permettant ainsi au monde de se remémorer l’histoire de ce naufrage tragique, tout en inaugurant un théâtre de débats passionnés sur l’exploitation des vestiges et le respect dû aux défunts. Quarante ans plus tard, à Cherbourg, cette ville portuaire ayant joué un rôle dans le voyage du Titanic, la Cité de la Mer organise une exposition exceptionnelle présentant quelques objets uniques provenant des profondeurs et rappelant à tous ce drame historique.
Une découverte qui a marqué l’Histoire
Le 1er septembre 1985, l’expédition franco-américaine, menée par l’océanographe américain Robert Ballard et par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (IFREMER), représenté par Jean-Louis Michel, localisa l’épave du Titanic à plus de 3.800 mètres de profondeur, à environ 700 kilomètres au large de Terre-Neuve. Cette découverte mit alors fin à plus de sept décennies de recherches effrénées et de mystère entourant le lieu du naufrage. Pour réaliser une telle prouesse, l’utilisation de submersibles télécommandés et de technologies de pointe fut nécessaire, ouvrant ainsi une nouvelle voie à l’archéologie des abysses
Débat sur le statut du site
Depuis la localisation du Titanic, de nombreuses missions de récupération ont été menées, notamment par la société RMS Titanic, Inc., et ont extrait ainsi que restauré plusieurs milliers d’artefacts – vaisselle, bijoux, effets personnels et objets de la vie quotidienne à bord. Ces opérations, bien qu’elles présentent un grand intérêt scientifique et historique, ont également suscité de fortes polémiques.
En effet, pour beaucoup, l’épave du Titanic n’est pas qu’un simple site archéologique : c’est un véritable cimetière marin, un lieu de sépulture où reposent plus de 1.500 âmes. Des familles de survivants, des historiens et des experts maritimes ont ainsi dénoncé ce qu’ils ont perçu comme une exploitation commerciale des artefacts récupérés et une profanation des sépultures. Afin d’éviter des abus, le Titanic fut alors protégé, en partie grâce à des traités, et notamment en 2012 par l’UNESCO. L’ancienne directrice générale Irina Bokova avait alors déclaré : « Les épaves sont aussi la mémoire de tragédies humaines qui doivent être traitées avec le respect qui leur est dû. On ne tolère pas que le patrimoine culturel terrestre soit pillé, il en va de même pour les trésors engloutis. » Un fait qui n'empêche pas certaines visites touristiques pouvant parfois virer au cauchemar, comme en 2023 avec l'implosion du submersible Titan qui, encore aujourd'hui, fait parler de lui.
Rappel d'une tragédie également française
Afin de sensibiliser le public à ces enjeux et à l’histoire du Titanic, la Cité de la Mer à Cherbourg s’est donné pour mission de proposer aux Français de nombreuses expositions consacrées à ce navire mythique. En effet, Cherbourg, porte d’entrée sur l’Atlantique, fut l’une des villes ayant accueilli le paquebot lors de son unique voyage. À l'occasion de son escale française, le 10 avril 1912, après son départ du port anglais de Southampton, 281 passagers montèrent à bord sans savoir, malheureusement, qu’une véritable tragédie les attendait au bout de ce voyage.
À l’occasion de l’anniversaire du naufrage et des 40 ans de la découverte de l’épave, le musée cherbourgeois propose ainsi au public, jusqu’en 2027, de découvrir 42 objets inédits lors de l’exposition « Titanic, retour à Cherbourg ». Ces pièces, d’une extrême valeur historique, sont prêtées exceptionnellement par la société RMS Titanic, Inc. Leur manipulation reste néanmoins réservée à un seul agent spécialisé, pour des raisons d’assurance. Parmi ces artefacts qui peuvent nous paraître bien communs mais qui sont pourtant les précieux témoins d’un drame et de nombreuses histoires personnelles, on retrouve des certificats de mariage, des extraits de journaux, des photographies et bien d’autres objets. Ce patrimoine permet ainsi de rappeler que le Titanic n’est pas uniquement un événement du monde anglo-américain, comme on pourrait le croire, mais que la France et les Français ont également joué un rôle dans cette tragédie mais aussi en 1985, dans sa découverte, et aujourd’hui, dans sa préservation et sa valorisation.

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Un commentaire
On pille bien, avec l’alibi scientifique, les tombes des pharaons.