Tomate espagnole « immangeable » ? Ségolène Royal, bonne élève d’Édith Cresson

Qui aurait pu imaginer qu’Édith Cresson, Premier ministre de François Mitterrand de mai 1991 à avril 1992, avait eu, à l’instar de son tuteur, une fille cachée ? Personne. Mais à écouter Ségolène Royal, autre personnalité socialiste elle aussi malmenée par les éléphants d’alors, on se dit qu’une mystérieuse filiation pourrait être envisageable.
Ainsi, quand la candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 2007 affirme, ce 30 janvier, en pleine crise agricole européenne : « Vous avez goûté les tomates soi-disant bio espagnoles ? C’est immangeable ! Le bio espagnol est un faux bio. Les fruits et légumes espagnols ne respectent pas les normes françaises », voilà qui rappelle les heures les plus sombres de Matignon. Nous sommes en juillet 1991 et Édith Cresson affirme à ABC News que « l’homosexualité, différente et marginale, est plus proche des coutumes anglo-saxonnes que des usages latins ». Bref, les Anglais seraient plus portés sur la jaquette que sur la jupette. Une chance, encore, qu’elle n’ait pas évoqué nos amis grecs.
Toujours dans le registre de l’amitié entre les peuples, celle que ses adversaires tiennent à l’époque pour marquise pompadouro-mitterrandienne compare les Japonais à des « fourmis menant des existences démesurément laborieuses et inacceptables pour les standards européens concernant les loisirs et la Sécurité sociale ». En retour, on brûla son effigie sur une bonne partie de l’archipel nippon. À l’époque, on savait faire de la politique différemment.
Certes, la sortie de Ségolène Royal, quoique marquée au sceau de la « bravitude »™, vise moins haut. Mais ce serait oublier que l’honneur de la tomate espagnole, ce n’est pas rien non plus, surtout comparé à la virilité britannique et à ce sens de la déconne si propre aux Japonais.
Vous n'allez pas me dire que Ségolène Royal ne sait pas..
CE N'EST PAS LA SAISONpic.twitter.com/48WLpJq9C1 https://t.co/cyek7mOr6n
— Anarcoluchiste♀️☮️ (@Anarcoluchiste) February 2, 2024
« De tels propos sont inappropriés »
La preuve en est qu’à l’approche de chaque printemps, les Ibères sont plus rudes, Teresa Ribera, ministre socialiste de la Transition écologique, n’hésitant pas à déclarer : « De tels propos sont inappropriés de la part d’une personne qui a eu des responsabilités gouvernementales. » On note le « qui a eu », renvoyant ainsi l’ancienne madame Hollande à la retraite anticipée. Plus direct, le Premier ministre Pedro Sánchez, lui aussi socialiste, se contente d’un laconique « La tomate espagnole est imbattable. » Voilà qui n’appelle pas la réplique.
De son côté, l’Association professionnelle espagnole de production biologique (Ecovalia) affirme que la tomate ibérique est tout aussi vertueuse que son homologue française ; ce que les avocats de cette dernière contestent, bien sûr. Qui croire…
En revanche, deux faits sont avérés. Le premier, c’est que des camions espagnols chargés de tomates sont régulièrement arraisonnés par les paysans français pour cause de concurrence déloyale, leur prix de revient étant là-bas plus bas qu’ici. Le second tient en une simple statistique : 36 % des tomates consommées en France sont désormais importées. Mais si la tomate française souffre, son homologue d’outre-Pyrénées n’est pas forcément en meilleure forme. La preuve en est le ralliement des trois principaux syndicats agricoles espagnols ayant annoncé, ce même 30 janvier, rejoindre l’ensemble des actuelles jacqueries, non seulement françaises, mais aussi européennes.
La tomate marocaine en embuscade
Pourquoi une telle convergence des luttes ? Peut-être à cause d’un ennemi commun : la tomate marocaine, qui commence à tailler des croupières, non seulement à sa cousine française, mais également à sa voisine espagnole. Une situation assez bien résumée par BFM TV : « Relativement stables entre 2011 et 2017 à 300.000 tonnes par an, les importations de tomates marocaines ont bondi depuis […] atteignant plus de 425.000 tonnes en 2022, soit une hausse de 40 % en à peine cinq ans. » Résultat, toujours selon la même source : « Cette croissance s’est faite au détriment de la tomate d’Espagne, qui recule depuis dix ans, et surtout de la tomate française. »
Notons qu’en matière de dumping salarial, le royaume chérifien est imbattable, là où le salaire horaire est de 0,74 euro, contre… 13,64 euros en France. Après, que nos voisins marocains ne se réjouissent surtout pas trop vite : avec les accords de libre-échange conclus avec l’Amérique latine (Mercosur), ils pourraient être bien vite dépassés en matière concurrentielle. En attendant la tomate de Tombouctou, qui devrait être produite encore à plus bas coût tout en ayant meilleur goût ? Ainsi va la mondialisation heureuse, pour paraphraser Alain Minc, grand gourou du cercle de la raison.
Thématiques :
Ségolène Royal
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR

75 commentaires
Quand le consommateur Français ne mangera plus que des tomates à la vraie bonne saison, le problème sera réglé, au moins en très grosse partie ! Si on n’achète plus, ça ne se vend plus, dixit Coluche… qui avait raison à ce propos… il n’y a que les parigots bobos qui mangent des tomates en hiver !!!
Je n’en suis pas aussi sûr que vous, le royaume chérifien ne fait que commencer son ascension. La communauté musulmane qui contrairement au français se « serre les coudes », achète tous ses produits, ou tout du moins ceux qui peuvent l’être de « chez eux ». Si vous ne fréquentez pas les marchés, chez nous dit « provençaux », vous ne pourrez comprendre. Il suffit de regarder les vendeurs, et vous comprendrez d’où viennent leurs fruits et légumes par exemple ! Certains me diront qu’il existe encore des marchés « provençaux », dans les très petites bourgades peut-être mais pas dans les communes de plus grande population ou l’habitat HLM est très développé. De plus ces marchés tendent à disparaitre partout où cette population est très peu ou pas représentée. De plus regardons combien de magasins pour cette clientèle s’ouvrent en France !
Une tomate de pleine terre murit entre juillet et début octobre. C’est à ce moment-là qu’elle doit être consommée. Le mal est que, comme on veut consommer des tomates toute l’année, on a construit des grandes serres où les tomates poussent dans des caniveaux remplis d’eau. Il est normal que des tomates qui poussent dans la flotte aient le goût de flotte (en Espagne comme en France).
On connait les sorties sulfureuses de Ségolène Royal, mais pour une fois je vais la défendre car en ce qui concerne les tomates espagnoles, elle n’a pas tout à fait tord. Allez voir du côté de l’extrême sud de ce pays, au bord de la Méditerranée, avec un ensoleillement que nous mêmes serions jaloux ! et bien là bas, les fruits et légumes ne poussent sous ce soleil, pas en pleine terre mais dans la fibre de coco et le polystyrène sous des milliers d’hectares de plastique blanc. C’est dire que ces denrées ne voit ni le soleil ni « goûte » le terroir par leurs racines. Je ne parle même pas des engrais et autres pesticides qui les aident à pousser et à nous intoxiquer par là-même.
elle n’a pas essayé la tomate de hollande! (ça devra pourtant lui rappeler quelque chose) ! : Elle a toujours un goût de moisi !
Excusez moi mais elle n’est pas pire que le freluquet menteur qui lui a été préféré par les français en 2007 !
La tomate a une saison ( hors continent sud-centre américain dont elle est originaire) ! C’est de fin juillet (au mieux ) à mi-octobre; point final. Vouloir se gaver de tomates de toutes formes et couleurs toute l’année, faute d’idées plus originales pour faire des entrées « crudité » rafraîchissantes, comme c’est la grande mode depuis une dizaine d’années ou vingt, relève de la bêtise et de l’ignorance, ce dont nos commerçants et autres margoulins profitent… (Perso, je n’ai jamais aimé les tomates; j’en ai pléthore au jardin – en saison bien sûr- mais elles ne m’intéressent pas : Il y a tant de belles productions de la terre nourricière, des vertes, des violettes, des jaunes, des brunes : Soyez un peu originaux : poireaux en salade, fenouil ,carottes, radis, chou et navet râpés crus, endives mâche et betteraves ,etc…
Je prend juste votre exemple des endives, chicons dans le Nord. Avez déjà gouté de vraies endives , Je pari que vous ne les mangeriez pas tellement elles sont améres ! Mais pour le gout des « parisiens » comme le disent ceux qui les cultive elles ont maintenant un gout de « flotte » ! J’ai connu de vraie « chicons » dans ma jeunesse, faitent par nos soins et je vous prie de croire qu’elles avaient un autre gout ! Les cultivateurs s’adaptent aux gouts des gens sinon ils ferment la porte !
Effectivement, j’ai eu naguères l’occasion de déguster des vraies endives de plein champs fraîches direct tout juste récoltées du paysan ( en Champagne): un régal et une révélation !
Elle aurait dû se contenter de dénoncer la concurrence déloyale livrée par les producteurs espagnols.Au lieu de ça,elle se croit obligée de lancer une provocation aussi inutile qu’agaçante pour tous les protagonistes.
Ce propos est tellement inopportun dans le contexte actuel qu’on peut se demander s’il n’est pas délbérément politicard!
Pour avoir longtemps vendu des tomates dans une importante structure d’expédition Cavaillonnaise, je puis affirmer que les tomates européennes, tous pays confondus sont proprement immangeables : aucune saveur, aqueuses a profusion, fruit des recherches agronomiques de l’I.N.R.A. de Montfavet: les seules tomates goûteuses étant les anciennes variétés « coeur de Boeuf », « Géante de Crimée » et autres produites en quantité infinitésimales chez de petits producteurs locaux, les variétés vendues en grande distribution étant celles à fort rendement à l’hectare.. En Provence, le problème ne se pose plus : nous cultivons les ronds-points, les voies rapides, les lotissement de villas et les immeubles en béton qui ont pris la place des terres cultivables !!!!!
mais c’est un fait, les tomates » parfaites » selon les normes européennes du moins pour leur aspect, sont insipides, tout comme les fraises » énormes » mais sans saveur ! si les Tomates espagnoles sont excellentes en Espagne çà prouve que tout simplement ils ne mangent pas les mêmes que celles qu’ils nous envoient ! je ne vois pas où il y a lieu de » s’indigner » à dire ce qui est ! on peut reprocher bien des choses aux français, mais certainement pas de pas avoir de palais !
Elle a raison, mais toutes les tomates sont mauvaises. Elles sont transgéniques elles ne pourrissent jamais. Quel dommage c’était si bon
Qui se souvient que dans les années 90, une grosse firme US, j’y étais dans sa filiale pharmacie, travaillait sur des tomates OGM qui résisteraient à un pourrissement trop rapide et même à une variété cubique pour gagner de la place dans les cageots de transport .Les espagnols ont ils saisis la balle au bond ?
Bien au niveau des chroniqueurs de Hanouna …
Obligée de se raconter n’importe quoi pour échapper à l’anonymat… madame l’ambassadrice des pôles partie inaugurer un paquebot ( pas polluant ) au delà du cercle polaire en jet privé….
Pas plus que Sarkozy et beaucoup moins nocive que lui . Elle sait de quoi elle parle et si ils est vrai qu’elle a occupé un poste plus honorifique qu’utile , il faut bien vivre, surtout quand on est mère de quatre enfants ! Elle dit des choses qui gênent beaucoup le pouvoir et c’est le signe qu’elle tâpe juste . Elle a été une bonne présidente du conseil régiolnal du Poitou Charentes un peu dispendieuse avec les deniers publics mais pour la bonne cause par l’attractivité qu’elle a su créer pour sa région au niveau culturel et touristique .
Si les tomates espagnoles sont comme les fraises de même origine, on pourrait effectivement s’en passer.
Cependant , pour une fois je ne lui donne pas tort et ne voir en magasins que ces produits y compris les soit disant primeurs aux accents de Provence m’exaspère au plus haut point .Voyez les conditions de culture et les ravages sur l’environnement, Macron a même décidé de son olympe de leur livrer de l’eau par bateau, n’oublions pas que dans les cartons il existe aussi un projet d’aqueduc géante entre la France du sud , qui crève de soif, et les Ibères .On marche vraiment sur la tête ou tel qu’un canard auquel on aurait coupé la tête .
Madame Royal découvre … l’eau tiède. Quelle bonne nouvelle ! Cela s’appelle tout simplement la mondialisation, cela consiste à rapprocher des gens, des pays, des marchés qui n’ont rien en commun et qui ne jouent pas selon les mêmes règles. Cela revient à mettre sur un terrain de football des gens qui jouent à onze avec la balle au pied contre des équipes qui jouent à quinze et touchent la balle avec les pieds et les mains. Forcément une des équipes est avantagée, je vous laisse deviner laquelle. Et maintenant on fait quoi, madame Royal ?