Toujours pas assez d’immigration selon l’Institut Jacques Delors
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« On doit pouvoir compter sur l’appui de Frontex pour renforcer le contrôle aux frontières mais également sur le renfort de policiers, gendarmes et matériel » : Emmanuel Macron a, enfin, eu des mots fermes pour la protection de nos frontières européennes. Il s’agit pour le président de la République « d’éviter les drames que nous avons vécus » et de faire en sorte que « le droit d’asile ne soit pas dévoyé ». Un bon sens tardif dont on peut douter qu’il soit suivi d’effets. Macron devra en tous cas compter avec les idées de l’institut Jacques Delors.
Car il reste en France de doux rêveurs. Lundi 6 décembre 2021, l’Institut Jacques Delors, cercle de réflexion qui a pour vocation l’analyse des grands enjeux européens et la production de propositions destinées aux décideurs nationaux et européens, se réunissait, à l’occasion de son 25e anniversaire, à l’Odéon-Théâtre de Paris, en présence du même Emmanuel Macron. Fondé en 1996, il compte parmi ses membres des huiles européistes comme Pascal Lamy ou Enrico Letta.
A cette occasion, un rapport coordonné par Jérôme Vignon a été remis à Macron. Intitulé Migrations, asile, mobilité et intégration en Europe : indissociables valeurs communes, ce rapport déplore les défaillances et les blocages dans l’accueil des migrants et des réfugiés.
Hélas, la France n’a accueilli que 400.000 réfugiés en dix ans : c’est peu à côté de la Turquie et de ses 3,7 millions de Syriens ou du Pakistan et de son 1,4 million d’Afghans..., déplore l’Institut.
Alors que l’actualité fait état de vives tensions à Lesbos et d’une crise migratoire aigüe en Pologne, le rapport fait… l’éloge de l’immigration en resservant les poncifs habituels : « Que seraient la recherche, la culture, le sport de notre pays sans les échanges internationaux ? », lit-on en introduction. On évite de justesse l’hommage rebattu à l’Italien Yves Montand, au Polonais Kopa ou encore à l’Espagnol Picasso. Mais l’institut Jacques Delors ne résiste pas à une magnifique perle en rappelant ce que la France doit à ses 90 millions de touristes annuels. Quel rapport entre touristes et migrants ? Amalgame quand tu nous tiens…
Les auteurs poursuivent en déplorant une politique européenne pas assez ouverte : « dégradation du fonctionnement de l’acquis communautaire en matière d’asile » et « fragilité de la gouvernance de l’espace Schengen de libre circulation ». En clair, l’Europe n’ouvre pas assez ses frontières. Le rapport concède que la pandémie a été un facteur important du resserrement mais il déplore que la pandémie soit utilisée comme prétexte pour bloquer des frontières fermées en réalité par les Etats pour raisons de… sécurité. Tout de même, « le besoin de sécurité est légitime » admettent les auteurs, on avait des doutes...
Mais voilà, cette « sanctuarisation » de la sécurité au détriment du « bien commun de la libre circulation » leur parait condamnable. A l’heure où l’immigration irrégulière massive devient un enjeu majeur, l’Institut Jacques Delors a d’autres priorités.
Et c’est dans ce curieux inversement de l’ordre des priorités qu’il fait des recommandations à la future présidence du Conseil de l’UE. Avec un maître mot : « réinstaller », c’est-à-dire accueillir confortablement les réfugiés. Les propositions abondent sur ce sujet : accentuer la politique de « réinstallation » définie dans le Pacte migratoire ; encourager les Etats membres de l’Europe à « étayer leur engagement antérieur d’augmenter le nombre de places de réinstallation par des chiffres concrets » - on admirera au passage le jargon - ; « peser de tout son poids politique pour faire avancer les négociations sur le règlement-cadre européen pour la réinstallation » - idem -; « veiller à ce que l’inclusion de voies humanitaires dans le cadre de réinstallation proposé contribue à élargir l’éventail des voies d’admission » -ibidem. Tout cela sans se préoccuper de savoir si ces migrants, ne seraient pas plus à l’aise dans des pays plus proches de leur culture.
Alors que l’immigration incontrôlée montre aujourd’hui de façon éclatante ses limites et que les sondages témoignent d’une incontestable saturation des Français, l’institut Jacques Delors appelle en fait à davantage d’immigration. Comme quoi, les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
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