Tous les actes antireligieux sont condamnables, mais certains le sont plus que d’autres

Grande_Mosquée_de_Paris

Jeudi 10 février, Isabelle Florennes (MoDem) et Ludovic Mendes (LREM), chargés par le Premier ministre d'une « mission temporaire ayant pour objet la lutte contre les actes antireligieux », ont fait, devant la presse, un point d'étape avant la remise officielle de leur rapport, prévue pour début mars. Si l'on en croit ce qu'écrivent les journaux, ces députés, bien que leur mission concerne toutes les religions, accordent une attention particulière aux actes antireligieux lorsqu'ils touchent la communauté musulmane.

On apprend sans surprise, comme l'a déclaré Ludovic Mendes, qu'« il y a une montée de la haine depuis dix ans, qui s'aggrave, dans la qualité des agressions, dans les faits, et qui s'aggrave sur la haine en ligne ». Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur pour l'année 2021, 1.659 actes antireligieux ont été recensés, dont 857 actes antichrétiens, 589 actes antisémites et 213 actes antimusulmans. Par rapport à 2019, les actes antimusulmans sont en hausse de 38 %, les autres montrent une stagnation. Ouf ! Les catholiques n'ont pas à s'inquiéter. Cette présentation paraît néanmoins tendancieuse, laissant entendre que la religion musulmane serait de plus en plus menacée, alors que la grande majorité des attaques portent sur les religions judéo-chrétiennes.

Non pas que ces députés se voilent les yeux devant des actes antisémites ou antichrétiens, mais ils semblent être plus sensibles aux actes antimusulmans, comme si cela leur donnait bonne conscience. Leurs arrière-pensées ne sont pas absentes, puisque le député LREM a relevé, dans les discours politiques, « une parole qui n'a plus de limite », portée par « des petits personnages haineux », ce qui ne semble pas viser les imams qui, dans les mosquées, tiennent des discours pour le moins ambigus. Adaptant la formule d'Orwell dans La Ferme des animaux, on pourrait dire que, pour eux, toutes les violences antireligieuses sont condamnables, mais que certaines le sont plus que d'autres.

Le 4 février, la mission parlementaire avait fait étape à Lyon, où elle a rencontré les responsables des différents cultes, notamment ceux de l’islam. Le journal La Croix, qui décidément porte mal son nom, souligne « l’urgence de lutter contre les actes antimusulmans ». Le 8 février, de passage à Nantes, qui a connu l'incendie de sa cathédrale, les deux députés ont noté qu'« avec environ quinze mosquées, le culte musulman [...] n’est pas très représenté dans le département » mais ils ont pointé l'existence d'une « communauté catholique morcelée, avec des traditionalistes très actifs ». Ah, ces vilains traditionalistes qui défendent les traditions de l'Église !

Il est évident que les actes contre la religion catholique sont de beaucoup les plus nombreux, mais ils sont devenus si courants qu'on y prête une moindre attention. Présenter la religion musulmane comme la victime principale permet opportunément de mieux stigmatiser les Français qui, loin de cautionner des actes de violence, quels qu'ils soient, s'interrogent sur les dérives possibles de l'islam. Même sans être anticalotin, comme cette association qui veut déboulonner une statue de la Vierge sur l'île de Ré, la bien-pensance paraît moins sensible à la profanation d'une église qu'à des graffitis sur une mosquée. Comme s'il était plus grave de s'en prendre à une religion venue de l'étranger qu'à une religion enracinée dans notre Histoire.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

24 commentaires

  1. C’est tellement évident que ca n’appelle aucun commentaire. Les profanations ou destructions d’églises font à peine un entrefilet dans la presse locale alors qu’un graffiti sur une mosquée fait la une de la presse nationale.

  2. De salles de prières, on est passé aux mosquées de plus en plus grandes, à devenir aussi grandes que les cathédrales, voire même plus grandes. Elles poussent comme des champignons et envahissent le paysage. Les Français ne voient donc pas que quelque chose va se passer dans quelques années?

  3. « Le journal La Croix, qui décidément porte mal son nom, souligne « l’urgence de lutter contre les actes antimusulmans » » .Mais c’est pour faire oublier sans doute que ce journal était anti-dreyfusard à cette époque .

  4. La bien-pensance paraît moins sensible à la profanation d’une église qu’à des graffitis sur une mosquée.il y a qu’a voir les mediats et politique qui ce précipitent pour de suite rencontré les muzzs

  5. « Le journal La Croix, qui décidément porte mal son nom, » Ne vous inquiétez pas, il va en changer. Devinez quoi? il va s’intitules Le Croissant.

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