Toussaint Louverture, le faux symbole de liberté de Jean-Luc Mélenchon

Bienvenue pour ce nouveau chapitre de « Réécrivons l’Histoire avec Jean-Luc Mélenchon ». Dans un tweet du 26 avril, l’ancien député fait du chef révolutionnaire haïtien Toussaint Louverture un énième symbole du combat contre Napoléon mais aussi une victime éternelle de la France, au nom d’un manichéisme historique bien rodé dans le monde de l’ex-président du groupe LFI. Le « libérateur des esclaves d’Haïti, fondateur de l’indépendance » est-il vraiment le symbole de la lutte contre l’oppression et la servitude, comme semble le présenter l’opportuniste Jean-Luc Mélenchon ?
Au fort de Joux, une pensée pour Toussaint Louverture, libérateur des esclaves d'Haïti, fondateur de l’indépendance, vainqueur de Napoléon, enfermé au fort, mort de froid et d'abandon.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 26, 2023
Toussaint Louverture est né en 1740 près de Cap-Français [actuellement Cap-Haïtien, NDLR]. Ne subissant pas le même traitement inhumain que les autres esclaves, il fut élevé par un jésuite et reçut les bases d’une certaine d’éducation. Échappant aux travaux des champs, il servit comme domestique et comme cocher pour ses maîtres. En récompense de ses services, il fut affranchi et devint libre. Toussaint réussit alors, avec ses quelques économies, à devenir le maître d’un domaine d’une quinzaine d'hectares exploitant le café et la canne à sucre. Le futur héros de la lutte contre l’esclavagisme se mit alors à cultiver lui-même ses terres, nous diraient les disciples de Mélenchon. Comment ça, non ? Toussaint Louverture avait une quinzaine d’esclaves noirs à son service ? Mais alors, un Noir peut opprimer d’autres Noirs ? Doté d’un sens aigu des affaires, il profita de sa nouvelle situation pour devenir lettré et accroître toujours plus ses richesses. Mais les vents de la Révolution française finirent par franchir l’océan Atlantique et à déchainer les idéaux de liberté sur Haïti. Pour Toussaint Louverture commença alors un nouveau destin.
Risquant de perdre tout ce qu’il avait gagné, il choisit l’opportunisme et se rallia aux révolutionnaires afin de mieux les contrôler et de ne pas subir leur colère. Réussissant à repousser les invasions espagnoles sur l’île, Louverture gagna en popularité jusqu’à devenir général. Ce grade lui permit alors d’obtenir assez de pouvoir pour mener ses nombreux combats politiques afin d’écarter ses adversaires et d’acquérir un tel pouvoir personnel qu’il finit par se proclamer, en 1801, gouverneur à vie d’Haïti. Reprenant les codes de l’Ancien Régime, il instaura une cour à la morale rigoriste dont il fut le presque roi et fit du catholicisme la religion officielle de l’île. Il établit un nouveau service de servage, comme au Moyen Âge, entraînant des révoltes des affranchis, ces derniers y voyant un rétablissement de leur ancienne vie de misère. Ces révoltes furent réprimées dans le sang.
Bonaparte vit d’un mauvais œil l’ascension politique de cet homme, ainsi que sa divergence politique avec la métropole, pouvant mettre à mal ses propres projets. De ce fait, le Premier Consul envoya un contingent expéditionnaire dirigé par le général Leclerc afin de le renverser et amenant à sa capitulation. La Révolution domingoise fut ainsi interrompue mais l’indépendance d’Haïti finit par être obtenue en 1804 par l’un des anciens esclaves de Toussaint, Jean-Jacques Dessalines, qui se proclama empereur de l’île. Vaincu puis déporté, Toussaint Louverture fut enfermé au château de Joux, dans le département du Doubs, où il disparut en avril 1803 à la suite de mauvais traitements et d’une longue maladie.
Ainsi finit tristement cet homme dont les seules motivations ne furent que sa propre ambition et sa survie. Cette volonté de conserver sa place et son pouvoir le fit devenir tout ce l’on prétend qu’il combattait. Un bien beau mensonge utilisé par par Jean-Luc Mélenchon afin de détruire notre Histoire, manipuler les esprits et attiser les braises de la haine en France. Si nous ne devions répondre qu’une seule chose, cela serait, comme le dit Marc Menant, que « monsieur Mélenchon […] apprenne l’Histoire ».
Thématiques :
Toussaint LouverturePour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR

32 commentaires
Merci pour cet exposé.
Notez qu’à La Rochelle existe un musée dit du Nouveau Monde à la gloire de Toussaint,
je préférerais que ce musée s’appela « de la repentance ».
Toussaint Louverture était si je vous comprends bien , presque un roi catholique en révolte contre le bonapartisme issu révolution française?
Attention tout de même à ne pas trop tordre l’histoire dans tous les sens.
L’intellectuel s’arroge tous les droits, évidemment il est le commandeur des ânes. Dire, raconter, n’importe quoi, c’est son job. Ne dit-on pas que Le Borgne règne dans le monde des aveugles.CQFD.
Et ce monsieur aurait été professeur d’histoire ? Compte tenu de ce qu’il est devenu, on ne peut même pas remercier le destin de lui avoir fait choisir la voie politique, lui évitant ainsi de diffuser « SON » histoire à des générations d’élèves… Che Guevara, Toussaint L’ouverture… il va bientôt faire un discours à la gloire de Pol Pot ?
Disons qu’en bon Trotkiste, Mélanchon connait son histoire et son catéchisme.
Lors de la visite de Madame Christiane TAUBIRA à Angers, le vendredi 25 octobre 2013, je faisais partie de la délégation du barreau , au pied des marches du Palais ; je l’accueillais donc en ces termes : » Madame le Ministre , c’est d’autant plus un honneur pour moi de vous accueillir , que c’est mon trisaïeul qui a affranchi le vôtre. »
Précision : mon trisaïeul ne s’appelait , ni Victor SCHOELCHER , ni François-Dominique Toussaint de Bréda, dit TOUSSAINT-LOUVERTURE . Pourtant , c’est lui , et lui seul , qui a abrogé l’esclavage . Mais comme , en prime , il a aussi : a) fondé la République ; b) canonisé Jeanne d’Arc , invoquer sa mémoire est politiquement incorrect .
Et quel beau pays de rêve et de cocagne est devenu l’ile de l’affranchi précurseur, n’est-ce-pas ? Ah, ces jésuites ! ( et ils continuent..)
Que Mélenchon se rende en Haïti chanter les vertus de ce grand libérateur et médite sur les merveilleux résultats de cette indépendance !
Toussaint Louverture a choisi l’opportunisme. Melenchon est de la même veine.
Haiti, la première république « noire » et libre du monde…..
On voit ce que c’est devenu.
À comparer avec l’autre moitié de l’île, bien prospère actuellement, qui a subi pas mal d’occupations et de dictatures mais dont la population a une autre mentalité.
Une république assez semblable a sa sœur jumelle d’Afrique qu’est le Libéria, indépendante en 1822, autre réussite.
Les qualités de Toussaint-Louverture (TL) avant la montée de Bonaparte au pouvoir étaient réelles: sens politique féroce, administrateur, il avait rétabli l’ordre en Haïti, ce qui n’est pas peu faire. Mais l’affranchissement général avait ruiné le pays. TL dût alors remettre la population au travail, pour relancer le café et la canne: le pays n’avait plus aucun revenu et la misère s’installait qui ramenait l’instabilité. Et comme il n’y avait aucune alternative au système de la plantation TL dut remettre tous les affranchis au travail forcé, c’est à dire à l’esclavage sous un autre nom. Mais, en dépit de sa nomination par Bonaparte au titre de capitaine général de la colonie, TL se crut autorisé à envahir la partie espagnole de l’île, attirant la colère de l’Espagne contre Bonaparte, qui voyaient leur empire américain menacé. TL perdit son crédit, Napoléon fut déçu de sa mauvaise politique. En résumé, TL est le mauvais choix pour représenter la fin de l’esclavage: il fut calculateur, le rétablit sous un autre nom. Quant à Napoléon, on oublie de façon si commode, en plein révisionnisme ambiant – qu’il vienne de Mélenchon ou de Macron – qu’après avoir rétabli l’esclavage il l’abolit aux Ordonnances de mars 1815.
Mais il en est un autre qui utilise Toussaint pour servir son image mentant ainsi tout autant… le dit jupiter…
En effet: en glorifiant un ancien avec de telles paroles ronflantes, Macron aimerait bien que des miettes de gloire passée rejaillissent sur lui. Mais se glorifier de la fin de l’esclavage au 18e siècle est facile; lutter contre l’esclavage actuel est trop dur pour un petit politicien.
Tout le monde sait que l’esclavage n’existe plus, vu que tous ceux qui en profitent sont dans le déni le plus total…
Le roi de la commémoration ne peut admettre que l’esclavagisme est toujours de mise, y compris en France !
quand on voit que l’habitant de l’Elysées a été commémorer cet individu, on se remet aux souvenirs où ce président disait « qu’il n’y a pas d’histoire de France ». Ses communiquants seraient bien inspirés de connaitre l’historique avant de commémorer. Tous les ans on commémore la « fin de l’esclavage », il faut être sourd et aveugle pour croire que l’esclavage n’existe plus. Qu’est ce que font les passeurs et les ONG du type « sos Méditerranée » si ce n’est du trafic d’êtres humains, quand des personnes sont enfermées dans des ghettos et doivent jours et nuits participer à des arnaques sur le net, qu’est ce que la prostitution ?
Qui a dit que l’esclavage n’existait plus ?
Très juste.
Melenchon, ou comment manipuler l’histoire. Bientôt, ce brave Jean-luc, nous expliquera qu’il a travaillé. Tout le monde sait que c’est faux. Nous attendons qu’Haïti termine de payer sa dette à la France.
Il me semble avoir lu que la demande d’indemnisation instaurée sous Louis Philippe est désormais totalement acquittée. A confirmer ou infirmer.
Heureusement qu’il y a des historiens pour rétablir la vérité. Tout à fait d’accord avec M. Marc Menant sur Melanchon.