Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Astérix

la zizanie

Astérix vient de souffler sa soixante-cinquième bougie. Un anniversaire fêté en fanfare, avec l’entrée des deux héros au musée Grévin et leur célébration à l’Atelier des Lumières, à Paris. Il est vrai qu’Astérix et Obélix, les créatures de René Goscinny et Albert Uderzo, phénomène national à l’origine, est, tôt, devenu phénomène international, avec 400 millions d’exemplaires vendus dans le monde et traduit en 117 langues. D’ailleurs, même Emmanuel Macron, en nous traitant de « Gaulois réfractaires », ne faisait-il pas allusion à l’objet de ces lignes ?

Leur spécificité ? S’adresser à toutes les générations. Les plus petits rigolent des baffes généreusement distribuées aux Romains. Une fois plus âgés, ils rigolent tout autant des innombrables jeux de mots nichés au détour d’un phylactère : le célèbre « Chaque été, les Ibères sont plus rudes » ou le tout aussi fameux « Il ne faut jamais parler sèchement à un Numide ». Et puis, il y a la critique acérée de l’époque et qui n’a pas pris une ride, depuis : folie immobilière dans Le Domaine des dieux, capitalisme débridé dans Obélix et compagnie ou encore ésotérisme de bazar du Devin. Voilà qui fait rigoler encore ; même si jaune, parfois. Bref, jamais une bande dessinée n’avait autant été en prise avec l’actualité. L’occasion de revenir sur une carrière hors du commun.

Plus français qu’Astérix le Gaulois, on ne fait pas. Pourtant, ses deux pères l’étaient de fraîche date. René Goscinny est issu d’une famille judéo-polonaise. Son père était rabbin et, même si né à Paris, il a passé une grande partie de sa jeunesse en Argentine. Albert Uderzo nous vient d’une famille italienne de Toscane. À l’époque, l’assimilation des immigrés n’était pas un vain mot.

1962, La Serpe d’or. Pour la première fois, Goscinny et Uderzo commencent à caricaturer les vedettes du moment, en forme de clin d’œil. Ici, c’est l’acteur Charles Laughton, qui vient de tourner dans le Spartacus de Stanley Kubrick, croqué en dignitaire romain sous le nom de Gracchus Pleindastus. Quelques pages plus loin, Raimu, en patron de bistrot, paraît tout droit issu de la trilogie de Pagnol.

1965, c’est le lancement du premier satellite français. Le pouvoir gaulliste le baptise… Astérix ! On dit que le Général rajoutait un « ix » à la fin du nom de certains de ses ministres, preuve qu'il avait au moins entendu parler de la BD. La même année, dans Le Tour de Gaule d’Astérix, Raimu réapparaît, flanqué de ses trois amis joueurs de belote.

1966, Astérix chez les Bretons. On aperçoit furtivement les Beatles en plein concert, assaillis par leurs admiratrices.

1967, Astérix légionnaire. Première apparition de Pierre Tchernia, le grand ami d’Uderzo et Goscinny, en centurion. « J’ai été un de ceux qui a été le plus caricaturé. Mais le dessin qui me plaît le plus, c’est dans Obélix et compagnie. Je suis en légionnaire ivre, avec une amphore, porté par Goscinny et Uderzo. Pour moi, c’est une sorte de titre de gloire. »

1969, Astérix et le chaudron. Alors que ce n’est pas encore la mode, les auteurs dézinguent le théâtre conceptuel qui, déjà, ne choque plus guère le bourgeois. Les spécialistes reconnaîtront l’Américain Julien Beck, directeur du Living Theater, alors très en vogue dans les milieux hippies et huppés.

1970, La Zizanie. On remarque Lino Ventura dans le rôle du centurion Omnibus, peinant à comprendre les subtilités de la guerre psychologique. Réplique d’anthologie : « L’avant-garde est allée prêter main-forte à l’arrière-garde. Moi, je suis resté ici devant, en arrière », affirme un légionnaire ahuri au centurion Omnibus. Lequel répond : « Va me chercher tous ces imbéciles, imbécile ! » Imparable.

1971, Le Domaine des dieux. Guy Lux fait une apparition remarquée en animateur de jeux d’arènes.

1976, Obélix et compagnie. En meilleur économiste romain, Jacques Chirac prête ses traits à Caius Saugrenus. Lequel ne s’exprime que par courbes et graphiques rigoureusement incompréhensibles pour le vulgum pecus. Peu de temps après la sortie de l’album, Albert Uderzo croise Jacques Chirac, lequel lui lâche, rigolard : « Vous avez gagné de l’argent sur mon dos, vous pourriez au moins me payer un verre ! »

1979, Astérix chez les Belges. Pour cette dernière aventure écrite par le regretté René Goscinny, c’est le voyage dans le berceau de la bande dessinée européenne. D’où l’occasion de croiser les Dupond et Dupont et un chef local arborant la houppette de Tintin. Mais aussi Annie Cordy et Eddy Merckx, en messager plus que véloce. Quant à Pierre Tchernia, rétrogradé de centurion en légionnaire, il y gagne son ultime coquard.

1999, pour fêter les quarante ans d’Astérix, on demande aux politiques si ce dernier est de gauche ou de droite. Réponse de François Hollande : « Astérix est de gauche parce qu’il partage la potion magique. Obélix est de droite, car il est tombé dedans quand il était tout petit. »

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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