Tout dématérialiser pour mieux fliquer ?

poste

L’année 2023 aura été marquée par de nombreuses suppressions. Celle du timbre rouge, le 1er janvier, du ticket de caisse, le 1er août, et du ticket de métro parisien, le 21 septembre. La justification de ces abandons est, bien évidemment, écologique. Sur son site, La Poste explique vouloir « réduire son impact environnemental ». Même légitimation pour le ticket de caisse. Avec sa suppression, l'État entend « mettre fin au gaspillage des ressources naturelles ». Enfin, pour Île-de-France Mobilités, la disparition du ticket de métro est « une bonne nouvelle - pour les voyageurs et pour la planète ! » Il n’y a donc que des raisons de se réjouir !

C’est, en tout cas, ce que l’on voudrait nous faire croire. Malheureusement, tout n’est pas aussi rose qu’annoncé. Désormais, pour envoyer une lettre prioritaire, il faut se connecter à laposte.fr, écrire son courrier en ligne ou télécharger sa lettre en PDF. Le document est ensuite imprimé dans une agence postale proche de l’adresse du destinataire, mis sous pli et distribué. Un processus bien plus compliqué qu’auparavant mais aussi bien moins confidentiel car La Poste a maintenant la possibilité de connaître le nom de l’expéditeur, celui du destinataire et même de lire le contenu de l’envoi. Une perte de confidentialité qui s’étend à tous les secteurs via la généralisation de l’identification. Dans la plupart des démarches, la création d’un espace client ou une connexion par mot de passe, carte de fidélité ou numéro de Sécurité sociale est demandée. Pour obtenir un ticket de caisse, il faut fournir une adresse mail ; pour voyager, il est nécessaire d’avoir une application smartphone sur laquelle le titre de transport est enregistré ; pour communiquer avec l’école des ses enfants, un compte École directe, Klassy ou TouteMonAnnée est indispensable… Quasiment plus rien ne peut se faire « incognito ».

Mais cela ne date pas d’hier. En 2015, Linky est arrivé dans les foyers. Deux ans plus tard, il a été rejoint par son cousin Gazpar et, désormais, il faut aussi compter avec le compteur d’eau connecté - qui n’a pas eu droit à un petit nom. Des appareils qui « facilite[nt] la vie » des clients en relevant à distance et sans rendez-vous leur consommation et leur permettent de suivre leurs dépenses en temps réel. Ce qu’Enedis, GRDF et les compagnies distributrices d’eau ayant installé ces compteurs ne disent pas, c’est que ces dispositifs permettent aussi aux fournisseurs de suivre l’activité de leurs clients en direct. Ils peuvent savoir, à l’instant t, si une maison est occupée et ce que font ses habitants. En soi, ils seraient en capacité de confirmer, ou non, que monsieur X et madame Y vivent bien six mois par an en France, comme ils le déclarent…

Vous l’aurez compris, avec toutes ces évolutions, les moindres faits et gestes des Français sont consignés. Cela va de l’achat d’un saucisson au supermarché au lancement d’une machine à laver, en passant par l’état de santé, via la carte Vitale, mais aussi par l’enregistrement d’une recherche immobilière auprès d’une agence, la prise d’un rendez-vous chez un garagiste ou encore un paiement par carte bancaire. À quelques rares exceptions, tout passe, aujourd’hui, par Internet et les informations collectées sont enregistrées dans des data centers qui, soit dit en passant, consomment beaucoup d’énergie et ont une empreinte carbone non négligeable.

Bien sûr, il n’est pas possible de faire n’importe quoi, avec ces données. Le site du gouvernement est formel : « La collecte et le traitement de données personnelles [...] par les entreprises sont soumis à des obligations destinées à protéger la vie privée et les libertés individuelles. » Pour autant, les pirates existent et arrivent parfois à s’emparer de ces fameuses données personnelles. Dernier exemple en date, ce vendredi 6 octobre, le service en ligne d’Île-de-France Mobilités a été hacké et 4.000 adresses mail et mots de passe ont été récupérés de manière illégale.

À quoi vont servir ces informations, nul ne le sait, mais cela n’a rien de rassurant. Pas plus que de se dire que, demain, si la France devenait un État totalitaire, nos dirigeants pourraient tout savoir de nous, nous surveiller et nous soumettre très facilement. Ne soyons pas soupçonneux, la France ne tombera pas dans ces travers et jamais, au grand jamais, un citoyen français ne sera privé de ses libertés s’il ne file pas droit... Quand il fallait montrer un QR code pour entrer dans un cinéma ou un restaurant, cela n’avait évidemment rien à voir.

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Je pense à tous ceux qui sont passés à côté de l’informatique et de la bureautique, parce qu’ils étaient déja sortis de l’enseignement quand le PC ou le smartphone se sont répandus dans la société. Ce n’est plus de fracture numérique qu’il faut parler, mais d’un précipice. Pour remplir chaque année 2 ou 3 déclarations d’impots, des remboursements de mutuelles et des demandes de documents d’identité ou de titres de transport qui ne sont pas les miens, je peux témoigner de la détresse d’une partie de la population. Mais vivant en Asie, je reconnais aussi que les sites de l’administration française sont plutôt efficaces et bien conçus, et me sont plus rapidement accessibles que le bureau de poste local ou bien des fonctionnaires français derrière leur guichet.

  2. Sans compter que le temps passé sur internet est energivore et chronophage, hier 2h pour arriver à produire des billets de train pour ce weekend ! Notre gare a été supprimée

    Résister, c’est aussi payer en espèces tout ce qui est encore possible…

  3. « La Poste explique vouloir « réduire son impact environnemental » ! Elle en est tellement soucieuse qu’elle inonde nos boites aux lettres de publicités commerciales, enveloppées dans des feuilles de papier à lettres blanches svp, moyennant finances de la part des annonceurs pour cette généreuse distributions qui « contribue », à n’en pas douter, à la préservation de la planète. Hypocrisie quand tu nous tiens.

  4. Nous sommes entrés en dictature…pourquoi les gens ne veulent ils pas l’admettre ….il faut essayer de résister tant que nous le pouvons encore ….serait ce la lutte finale …

  5. Bienvenue dans l’ère nouvelle, celle de l’homo connectus ! Pour ma part, à 85 ans, je me refuse à collaborer à tout çà, j’ai un vrai téléphone portable, non connecté à Internet, et je sais que je vais rencontrer de plus en plus de difficultés dans ma vie sociale. C’est déjà commencé, mais je m’entête, mais nous ne sommes pas nombreux à résister. Evidemment, je n’en ai plus pour trop longtemps à subir ces inconvénients, cette exclusion de fait…

    • Moi, c’est pire.
      J’ai un tél portable que je n’utilise que comme appareil photo et qui reste sagement dans son placard tout le reste du temps, à savoir 360 jours sur 365 au moins!
      Si un commerçant me refuse, je trouverai bien un confrère qui lui acceptera.

  6. Avez vous remarqué que les ordonnances des médecins sont en double exemplaire. je les met régulièrement à la poubelle.

  7. Flicage constant .bien sûr.Le ticket était mieux que la carte Easy bruyante et difficile à lire.
    Tout cela est odieux .
    Que font les vieux qui ne sont pas connectés,,,?

  8. C’est clair et ce n’est que le début du commencement nous entrons dans une nouvelle dictature qui n’a rien avoir avec ce que l’on pensait d’une dictature gouvernemental mais celle ci c’est le traçage de nos activités soit disant pour un blanchiment d’argent. En définitif ceux qui blanchissent de l’argent sont bien plus malin que de passer par des moyens ordinaire quant à l’idée de gaspillage, le vrais on ferait bien de regarder vers ceux qui nous gouvernent.

  9. On ne veut plus fournir de ticket de caisse pour économiser le papier. Alors, pourquoi impose-t-on aux boulangers de mettre les baguettes dans des pochettes papier dont on ne peut rien faire d’autre que de les mettre aux déchets recyclables ? Là, il y a un gros gaspillage. Sans doute les publicités qui apparaissent sur ces pochettes ont un effet commercial. On peut prendre sa baguette sous le bras. A la rigueur, un petit papier comme autrefois qui protège de la farine. Mieux, un sac à pain, comme un sac de courses.

  10. Evidemment ! flicage partout ! mon mari a résolu le problème en partie : il ne possède pas de téléphone portable. Quant à moi, je continue à envoyer mes lettres et paquets avec des timbres chez ma buraliste..

  11. Faire confiance à l’état est simplement une inconscience suicidaire , les preuves chaque jour , l’installation d’un régime totalitaire est quasi achevée , démarrée depuis 45 ans ,même 60 depuis la volonté de quelques utopistes de créer cette Europe , l’Europe est bien là pour cela ,nombre de ses dirigeants sont des graines de dictateurs déjà bien trop germées , il est grand temps d’enlever les germes , comme sur les pommes de terre qui ne valent plus rien et sont insipides si cette opération n’est pas réalisée . Enfin l’ensauvagement évoqué par le roitelet se développe très vite ,plus personne ne parle à personnes , ou la dictature du tout numérique n’en déplaise aux con taminés ,comme dans tout il y a de bons et mauvais côtés ,le principal étant de ne pas devenir esclave de ce tout numérique mortifère ..

  12. Merci d’avoir rédigé cet article car bon nombre de concitoyens ne voint pas le danger des outils numériques qu’on leurs propose et dont on pousse à l’usage. cela va de vos carte d’identité à puce e à votre carte bancaire en passant par le GPS de votre mobile. En effet, un couple prétendant faussement ne pas habiter en France s’est fait piéger par le fisc qui a contrôlé la carte de fidélité SNCF ( mais voyage payé en espèces) et les notes de restaurants ( payé en carte bancaire). Bref, si on veut s’attaquer à un citoyen, en croisant les données numériques, on sait tout ce qu’il a fait minute par minute. Le pire étant de rassembler toutes vos informations numérisées en un même point. Et le pire du pire est de restreindre vos possibilités et vos libertés en limitant l’usage de la carte bancaire au nom du climat de l’empreinte carbone ou de votre état de santé, et surtout de vos opinions éloignées de la bien-bien-pensance. Le pass sanitaire était déjà un outil précurseur et effrayant. Combien ont accepté et maintenant combien ont oublié !

  13. On pourrait parler aussi de la surveillance des comptes bancaires via la numérisation de la finance et l’abandon de la monnaie fiduciaire. J’ai vendu ma voiture dernièrement. Réglée avec un chèque de banque. Quelle n’a pas été ma surprise lorsque la préposée de l’agence m’a demandé (Tracfin oblige) de justifier l’objet de la transaction en faisant même une photocopie du certificat de vente ! Comme si on allait se faire régler une livraison de drogue avec un chèque de banque !
    Pour lutter contre le blanchiment qu’ils disent…De qui se moque t-on ? Est-ce que ma banque a besoin de savoir que j’ai vendu ma voiture, un tableau de maître ou les bijoux de ma grand mère ? Avec un règlement traçable qui plus est ?

  14. La poste qui nous parle d’écologie, moi ça me fait doucement rire, car quand vous déposez une lettre dans le département du calvados ( par exemple, vous la déposez à Caen à destination de Lisieux ) il faut savoir que votre lettre partira de la ppdc de Caen pour le centre de tri de Rennes, et qu’elle reviendra à la dite ppdc, pour ensuite être acheminée à Lisieux ). Résultat, avant votre lettre parcourrait 60 kms environ ( car elle passait uniquement par le centre de tri de Caen, maintenant, elle en parcourt environ 430. Je vous parle du Calvados, car j’y habite, mais ce n’est pas mieux dans d’autres départements.

  15. Essayez d’envoyer un paquet par la poste sans mettre l’adresse email et le numéro de téléphone du destinataire: c’est obligatoire. Pourquoi?

    • Le n° de téléphone du destinataire du colis peut aidé le facteur à contacté le destinataire pour savoir s’il sera présent chez lui au moment de la livraison.

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